Compte rendu 2011/070

Compte rendu du processus d'avis scientifique régional pour les stocks des eaux extérieures de morue-lingue (Ophiodon elongatus) et la population de sébastes aux yeux jaunes des eaux intérieures (Sebastes ruberrimus) en Colombie-Britannique au Canada

Président : A.R. Kronlund

Sommaire

Une réunion du processus de consultation régionale a été tenue les 7 et 8 avril 2011 à Nanaimo en Colombie-Britannique (C.-B.), pour entreprendre un examen scientifique par les pairs de l'état des quatre stocks de morue-lingue des eaux extérieures (Ophiodon elongatus) et de la population de sébastes aux yeux jaunes des eaux intérieures (Sebastes ruberrimus). L'examen scientifique a été effectué en réponse aux demandes de consultation formulées par Gestion des pêches et de l'aquaculture du MPO concernant l'état du stock actuel et les points de référence qu'il convient d'établir pour les pêches. En outre, on a demandé une évaluation des répercussions des divers niveaux de capture sur les futures tendances démographiques pour ces espèces.

La morue-lingue en Colombie-Britannique est évaluée et gérée en fonction de cinq unités distinctes fondées sur des zones statistiques du MPO; un stock en eaux intérieures dans le détroit de Géorgie et quatre stocks en eaux extérieures. Les quatre stocks en eaux extérieures se répartissent comme suit : le sud-ouest de l'île de Vancouver (zone 3C), le nord-ouest de l'île de Vancouver (zone 3D), détroit de la Reine-Charlotte (zones 5A et 5B), le détroit d'Hecate et la partie ouest de l'archipel Haida Gwaii (zones 5C, 5D et 5E). Les données visées comprenaient les prises annuelles de tous les secteurs commerciaux et de toutes les pêches récréatives à compter de 1927. Au moins trois indices d'abondance étaient disponibles pour chaque zone. Ces indices ont été tirés des données déterminant les captures par unité d'effort (CPUE) issues de la pêche commerciale au chalut, du relevé au chalut triennal du National Marine Fisheries Service (NMFS) des États-Unis, des relevés au chalut des stocks de crevettes, du relevé des assemblages de multiples espèces de poissons dans le détroit d'Hecate et des relevés synoptiques au chalut de multiples espèces.

Un modèle bayésien de production excédentaire (modèle BPE) a été utilisé pour évaluer l'état du stock de morue-lingue dans chacune des quatre zones où l'on trouve ces stocks. En raison de tendances contradictoires entre les indices fondés sur les pêches et ceux fondés sur les relevés, un paramètre visant à favoriser l'efficacité technologique a été appliqué pour ajuster les taux de capture au chalut commercial en fonction des fluctuations associées au temps de l'année du point de vue de l'efficacité.  Des estimations de paramètre propres à un stock particulier liées au taux d'augmentation intrinsèque, r, et à la capacité de charge, K, ont été utilisés pour calculer des paramètres de gestion comme le rendement maximal soutenable (RMS), le taux de mortalité optimal dû à la pêche selon le RMS(B_RMS), et la taille optimale de chaque stock selon le RMS (B_RMS). Les répartitions de probabilité relatives à un stock en particulier ont été fournies en fonction des  paramètres estimés. Le point de référence limite et le point de référence supérieur du stock ont été fixés respectivement à 0,4B_RMS et à 0,8B_RMS, avec un point de référence cible de B_RMS. Même avec l'utilisation de valeurs a priori, l'évaluation du stock et le résultat des projections étaient imprécis. Cependant, en vertu de la configuration du modèle de référence, il semble peu probable que la biomasse exploitable en 2009 pour les stocks à l'étude était sérieusement diminuée sous le point de référence limite de 0,4B_RMS. L'application de diverses options stratégiques de prélèvement visant l'éventail actuel de prises a résulté en une probabilité supérieure à 50 % de maintien des stocks selon un taux égal ou supérieur à B_RMS pendant une période pouvant s'étendre sur les 20 prochaines années. L'état des stocks et les résultats des projections semblaient peu influencés par les valeurs à priori pour le taux d'augmentation r. Cependant, l'état des stocks et les résultats des projections pour les zones 3C, 5AB et 5CDE étaient influencés par le choix de valeurs bayésiennes à priori  pour le paramètre « technique » déterminant l'ajustement pour les fluctuations en fonction du temps de l'année par rapport au taux de prélèvement.

