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Document de recherche 2018/049

Évaluation du risque environnemental pour le tétra GloFishMD Electric GreenMD et le tétra à longues nageoires GloFishMD Electric GreenMD : des poissons d’ornement transgéniques importés au Canada pour le commerce des animaux domestiques

Par Leggatt, R. Johnson, N. et McGowan, C.

Résumé

CONTEXTE

Le 5 juillet 2017, une déclaration a été soumise par GloFish LLC à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) en vertu du Règlement sur les renseignements concernant les substances nouvelles (organismes) [RRSN(O)] de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) [LCPE 1999] pour le tétra GloFishMD Electric GreenMD (CGT2016), tétra fluorescent génétiquement conçu (Gymnocorymbus ternetzi), soit un poisson d’ornement destiné aux aquariums de particuliers.

Les dispositions relatives à la biotechnologie de la LCPE adoptent une approche préventive en matière de la pollution, en exigeant de déclarer et d’évaluer tous les nouveaux organismes vivants issus de la biotechnologie, y compris les poissons génétiquement conçus, avant qu’ils soient produits ou importés au Canada, afin de déterminer s’ils sont « toxiques » ou s’ils peuvent le devenir. En vertu de la LCPE, un organisme est considéré comme toxique s’il pénètre ou peut pénétrer dans l’environnement en quantité ou en concentration suffisante pour ou dans des conditions de nature à : a) avoir, immédiatement ou à long terme, un effet nocif sur l’environnement ou sur la diversité biologique; b) mettre en danger ou pouvoir mettre en danger l’environnement essentiel pour la vie; ou c) constituer ou pouvoir constituer un danger au Canada pour la vie ou la santé humaines. Toute personne proposant d’importer ou de produire un produit animal vivant issu de la biotechnologie au Canada, y compris un poisson génétiquement conçu, doit fournir à ECCC les renseignements indiqués dans le RRSN(O) au moins 120 jours avant le début de l’importation ou de la production de l’organisme en question. Ces renseignements sont utilisés pour réaliser une évaluation du risque environnemental et une évaluation des répercussions indirectes sur la santé humaine (risque à la santé humaine si l’environnement est exposé à l’organisme) qui servent ensuite à déterminer si l’organisme est toxique ou peut le devenir au sens de la LCPE.

En vertu d’un protocole d’entente (PE) avec ECCC et Santé Canada (SC), pour les produits du poisson issus de la biotechnologie et relevant du RRSN(O), le MPO fournit un avis scientifique sous la forme d’une évaluation du risque environnemental. Cet avis appuie l’évaluation du risque réalisée par ECCC et SC en vertu de la LCPE. Conformément à cette entente, le ministre d’ECCC reçoit un avis scientifique du MPO et a la responsabilité de prendre la décision réglementaire définitive en ce qui concerne l’utilisation du poisson déclaré.

C’est dans ce contexte que le MPO a réalisé une évaluation du risque environnemental posé par l’organisme déclaré (CGT2016) en fonction de son utilisation proposée, laquelle a été examinée par les pairs (comité d’experts). Le risque est défini comme une fonction du potentiel que les environnements canadiens soient exposés à l’organisme déclaré et du potentiel que l’organisme déclaré représente un danger pour l’environnement canadien. L’évaluation de l’exposition et celle des dangers sont réalisées séparément, puis intégrées à l’évaluation du risque. L’incertitude liée à l’évaluation de l’exposition et celle liée à l’évaluation des dangers sont déterminées et l’incertitude associée à l’évaluation du risque finale est analysée.

L’ORGANISME DÉCLARÉ

Le CGT2016 est une lignée de tétras transgéniques vert fluorescent diploïdes, homozygotes ou hémizygotes, à nageoires longues ou régulières descendant de la variété blanche du tétra noir (G. ternetzi) et elle est dotée de transgènes qui entraînent l’expression d’une protéine vert fluorescent. L’expression du transgène entraîne une coloration verte s’il est exposé à la lumière ambiante et une coloration vert fluorescent s’il est exposé à une lumière bleue ou ultraviolette. Les effets de la protéine s’expriment dans la peau, la musculature, les nageoires, les yeux et probablement dans certains organes de l’organisme. Tous les poissons ayant reçu ce gène sont les descendants d’un seul organisme en phase G0, le transgène ayant été micro-injecté lorsque l’organisme ne formait qu’une seule cellule. L’observation de la génération F3 a permis de confirmer qu’une seule copie du transgène a été insérée dans un site d’insertion unique et que la loi de ségrégation de Mendel est respectée. Depuis 2012, le CGT2016 se vend aux États­Unis comme poisson d’ornement d’aquarium sous le nom de tétra GloFishMD Electric GreenMD et de tétra à longues nageoires GloFishMD Electric GreenMD. La modification phénotypique visée est la présence de vert ou de vert fluorescent pour introduire une variante d’une nouvelle couleur pour le commerce d’espèces d’ornement destinées aux aquariums. La compagnie a indiqué, comme modifications phénotypiques imprévues, une légère baisse de la tolérance au froid lorsque la température descend rapidement (c.-à-d. que la LD50 moyenne pour le CGT2016 est de 8,11 °C par rapport à 7,94 °C pour son équivalent sauvage). En outre, la capacité reproductive du CGT2016 a diminué de plus de 40 % par rapport à son équivalent sauvage, mais la capacité de survie des juvéniles n’a pas été affectée. Aucune autre modification phénotypique non ciblée n’a été remarquée pour le CGT2016.

