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Document de recherche 2016/048

Évaluation de l’état du stock de morue (Gadus morhua) de la sous-division 3Ps de l’OPANO en 2015

Par R. M. Rideout, D. W. Ings, B. P. Healey, J. Brattey, M. J. Morgan, D. Maddock Parsons, M. Koen-Alonso et J. Vigneau

Résumé

L’état du stock de morue de la sous-division 3Ps de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) a fait l’objet d’une évaluation lors d’une réunion du processus régional d’examen par les pairs de Pêches et Océans Canada (MPO) tenue du 20 au 22 octobre 2015. L’état du stock a été mis à jour à partir des données recueillies jusqu’au printemps 2015. Les principales sources d’information disponibles ayant été utilisées pour l’évaluation sont : une série chronologique des indices d’abondance et de biomasse obtenus à partir des relevés au chalut de fond effectués à l’hiver et au printemps par un navire de recherche canadien, des relevés par pêches sentinelles côtières, les journaux de bord scientifiques des navires de moins de 35 pi, les journaux de bord des navires de plus de 35 pi, les débarquements déclarés des pêches commerciales, des données océanographiques et des études de marquage.

Les débarquements de l’année de gestion 2014-2015 (1er avril au 31 mars) se chiffrent à 7 166 tonnes, soit seulement 54 % du total autorisé des captures (TAC). Il s’agit de la sixième saison consécutive où le TAC n’est pas atteint. Au moment de la réunion, la pêche de 2015-2016 était toujours en cours. Depuis 2007, on ne connaît pas les prélèvements de la pêche récréative. Toutefois, les estimations précédentes donnent à penser qu’ils représenteraient une petite fraction (environ 1 %) des débarquements commerciaux.

Les estimations de l’abondance et de la biomasse obtenues à partir des relevés de printemps effectués par le navire de recherche du MPO sont relativement stables depuis les sept dernières années (à l’exception d’une valeur plus élevée en 2013, qui semble avoir été influencée par un effet propre à l’année). L’abondance est légèrement plus élevée qu’au début des années 2000 et la biomasse est, de manière générale, plus faible que durant ces années. Le relevé de 2015 a révélé la prédominance de jeunes poissons n’ayant  pas encore atteint la taille commercialisable. Depuis 1999, les taux de prise des pêches sentinelles au filet maillant sont très faibles et stables. Depuis six ans, les taux de prise des pêches sentinelles à la palangre sont inférieurs à la moyenne. L’année 2014 est celle où le taux de prise a été le plus faible. Les taux de prise des pêches au filet maillant tirés des journaux de bord des navires de moins de 35 pieds sont passablement stables depuis 1999, mais ils ont augmenté en 2014, où le taux est légèrement supérieur à la moyenne. Les taux de prise des pêches à la palangre ont diminué au cours de la période 2006-2010, mais ont ensuite augmenté. Ils se situent actuellement dans la moyenne de la série chronologique.

Les estimations de la biomasse du stock reproducteur (BSR) calculées à partir d’un modèle de cohorte basé sur les relevés (SURBA) ont augmenté de façon importante au cours de la période 2009-2012, mais ont connu un déclin depuis. Les estimations de 2014 et 2015 sont environ 1,4 fois plus élevées que le point de référence limite (PRL), et le cadre de l’approche de précaution du MPO indique que le stock se situe actuellement dans la « zone de prudence ». La probabilité que la biomasse se situe sous le PRL en 2015 est faible (environ 0,05). Au cours des dix dernières années, le recrutement a augmenté, la plupart des cohortes se situant dans la moyenne de la série chronologique (1983-2014) ou la dépassant. Entre autres, les indications montrent que les cohortes de 2011 et 2012 sont abondantes. Depuis 1997, la mortalité totale estimée est, de manière générale, en hausse, et elle se situe aujourd’hui près du maximum de la série chronologique. De 2012 à 2014, sa moyenne était de 0,65 (mortalité annuelle de 48 %), ce qui est élevé, compte tenu du fait que les débarquements déclarés comptaient pour environ la moitié du TAC durant cette période.

Les prévisions relatives au stock de 2016 ont été effectuées en supposant que les taux de mortalité varieront d’environ 20 % par rapport aux valeurs actuelles (moyenne de 2012 à 2014). Les scénarios de projection indiquent que la BSR de 2016 sera plus élevée que l’estimation de 2015, les prévisions relatives médianes de la BSR de 2016 se situant entre 1,7 et 2,1. Dans chacun des scénarios, la probabilité que la BSR se situe sous le PRL en 2016 est faible (inférieure ou égale à 0,05).

Malgré les prévisions à court terme, qui laissent présager une croissance du stock, il y a lieu de se préoccuper de la morue de la sous-division 3Ps. En dépit du recrutement adéquat ces dernières années, le taux de mortalité est très élevé. Ainsi, la contribution à long terme de ces classes d’âge pour la pêche et la BSR demeure précaire. La BSR est presque entièrement composée de jeunes poissons, et l’âge de maturité actuel est celui le moins élevé parmi ceux enregistrés dans la série chronologique. Les données biologiques récentes donnent à penser que les taux de croissance du poisson sont faibles et que celui-ci est en mauvais état. Ces dernières années, la morue de la sous-division 3Ps s’est essentiellement alimentée de proies peu riches en lipides telles que le crabe des neiges et d’autres invertébrés. Ces données biologiques, combinées à l’essor récent des espèces d’eau chaude comme la merluche blanche, laissent présager que l’écosystème de la sous-division 3Ps subira des changements importants et que la productivité de la morue pourrait diminuer.

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