Document de recherche 2013/121
Évaluation pré-COSEPAC du saumon coho (Oncorhynchus kisutch) du Fraser intérieur
Par A.S. Decker et J.R. Irvine
Résumé
Les saumons coho (Oncorhynchus kisutch) du Fraser intérieur, génétiquement distincts, ont été reconnus comme formant une unité désignable (UD) lorsque le COSEPAC a évalué la situation de cette population en 2002. Les études génétiques et écologiques ont révélé que la structure de la population de saumons coho vivant dans le Fraser intérieur variait selon l'endroit. Cette diversité a mené à la création de cinq unités de conservation (UC), en vertu de la Politique concernant le saumon sauvage du Canada (Thompson Nord, Thompson Sud, basse Thompson, mi-Fraser/haut Fraser et canyon du Fraser). Nous fournissons des séries temporelles de données mises à jour sur les échappées, les montaisons totales, l'exploitation, la productivité, la taille et la fécondité. Nous résumons ensuite cette information afin de faciliter la réévaluation de la situation de la population de saumons coho du Fraser intérieur. Pour ce faire, nous utilisons essentiellement les critères quantitatifs du COSEPAC. Nous présentons aussi de l'information sur chacune des UC, lorsque c'est possible. Nous nous penchons sur les principales menaces qui pèsent sur le saumon coho du Fraser intérieur, y compris les menaces qui ne figurent pas dans l'évaluation du COSEPAC de 2002. De plus, nous passons en revue les évaluations de la situation et les plans de rétablissement précédents.
Les échappées de saumon coho vers le bassin intérieur du Fraser ont connu un déclin, passant d'une moyenne de 60 000 géniteurs de 1975 à 1988, à 9 000 géniteurs en 1996. La moyenne par génération la plus récente (2009-2011, moyenne géométrique) s'élevait à 27 000 individus. La moyenne d'échappées par génération dans les UC variait de 2 200 (canyon du Fraser) à 8 800 (Thompson Nord) échappées. La diminution des échappées au sein de la population de saumons coho du Fraser intérieur pour l'ensemble des séries temporelles (1975-2011) a été estimée à 72 %. Durant les dix dernières années, le nombre d'échappées annuelles vers le bassin intérieur du Fraser s'est multiplié par huit. Toutefois, aucune tendance claire ne ressort (déclin évalué à 8 %). Les taux de variation du nombre d'échappées dans chacune des UC avoisinaient les taux de variation pour l'ensemble de la population, à l'exception de l'UC de la basse Thompson, où les échappées ont augmenté de 72 % dans les dix dernières années, et de l'UC du canyon du Fraser, qui a connu une baisse de 58 %. Le peu de données dont nous disposons sur les cours d'eau mis en valeur tendent à indiquer que la taille et le taux de fécondité des saumons coho du Fraser intérieur ont diminué pendant les années 1990, parallèlement au déclin des échappées. Ils ont par la suite connu une augmentation dans les années 2000. La zone d’occurrence (ZO) pour l'ensemble de la population de saumons coho du Fraser intérieur a été estimée à 110 000 km², et variait de 110 km² (canyon du Fraser) à 76 100 km² (mi-Fraser/haut Fraser) pour ce qui est des UC individuelles. L'aire d'occupation (AO) de l'UC du canyon du Fraser était de 32 km² et 14 km². Elle a été mesurée à partir de grilles de 2´2 km et de 1´1 km, respectivement. Durant les trois dernières années, des saumons coho ont été trouvés à 75 emplacements (cours d'eau) du bassin intérieur du Fraser. Pour ce qui est des UC individuelles, le nombre de sites où des saumons ont été détectés variait de un à trente. De 1998 à 2011, soit il n'y avait aucune tendance annelle (UC de Thompson Nord et de la basse Thompson), soit il y avait une légère tendance à la hausse (UC de Thompson Sud, UC du mi-Fraser/haut Fraser et ensemble de la population de saumons coho du Fraser intérieur) quant au nombre de sites où des saumons coho ont été détectés. La proportion de cours d'eau évalués où des saumons coho ont été détectés était en corrélation positive avec le nombre d'échappées, tant pour l'ensemble de la population que pour les UC individuelles, à l'exception de l'UC de la basse Thompson.
La diminution des échappées et des montaisons totales du saumon coho du Fraser intérieur pendant les années 1990 était principalement due à la baisse du taux de survie des saumoneaux-adultes, baisse accentuée par la surpêche. La productivité a connu un déclin abrupt (recrues par géniteur) qui coïncide presque avec le changement des conditions marines dans le Pacifique Nord survenu en 1989-1990. Notamment, le nombre de recrues par géniteur a diminué, passant de 3,1 de 1975 à 1990 (années de montaison) à 1,3 de 1991 à 2011. Les restrictions en matière de pêche instaurées en 1998 ont entraîné une baisse de l'exploitation moyenne, qui est passée de 66 % à 10 %. Au cours des dix dernières années, la productivité de la population de saumons coho du Fraser intérieur a fluctué de façon importante (0,4-3,2 recrues par géniteur). Toutefois, elle est demeurée faible par rapport aux années 1980 étant donné le taux de survie des saumoneaux-adultes, qui continue d'être bas. Pendant quatre des dix dernières années, le taux de fécondité au sein de la population était sous le seuil de remplacement (moins d'une recrue par géniteur, décroissance de la population). Depuis l'évaluation du COSEPAC de 2002, les menaces les plus importantes pour la viabilité à long terme de la population de saumons coho du Fraser intérieur sont la pêche, les perturbations de l'habitat et les changements climatiques. Les espèces exotiques envahissantes pourraient devenir une menace. L'UC du canyon du Fraser, comportant un seul bassin, est particulièrement vulnérable, en raison de ses ZO et AO très restreintes, de la petite taille de sa population et du déclin des échappées, qui ont diminué de 58 % au cours des dix dernières années.
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