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Document de recherche 2012/052

Évaluation du potentiel de rétablissement de la morue franche (Gadus morhua) de l'unité désignable du Sud laurentien : morue franche du sud du golfe du Saint-Laurent (division 4T-4Vn (nov.-avril) de l'OPANO)

Par D.P. Swain, L. Savoie et É. Aubry

Résumé

En 2010, l’unité désignable (UD) du Sud laurentien de la morue franche (Gadus morhua) a été évaluée  par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada comme étant en voie de disparition. Le stock de morue du sud du golfe du Saint-Laurent (unité de gestion 4T-4Vn (Nov-Avr)) est une composante de cette UD. Le stock de morue du sud du Golfe est à son plus bas niveau en 61 ans et continue à diminuer. L’abondance moyenne des morues matures de  2008 à 2010 est estimée à 37% de la moyenne du milieu à la fin des années 1990 et à 10% de la moyenne du milieu des années 1980. Un point de référence limite (PRL) a été établi pour la morue du sud du Golfe basé sur la biomasse du stock reproducteur (BSR) en-dessous de lequel la probabilité d’un faible recrutement est élevée. Le PRL est estimé à 80 000 t. L’estimation de la BSR est en-dessous de la PRL depuis 2003. En 2010, l’estimation de la BSR représente  49% de la valeur du PRL. En été, la morue du sud du Golfe est largement distribuée à travers la région du Plateau madelinien. Toutefois, la région occupée par la morue de taille adulte en septembre a diminué d’une moyenne d’environ 64 500 km² dans les années 1980 à une moyenne d’environ 47 000 km² dans les années 2000. L’indice de la distribution géographique, définit comme la zone minimale contenant 95% des morues, a diminué de 50 % entre les années 1980 et 2000 pour la morue adulte. Néanmoins, considérant la vaste étendue d’eau   convenable à la morue dans le sud du Golfe et le Détroit de Cabot, l’habitat n’est pas considéré limité pour cette population. La morue du sud du Golfe n’a pas de structure d’habitat connu similaire à un den ou un nid durant sa vie. La productivité de la morue du sud du Golfe est présentement anormalement basse. Le taux de mortalité naturelle (M) instantané des morues  de 5 ans et plus (5+) a augmenté à des niveaux très élevés à la fin des années 1980 et début des années 1990, atteignant une moyenne de 0.66 pour la période de 1994 à 2009. La prédation par le phoque gris est considérée comme une composante importante de cette mortalité naturelle élevée. D’autres composantes de la productivité sont présentement faibles. Le poids selon l’âge est à un bas niveau depuis le début des années 1980. Le taux de recrutement (recrues par unité de BSR) était exceptionnellement élevé au milieu des années 1970, mais a diminué à un bas niveau dans les années 1990 et 2000 comparables aux taux observés dans les années 1950 et 1960. Si ces conditions persistent, il est à prévoir que ce stock continuera à diminuer, même sans pêche. Sous ces conditions, la probabilité d’atteindre le PRL est nulle. Sans pêche et aux niveaux présents des autres composantes de la productivité, la M de la morue de 5+ a besoin d’être réduite à 0,5 pour freiner le déclin dans la BSR et à 0,4 pour avoir une forte probabilité (90%) d’excéder le PRL dans 20 ans. Durant la petite pêche dirigée sur la morue du sud du Golfe en 2007 et 2008, la mortalité par la pêche a été estimée à 0,106 pour les âges pleinement recrutées, une petite fraction de la mortalité naturelle, mais demeure insoutenable étant donné la productivité actuelle du stock. Avec la fermeture de la pêche dirigée en 2009, la mortalité par la pêche des morues pleinement recrutés a chuté à 0,014, un niveau négligeable qui n’a pas eu d’effet perceptible sur les projections de ces populations. La seule autre mesure qui pourrait être prise afin d’améliorer les chances de rétablissement de la morue du sud du Golfe semble  être une mesure visant à réduire le taux de mortalité naturelle des morues adultes (5+).

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