Document de recherche 2020/054
La pêche récréative hivernale au poisson de fond dans le fjord du Saguenay de 1996 à 2018
Par Gauthier, J., Marquis, M.-C., Valentin, A.E. et Parent, É.
Résumé
L’état des espèces marines exploitées par une pêche récréative dans le fjord du Saguenay a été évalué annuellement de 1995 à 2010 puis aux deux ans de 2012 à 2018. Cette évaluation est basée sur l’examen de divers indicateurs provenant d’un programme de suivi de la pêche récréative hivernale (aussi appelée pêche blanche) (1995–2018), d’un relevé de recherche de Pêches et Océans Canada (MPO) (2000–2018) et d’une initiative récente de journaux de bord individuels (2015–2018). Ce document présente les données et méthodes utilisées pour produire les indicateurs issus du programme de suivi de la pêche récréative hivernale au poisson de fond dans le fjord du Saguenay. Les estimations de nombre de poissons par unité d’effort (NUE) pour plus de 20 années d’échantillonnage de la pêche récréative (1996–2018) sont présentées pour les espèces suivantes: sébastes (Sebastes spp.), morue franche (Gadus morhua), morue ogac (Gadus ogac) et flétan du Groenland (Reinhardtius hippoglossoides). De plus, des paramètres biologiques des populations échantillonnées sont indiqués.
Les captures de poisson de fond dans la pêche récréative sont constituées en moyenne pour la série 1996–2018 de 88 % de sébastes, de 10 % de morues franche et ogac et de 2 % de flétan du Groenland. Pour l’ensemble du Saguenay, l’indice d’abondance des sébastes est en diminution de 1996 à 2006 et demeure faible depuis avec des valeurs largement inférieures à celles du début de la série. Les NUE pour la morue franche, la morue ogac et le flétan du Groenland sont faibles. On note toutefois depuis 2013 une augmentation des NUE pour la morue franche et le flétan du Groenland avec des valeurs qui se situent au-dessus de la moyenne de leur série respective.
Des études publiées à la fin des années 2000 (Sévigny et al. 2009, Sirois et al. 2009) suggèrent que les populations de poisson de fond du Saguenay seraient des populations puits dont le recrutement dépendrait de l’entrée de juvéniles en provenance de l’estuaire du Saint-Laurent (Bui et al. 2012). Bien qu’il y ait reproduction des poissons de fond dans le Saguenay, la survie larvaire de ces espèces serait compromise par les conditions de la couche d’eau de surface chaude et saumâtre, empêchant une contribution locale significative au recrutement, surtout pour le sébaste et la morue (Sirois et al. 2009). De fortes cohortes de sébaste (Sebastes mentella, 2011, 2012 et 2013) ont été observées dans l’estuaire et leur abondance est d’une ampleur jamais vue en trente ans (Bourdages et al. 2019). La présence dans le fjord du Saguenay de ces nouvelles cohortes est observée depuis 2013 notamment dans les contenus stomacaux de gros sébastes, lors d’un échouage important survenu à Saint-Fulgence en décembre 2014, dans la pêche à l’éperlan et lors de missions de recherche (Gauthier et al. 2019). Les récentes cohortes d’abondance élevée commencent à recruter à la pêche récréative mais les poissons sont de petite taille. Ces sébastes présentaient une taille modale de 16 cm en 2017 et de 20 cm et 2018 et contribuaient pour près de 10 % de la capture de sébaste. Les perspectives à moyen terme sont encourageantes pour la pêche récréative hivernale aux sébastes dans le fjord du Saguenay.
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