Le stock de sébastes aux yeux jaunes en Colombie-Britannique est évalué et géré selon des unités distinctes «eaux intérieures » et « eaux extérieures. » Le présent examen représentait une évaluation de la population en eaux intérieures de sébastes aux yeux jaunes, qui est surtout localisée dans les eaux protégées à l'est de l'île de Vancouver dans la zone 4B. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné comme une « espèce préoccupante » les populations de sébastes aux yeux jaunes et ce tant pour les stocks en eaux intérieures que pour ceux en eaux extérieures. Les modèles de dynamique de population ont été établis au moyen d'un modèle bayésien de production excédentaire. Le modèle a été adapté à une (i) reconstitution des prélèvements historiques, (ii) quatre séries uniformisées de captures commerciales par unité d'effort (CPUE) visant quatre périodes différentes dans l'histoire de cette pêche; et (iii) huit indices indépendants de relevés à la palangre d'étendues diverses dans la zone d'évaluation. Une série d'essais de sensitivité ont été menés afin d'évaluer les effets du facteur d'incertitude sur certains paramètres clés du modèle, l'ampleur du prélèvement commercial et l'influence de divers indices.

L'avis aux gestionnaires des pêches était fondé sur les reconstitutions modélisées BPE de l'état des stocks en 2009 et sur les projections connexes de la trajectoire des stocks selon un éventail de politiques de prélèvements annuels constants calculés à diverses intervalles sur un horizon de 80 ans. En 2009, la biomasse exploitable du stock de la population en eaux intérieure des sébastes aux yeux jaunes a été estimée au moyen du modèle de référence à 780 t (en tenant compte d'un écart-type, = 390 t), soit 12 % de la biomasse initiale en 1918. On a estimé que la probabilité que la biomasse exploitable dépasse le point de référence limite se situait à P(B2009 > 0,4B_RMS) = 0,05. Tous les résultats aux essais de sensitivité étaient similaires et indiquaient une forte probabilité que la biomasse exploitable de sébastes aux yeux jaunes soit inférieure au point de référence limite de 0,4B_RMS en 2009. En ce qui concerne les niveaux de prélèvements annuels fixés qui ont été utilisés pour les projections, la probabilité de redressement des stocks au-dessus du point de référence limite se situait dans une fourchette allant de 0,12 à 0,14 sur un horizon de 5 ans et la probabilité augmentait pour se situer dans une fourchette allant de 0,4 à 0,7 sur un horizon de 40 ans.

Afin de permettre des analyses de facteurs non liés aux pêches pouvant affecter l'état des stocks, le modèle BPE a été élargi de manière à intégrer des changements au niveau de prédation des sébastes aux yeux jaunes par les pinnipèdes. Le volet prédation du modèle (PBSP) comprenait la mortalité due aux phoques communs (Phoca vitulina), aux otaries de Steller (Eumetopias jubatus) et aux otaries de Californie (Zalophus californianus), et mettait en oeuvre l'interaction selon un rapport de réponse fonctionnelle de type I où  le volume total de poissons consommés par les prédateurs augmente de façon linéaire en fonction de la densité de sébastes jusqu'à un point maximum. Ce modèle élargi représente la première application des interactions prédateur-proie visant des mammifères marins pour l'évaluation des populations de sébastes aux yeux jaunes.  Le peaufinement de ce modèle dépend de l'obtention de meilleures estimations du pourcentage que représente les sébastes aux yeux jaunes dans la diète des pinnipèdes et de l'examen d'autres formes de réponse fonctionnelle prédateur-proie.  L'évaluation de l'état futur des stocks dépend également de l'élaboration de scénarios plausibles quant à l'abondance des espèces prédatrices.  La détermination des points de référence sur les pêches fondés sur une valeur B_RMSpour le modèle PBSP demeure problématique étant donné que de nombreuses conditions d'équilibre dépendent de l'ampleur de la prédation par les pinnipèdes.

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