Document de recherche 2011/037
La mauvaise condition des poissons peut-elle expliquer la mortalité naturelle élevée chez la morue et chez d'autres poissons marins dans le sud du golfe du Saint-Laurent?
Par D.P. Swain, H.P. Benoît, L. Savoie et T. Surette
Résumé
La mortalité naturelle (M) chez les morues plus âgées (5 ans ou plus) dans le sud du golfe du Sain Laurent était élevée dans les années 1990 et 2000. Pour la population de morues du nord du golfe, on supposait que la mortalité naturelle élevée résultait de l'augmentation de la famine due à la mauvaise condition des poissons, celle-ci étant causée par les conditions environnementales difficiles (froid). Nous avons voulu savoir si la mauvaise condition des poissons pouvait expliquer la mortalité naturelle élevée chez les morues et chez d'autres poissons de mer dans le sud du golfe du Saint-Laurent. La température de l'eau de la couche intermédiaire froide (CIF) dans le golfe du Saint-Laurent était inférieure à la normale au début et au milieu des années 1990, mais a de nouveau augmenté et dépassé la moyenne dans les années 2000. La M des morues de 5 ans et plus dans le sud du golfe n'a pas diminué avec le réchauffement de la CIF. Contrairement à la température de la CIF, la température ambiante de la morue (c.-à-d. la température de l'eau de fond des zones occupées par les morues) au mois de septembre pendant la période d'alimentation était proche de la moyenne dans les années 1990 et 2000. La température ambiante des morues du sud du golfe du Saint-Laurent était plus basse au début et au milieu des années 1980, période où l'on estimait que la M chez les morues de 5 ans ou + était considérablement plus basse que dans les années 1990 et 2000. La morue du sud du golfe du Saint-Laurent présente une condition marquée par un cycle saisonnier qui est au niveau le plus bas au printemps. La morue du sud du golfe du Saint- Laurent est en meilleur état au printemps que la morue du nord du golfe. Il a été suggéré que les morues connaissent un risque élevé de mortalité lorsque leur coefficient de condition K est inférieur à 0,7. Au début des années 1990, le nombre de morues présentant un K inférieur à 0,7 était inférieur dans les stocks du sud du golfe du Saint-Laurent que dans ceux du nord du golfe. Depuis ce temps, cette proportion a atteint des niveaux encore plus bas. La mortalité chez les poissons en mauvaise condition pendant l'hiver pourrait entraîner une troncation de la répartition du K à faibles valeurs. Rien n'indique une telle troncation de la répartition de la condition de la morue au printemps. La condition des morues du sud du golfe du Saint-Laurent au printemps s'est considérablement améliorée des années 1990 aux années 2000, mais cette tendance n'était pas accompagnée d'une baisse de la M. Au cours de la période plus longue allant de 1971 à 2009, les changements les plus importants de la condition des morues ont eu lieu à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La condition des morues au mois de septembre était à son niveau le plus bas enregistré au cours de cette période de 40 ans au début et au milieu des années 1980. La M estimée des morues de 5 ans ou plus dans cette période de mauvaise condition était considérablement plus basse que dans les années 1990 et 2000. Au niveau de la communauté, aucun lien n'est établi entre les variations de la condition des morues et les tendances en matière d'abondance ou de mortalité. Certaines espèces à la mortalité naturelle élevée présentent une faible variation saisonnière de leur condition (p. ex., raie tachetée); d'autres, connaissant de forts cycles saisonniers de leur condition, ne semblent pas présenter de mortalité naturelle élevée (p. ex., flétan du Groenland, hareng). Des tendances interannuelles similaires de la condition se retrouvent chez les espèces dont l'abondance a diminué et la mortalité a augmenté, et celles dont l'abondance est demeurée stable. Pour les espèces dont les tendances de la M sont estimées, des périodes de mauvaise condition ne coïncident en général pas avec des périodes de M élevée. La famine accrue due à une mauvaise condition ne semble pas être un facteur important du niveau actuel élevé de la M chez les morues de 5 ans ou plus et chez d'autres poissons de fond du sud du golfe du Saint-Laurent.
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