Document de recherche 2020/075
Recherche, surveillance et connaissances des chasseurs à l’appui de l’évaluation de 2017 du stock de bélugas de l’est de la mer de Beaufort
Par Harwood, L,A., Zhu, X., Angasuk, L., Emaghok, L., Ferguson, S., Gruben, C., Gruben, P., Hall, P., Illasiak, J., Illasiak, J., Lennie, J., Lea, E.V., Loseto, L. L., Norton, P., Pokiak, C., Pokiak, F., Rogers, H., Snow, K., et Storr, W.
Résumé
Nous résumons ici les informations biologiques sur les prises pour le béluga de l’est de la mer de Beaufort (EMB) afin de fournir une évaluation actualisée du stock qui combine les données scientifiques et les connaissances des chasseurs autochtones. Le nombre de bélugas de l’est de la mer de Beaufort capturés chaque année dans l’ensemble de leur aire de répartition est variable et a diminué de manière significative par rapport aux enregistrements disponibles au Canada (1980 à 2015). En tenant compte des taux de perte estimés et connus du Canada et de l’Alaska, le prélèvement annuel moyen de bélugas de l’est de la mer de Beaufort de 2006 à 2015 (y compris les bélugas débarqués et les animaux abattus, mais perdus) était de 145 (écart-type 20,7). Les prises autour de la péninsule de Tchoukotka, en Russie, sont inférieures à 10 bélugas par année, et nous estimons que la mortalité due aux emprisonnements dans la glace a été en moyenne inférieure à cinq bélugas par année entre 1966 et 2015, mais ce chiffre aussi est très variable d’une année à l’autre. Selon les chasseurs, la diminution de la récolte au fil du temps est principalement attribuable à une baisse de l’intérêt et de la dépendance à l’égard des aliments traditionnels et de la chasse, au coût élevé du matériel de chasse et du carburant, et aux conditions de chasse de plus en plus difficiles en raison du temps plus venteux. La baisse des taux de bélugas abattus, mais perdus est imputable à l’établissement et à la mise en œuvre de règlements administratifs sur la chasse du béluga par les comités locaux de chasseurs et de trappeurs de Inuvialuit.
La période de la récolte des bélugas n’a pas changé statistiquement entre 1980 et 2015, mais les chasseurs s’accordent à dire que les baleines semblent arriver plus tôt dans l’estuaire du delta du Mackenzie au printemps. L’incidence et la variation annuelle des récoltes dans deux communautés du golfe Amundsen donnent à penser que la répartition des bélugas de l’est de la mer de Beaufort durant la période post-estuarienne varie d’une année à l’autre, et que dans cette période, l’aire de répartition des bélugas en août et septembre pourrait s’étendre.
La récolte canadienne reste fortement orientée vers les mâles, à plus de 4 pour 1 sur les 16 dernières années. Dans l’échantillon du delta, les femelles présentaient en moyenne 36,2 groupes de couches de croissance (GCC, un GCC correspond à un an) [ET 12,6; plage 10–63; n = 246] et les mâles, 29,5 (ET 10,1; plage 11–67; n = 901). Les femelles de l’échantillon d’Amundsen avaient une moyenne de 28,8 GCC (ET 17,5; plage 5–62; n = 20), et les mâles une moyenne de 26,8 GCC (ET 11,2; plage 6–61; n = 105). En utilisant un modèle de croissance de Gompertz, les longueurs asymptotiques étaient de 377,2 ± 1.97 cm chez les femelles et de 435,46 ± 1,56 cm chez les mâles (n = 1 119).
Les tendances temporelles de l’âge moyen et de la longueur ont été évaluées par régression linéaire, selon le sexe, pour le delta et le golfe Amundsen. Aucun changement significatif n’a été relevé dans la taille des femelles débarquées par les chasseurs du delta au cours de la série chronologique (n = 794; F = 0,20; p = 0,66), mais les mâles sont devenus nettement plus petits au fil du temps (n = 2 310; F = 77,21; p < 0,0001). On a également dégagé des tendances statistiquement significatives dans le temps à la diminution de l’âge moyen en GCC (n = 905; F = 49,04; p < 0,0001) chez les mâles et à l’augmentation de l’âge moyen en GCC chez les femelles (n = 248; F = 6,25; p = 0,013). La taille de l’échantillon était trop limitée pour permettre d’examiner les tendances temporelles de la taille moyenne ou de l’âge selon les GCC des bélugas débarqués dans le golfe Amundsen. Les chasseurs ont fourni des rapports corroborant la diminution de la taille des baleines débarquées dans le delta ces dernières années, et ont suggéré qu’elle est probablement la conséquence des changements de sélectivité des chasseurs au cours des dernières années. Les conditions de chasse de plus en plus difficiles ont sensiblement réduit les possibilités de sélectionner les grands mâles préférés habituellement.
En raison du petit nombre de femelles capturées dans la récolte, on ne dispose pas de données permettant de déterminer l’âge à la maturité sexuelle et le taux de reproduction de ce stock. D’après les données limitées disponibles, l’intervalle entre les vêlages est similaire à celui rapporté pour le béluga de l’est de la mer des Tchouktches en Alaska, soit une fois tous les trois ans.
Le seul relevé aérien à grande échelle sur le béluga de l’est de la mer de Beaufort a été effectué à la fin du mois de juillet 1992, et a couvert l’estuaire du Mackenzie ainsi que la zone hauturière de la mer de Beaufort et l’ouest du golfe Amundsen pendant trois jours consécutifs. Les dénombrements extrapolés des bélugas en surface ont produit un indice de la taille du stock de 19 629 (CV = 0,229). En appliquant un facteur de correction de 2, pour tenir compte des bélugas sous la surface, cette estimation a été corrigée à 39 258 bélugas. Cette estimation est biaisée négativement, car la zone d’étude du relevé n’incluait pas toute l’aire de répartition estivale du béluga de l’est de la mer de Beaufort, connue aujourd’hui grâce à la télémétrie.
Il n’est pas possible d’évaluer la tendance relative à l’abondance en l’absence d’un relevé aérien récent. Les observations des experts et la longue expérience des chasseurs participant à l’évaluation ont permis de convenir d’un facteur de récupération (FR) de 0,75 pour le calcul du prélèvement biologique potentiel (PBP). Le PBP ainsi calculé, soit 487, comprend toutes les pertes anthropiques (p. ex. les débarquements, les collisions avec des navires et les empêtrements dans des filets), les baleines abattues et perdues, ainsi que les prises non déclarées. La somme des récoltes actuelles du Canada et de l’Alaska, soit en moyenne un total de 145 bélugas débarqués et perdus, avec l’ajout de 10 bélugas pour les prises russes présumées (moins de 10 par an), représente actuellement moins d’un tiers de ce PBP estimatif. L’estimation de la taille du stock utilisée dans ce calcul est obsolète et doit être mise à jour.
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