Document de recherche 2008/018

Viabilité de la population de morue du sud du golfe du Saint-Laurent

Par D.P. Swain et G.A. Chouinard

Résumé

La population de morue du sud du golfe du Saint-Laurent est à un faible niveau de productivité. Le facteur le plus important de la faible productivité du stock est le taux de mortalité naturelle anormalement élevé des morues adultes. Par ailleurs, la lenteur de la croissance individuelle contribue également à la situation. Par contre, le taux de recrutement (recrues par unité de biomasse génitrice), bien qu’il soit plus faible que les taux exceptionnellement hauts observés entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, est actuellement élevé par rapport à ceux des années 1950 et 1960. Des projections stochastiques de la population de morue du sud du Golfe ont été réalisées en tenant compte de la récente variation des taux de recrutement et de croissance et de l'incertitude dont sont teintées à la fois le taux de mortalité naturelle des morues adultes (M) et les niveaux actuels d’abondance de la morue selon l'âge. Des projections ont ainsi été faites à partir des quatre modèles de population examinés au cours de l'évaluation de 2008 de ce stock. Toutes les projections ont mené à la conclusion que la population n’est pas viable au niveau actuel de productivité. Si l'on suppose que ce faible niveau persiste dans l'avenir, la population connaîtra une baisse constante, même sans exploitation. Selon le modèle d’évaluation accepté (qui estime M à 0,59 ces dernières années), la population est vouée à la disparition (définie ici comme une biomasse génitrice de moins de 1 000 t) d’ici 40 ans sans pêche et d’ici 20 ans avec un total autorisé de captures (TAC) de 2 000 t (en supposant des captures équivalentes au TAC ou produites par un taux de mortalité par pêche de 3, soit le plus faible des deux). Il faudrait une augmentation substantielle de la productivité pour que la population soit viable. Si l'on suppose une baisse immédiate de M de 0,59 à 0,4, la biomasse génitrice devrait demeurer stable en l'absence d’exploitation. Toutefois, même à ce taux élevé de productivité, une pêche avec un TAC de 2 000 se soldera par la disparition de la population d’ici à peu près 50 ans.

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