ÉVALUATION DU RISQUE ENVIRONNEMENTAL

L’évaluation du risque environnemental est réalisée en fonction du scénario proposé par GloFish LLC, soit l’importation du CGT2016 au Canada par quatre grossistes-détaillants du commerce d’espèces d’ornement destinées aux aquariums, les tétras étant ensuite distribués à des magasins de vente au détail de tout le pays pour être achetés par des particuliers pour leurs aquariums.

Exposition

Il est prévu que le CGT2016 soit confiné dans des aquariums fixes à l’intérieur de bâtiments de grossistes-détaillants, de magasins et de maisons de consommateurs. En fonction des dossiers de l’historique sur les poissons d’aquarium introduits dans des écosystèmes naturels canadiens et du monde entier, il est très probable que le CGT2016 soit introduit volontairement ou par inadvertance dans les écosystèmes d’eau douce du Canada. En fonction des prévisions du nombre de CGT2016 achetés par des consommateurs, il est prévu que de tels événements se produisent très rarement (p. ex., cinq fois ou moins), bien qu’il ne soit pas possible d’écarter la possibilité qu’un plus grand nombre soit introduit dans les écosystèmes. En fonction des limites de température et de la température préférée du G. ternetzi sauvage et des températures consignées pour tous les écosystèmes d’eau douce du Canada, le CGT2016 pourrait survivre dans de nombreux écosystèmes naturels du Canada pendant l’été et dans certains écosystèmes au cours de l’automne et du printemps. Toutefois, la tolérance inférieure aux températures froides du CGT2016 et du G. ternetzi sauvage empêcherait ces poissons de survivre pendant l’hiver dans la plupart des écosystèmes d’eau douce canadiens. La température de certains lacs atteint un niveau suffisant pendant une courte période de l’été pour permettre la reproduction du CGT2016. Le cycle de vie du G. ternetzi est relativement long (dans des conditions idéales, le temps de maturation minimal est de quatre mois). Il ne peut donc y avoir qu’un seul cycle de reproduction avant qu’il ne meure en hiver. Au vu de l’analyse ci-dessus, la présence du CGT2016 dans l’environnement canadien devrait être rare, isolée, éphémère et ne représenter que peu d’individus. Par conséquent, la probabilité d’exposition de l’environnement canadien au CGT2016 est considérée comme faible. L’incertitude associée à cette estimation est faible étant donné la qualité des données sur la tolérance à la température du CGT2016 et des organismes similaires valides et des données recueillies sur les paramètres environnementaux du milieu récepteur canadien.

Danger

Le potentiel que le CGT2016 pose un danger pour l’environnement canadien a été examiné en fonction de la toxicité pour l’environnement (potentiel que le poisson soit toxique) en fonction d’une transmission horizontale de gènes (THG) et d’interactions avec d’autres organismes, ce qui comprend l’hybridation, la capacité d’être un vecteur de maladies et les répercussions sur le cycle biogéochimique, l’habitat et la biodiversité. Le G. ternetzi sauvage est un petit poisson non agressif dont le niveau d’activité devrait être limité en raison des faibles températures qui règnent la plupart du temps dans les eaux canadiennes. Il n’est pas connu comme un poisson vulnérable aux maladies préoccupantes au Canada et il n’a jamais présenté de caractère envahissant au Canada et ailleurs dans le monde, malgré son utilisation à grande échelle dans le secteur des espèces d’ornement destinées aux aquariums depuis plus de 65 ans. Il n’y aucun rapport indiquant que les effets phénotypiques du transgène peuvent rendre le potentiel de danger du CGT2016 supérieur à celui du G. ternetzi de type sauvage domestiqué, rien n’indique que la protéine fluorescente est toxique (c’est-à-dire qu’elle n’est pas toxique pour les organismes et l’environnement) et rien ne prouve qu’une transmission de gènes potentielle nuirait à l’environnement canadien. Certaines preuves indiquent que les interactions trophiques du CGT2016 pourraient avoir moins de répercussions sur d’autres espèces que le G. ternetzi sauvage, car sa tolérance au froid inférieure peut limiter encore plus ses activités dans les eaux froides. Selon cet ensemble de données, le CGT2016 ne devrait poser qu’un danger environnemental allant de négligeable à faible s’il est introduit dans les écosystèmes aquatiques canadiens. Le niveau d’incertitude lié à chaque danger va de négligeable à modéré en raison du caractère limité des données propres au CGT2016 et des données directes sur les espèces comparables, de la variabilité des données concernant une espèce comparable (poisson zèbre à la protéine rouge fluorescente) et de la dépendance à l’égard de l’opinion des experts pour l’évaluation de certains dangers.

CONCLUSIONS SUR LE RISQUE

En fonction d’une matrice du risque intégrant le faible potentiel d’exposition et le potentiel de dangers qui va de négligeable à faible, le CGT2016 ne représente qu’un risque faible pour l’environnement canadien s’il est un poisson d’ornement d’aquarium. Alors que le niveau d’incertitude associé à certains dangers est modéré en raison du caractère limité ou inexistant de données directes à propos de l’organisme déclaré ou d’une espèce comparable, aucune preuve ne semblait indiquer que le CGT2016, dans le cadre de l’utilisation proposée ou d’autres utilisations potentielles, pouvait nuire à l’environnement canadien en cas d’exposition.

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