Document de recherche 2006/041
Évaluation de la situation et du potentiel de rétablissement du bar rayé (Morone saxatilis) dans le sud du golfe du Saint-Laurent
Par Douglas, S.G., G. Chaput et D. Caissie
Résumé
La recommandation du COSEPAC d’inscrire le bar rayé du sud du Golfe sur la liste des espèces « menacées » exigeait l’application du cadre d’autorisation du MPO en vertu de l’article 73 afin de déterminer si la survie ou le rétablissement de l’espèce risque d’être compromis par une activité qui la toucherait de manière incidente. Trois indicateurs principaux ont été examinés afin d’établir la situation du bar rayé dans le sud du Golfe. Premièrement, des expériences de marquage et de recapture menées sur les bars rayés remontant la rivière Miramichi Nord-Ouest pour frayer ont donné une moyenne de 22 000 poissons matures, chaque année, depuis 2001. Ce total représente une modeste hausse par rapport au creux d’environ 4 000 par année pendant la période de 1998 à 2000, mais il n’est pas aussi élevé que le sommet de 50 000 géniteurs observé au milieu des années 1990. Deuxièmement, des analyses des prises accidentelles de bars rayés au cours de la pêche du gaspareau dans la rivière Miramichi Nord-Ouest ont indiqué une moyenne de 84 bars par filet par jour au cours des cinq dernières années; ces résultats ont été reliés à l’estimation de l’effectif de la population à partir des expériences de marquage et de recapture. Enfin, on a établi une faible corrélation entre le succès de la ponte, mesuré à l’aide des prises des jeunes de l’année au cours de la pêche de l’éperlan d’automne en eau libre (1991-1998) et des relevés à la senne de rivage (2001-2005), et l’estimation de l’abondance des géniteurs; ces résultats semblent montrer que le succès des classes d’âge peut être déterminé par des facteurs environnementaux. Les indicateurs secondaires de la situation, tels que la répartition tronquée et inchangée selon l’âge et la taille des bars en frai depuis le début des années 1990, appuient l’estimation élevée du taux de mortalité naturelle de 0,54 à 0,59 établie pour cette population après la fermeture de la pêche en 1996. Les études de marquage continuent de définir l’ensemble du sud du Golfe comme la zone occupée par cette population de bar rayé.
Un modèle discret du cycle biologique a été utilisé afin de proposer des niveaux de référence pour le rétablissement de la population du sud du Golfe. Les objectifs de rétablissement correspondent aux points de référence de l’approche de précaution pour les zones essentielles, prudentes et saines. Nous proposons une valeur Sopt de 21 600 géniteurs comme limite de rétablissement pour le bar rayé du sud du Golfe et une valeur de 31 200 géniteurs représentant 50 % des géniteurs par recrue comme cible de rétablissement, celle ci étant la valeur utilisée pour la gestion de toute pèche dirigée. La valeur de Seq (géniteurs de remplacement en l’absence d’exploitation) a été estimée à 63 000 poissons. Nous examinons la nécessité d’appliquer des règles de conformité et proposons une fenêtre mobile de 6 ans comme appropriée, l’objectif étant de dépasser la limite de rétablissement en 5 ou 6 ans. Dans les conditions actuelles, y compris les prises accidentelles de jeunes de l’année et le prélèvement illégal continu de bars adultes, il subsiste une faible probabilité (18 %) que le bar rayé du sud du Golfe dépasse la limite de rétablissement d’ici 2015. Si le taux de mortalité totale des adultes est réduit à Z = 0,6 par rapport à la situation actuelle de Z = 0,8 et que les prises accidentelles de jeunes de l’année sont éliminées, la probabilité que la population dépasse la limite de rétablissement d’ici 2015 serait de plus de 95 %.
La rivière Miramichi Nord-Ouest demeure la seule frayère confirmée du bar rayé dans le sud du Golfe. Puisque le bar rayé occupe tout le sud du Golfe, mais continue néanmoins d’afficher une grande fidélité à la Miramichi Nord-Ouest, la colonisation ou l’établissement de nouvelles frayères n’est peut-être pas un objectif de rétablissement réaliste.
Il n’a pas été possible de faire une estimation quantitative de la mortalité pour chacune des principales menaces au rétablissement de cette population. Les prises illégales constitueraient la plus grande limitation au rétablissement de cette population. La mortalité totale cumulative ne semble pas menacer la survie de la population, mais, dans les conditions actuelles, le rétablissement au-delà de la limite proposée est peu probable.
Les mesures d’atténuation sont décrites. Les efforts de rétablissement du bar rayé du sud du Golfe devraient porter principalement sur la réduction de la mortalité des adultes et des prises accidentelles de jeunes de l’année et sur la protection de l’habitat du bar rayé et des frayères dans le réseau de la Miramichi.
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