Document de recherche 2012/033
Situation de la raie lisse (Malacoraja senta) dans le sud du golfe du Saint-Laurent : caractéristiques du cycle de vie, les tendances dans l’abondance et la distribution depuis 1971 à 2010, et les menaces potentielles
Par D.P. Swain, H.P. Benoît et É. Aubry
Résumé
Une évaluation par COSEPAC (comité sur la situation des espèces en péril au Canada) de l’état de la raie lisse dans les eaux canadiennes quant à son risque d’extinction est prévue pour 2012. Ce document présente de l’information sur les caractéristiques du cycle de vie, les tendances dans l’abondance et la distribution de cette espèce et les menaces à sa continuité dans le sud du golfe du Saint-Laurent. Un relevé au chalut de fond, mené annuellement au mois de septembre, est la principale source d’information sur l’abondance et la distribution de cette espèce dans cette région. La raie lisse se retrouve dans les régions relativement profondes du sud du Golfe et on retrouve les plus grandes densités à des profondeurs de 150 et 300 m. Il y a peu de séparation géographique perceptible entre les classes de longueurs de la raie lisse et il y a peu de variation saisonnière de leur distribution géographique dans cette région. Il n’y a eu aucune tendance à long terme quant à la région occupée par les raies lisses adultes (définit ici comme des raies ≥ 48 cm de longueur totale) durant la période de 1971-2010. La région occupée par les raies juvéniles était plus petite à la fin des années 1970 et au début des années 1980 qu’elle l’est depuis la fin des années 1980. Les tendances dans l’abondance diffèrent également entre les raies adultes et juvéniles. Le taux de capture des raies juvéniles du relevé était relativement haut dans les années 1990 en comparaison avec la période du milieu des années 1970 au début des années 1980. À l’opposé, le taux de capture des raies adultes a diminué d’un niveau relativement haut dans les années 1970 à un niveau très bas au début des années 2000, mais a été suivi d’une augmentation dans les récentes années. L’abondance moyenne des raies juvéniles durant la majorité des années 1990 et 2000, mentionnée ci-dessus, suggère une mortalité chez les juvéniles relativement basse durant cette période, malgré le fait que l’abondance des reproducteurs était en-dessous de la moyenne. Malgré un recrutement élevé, l’abondance en-dessous de la moyenne des raies adultes tout au long des années1990 et 2000 suggère une mortalité relativement élevée des raies adultes durant cette période. Les deux principales menaces de la raie lisse dans le sud du Golfe sont probablement la pêche et la prédation. Il n’y a pas de pêche directe sur la raie lisse dans le sud du Golfe, mais les raies sont capturées incidemment par des pêches visant d’autres espèces de poisson. La plupart des raies sont rejetées à la mer. De 1991 à 2010, les raies rejetées à la mer correspondaient en moyenne à 95% de l’estimation totales des captures de raies lisses. L’estimation des rejets annuels de raies lisses a diminué d’un sommet à 180 tonnes au début des années 1990 à environ 25 tonnes à la fin des années 2000 (fig.18). Cette diminution est probablement causée par la réduction de l’effort de pêche dans le sud du Golfe durant cette période. La basse mortalité des juvéniles dans les années 1990 et 2000 est peut-être le reflet d’un relâchement de la prédation puisqu’il y a déclin dans la biomasse des larges poissons démersaux dans cette région depuis le début des années 1990. La mortalité élevée des raies adultes dans les années 1990 et 2000, malgré la diminution de l’effort de pêche, pourrait être partiellement due à l’augmentation de la prédation par les troupeaux grandissant de phoques gris dans la région.
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