Document de recherche 2019/038
Évaluation du stock de morue franche (Gadus morhua) du sud du golfe du Saint-Laurent, divisions 4T et 4Vn (novembre à avril) del’OPANO, mars 2019
Par Swain, D.P., Ricard, D., Rolland, N. et Aubry, É.
Résumé
Le stock de morue franche (Gadus morhua) du sud du golfe du Saint-Laurent (sGSL) (Divisionsde l’OPANO 4T et 4Vn (novembre à avril)) a supporté des débarquements moyennant 30 000 tonnes (t) annuellement entre 1917 et 1940 et 56 000 t annuellement entre 1941 et 1992. Le stock s’est effondré au début des années 1990 dû à un taux de mortalité élevé. Un moratoire sur la pêche dirigée de la morue du sGSL a été mis en place en 1994 jusqu’en 1997, en 2003 et depuis 2009. Les prises accessoires reportées dans les autres pêches de poissons de fond ont totalisé une moyenne de 110 t annuellement depuis 2009, avec des captures avoisinant les 60 t en 2017 et 2018. Durant cette période, l’estimation de la mortalité par pêche moyennait 0,2 % annuellement pour les morues âgées entre 5 et 8 ans et 0,7 % pour les morues âgées de 9 ans et plus. La biomasse du stock reproducteur (BSR) et l’abondance sont au plus bas niveau observé dans les 69 ans de données et continuent de baisser. L’estimation de la BSR au débutde l’année 2018 était de 13 947 t, soit 12 % du déjà bas niveau de 2000 et 4 % de la valeur de 1985 (380 000 t). La BSR a été estimée à environ 17 % du point de référence limite (PRL = 80 000 t) avec aucune chance de rétablissement au PRL dans les prochains cinq ans, même sans mortalité par la pêche. La probabilité que la BSR diminue entre 2018 et 2023 est de 90 % avec des captures annuelles de 0 ou 100 t et de 99 % avec des captures de 300 t. La BSR devrait baisser à 9 400 t au début de 2023, sans prise par la pêche, et à 9 100 t avec des prises annuelles de 300 t. Si les conditions actuelles persistaient, la population devrait disparaître vers le milieu du siècle (une BSR < 1 000 t a été utilisé comme indicateur indirect de l’extinction locale). Le déclin continu de cette population est dû à la forte mortalité naturelle de la morue adulte (c.-à-d., âgée de 5 ans et plus). Une mortalité naturelle (M) d’environ 18 % par an (un taux instantané de M = 0,2) est considérée comme normale pour la morue adulte. Dans cette population, la mortalité naturelle des adultes a augmenté au cours des 35 dernières années et est actuellement estimée à environ 55 % par an (M = 0,81 à 0,85). La prédation par les phoques gris semble être actuellement la principale cause de cette mortalité. Sur la base de modèles de population, cette prédation peut expliquer l’ensemble de la M des adultes au-dessus du niveau normal (0,2) depuis environ l’an 2000. Cette population de morue semble subir un effet Allee induit par la prédation. Un effet Allee est présent lorsque le taux de croissance de la population par individu diminue à mesure que la taille de la population diminue. C’est l’opposé du comportement habituel d’une population de faible abondance. De plus, depuis 2000, ce stock présente une production déficitaire avec une moyenne négative de 7 000 t par année, indicatrice d’un fort effet Allee. Si un fort effet Allee persiste, cela va conduire une population à l’extinction. Cet effet Allee est dû à l’abondance extrêmement réduite de la morue du sGSL et à l’abondance élevée et croissante d’un prédateur, le phoque gris. Compte tenu de la forte abondance actuelle de phoques gris, cette population de morue devrait continuer à diminuer jusqu’à l’extinction.
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