Document de recherche 2021/035
Estimation de la mortalité des poissons et des moules dont la conservation est préoccupante résultant des applications de Bayluscide® dans quatre rivières du corridor Huron-Érié
Par Smyth, E.R.B., et Drake, D.A.R
Résumé
Le Bayluscide, un lampricide chimique, est utilisé par des organismes gouvernementaux pour évaluer et contrôler la lamproie marine envahissante (Petromyzon marinus) dans le bassin des Grands Lacs. La toxicité du Bayluscide pour les poissons non ciblés a déjà été étudiée. Toutefois, la mortalité potentielle des poissons et des moules évalués par le COSEPAC ou inscrits sur la liste canadienne de la Loi sur les espèces en péril comme étant en voie de disparition, menacés ou préoccupants n’a pas été évaluée en fonction des facteurs qui dictent les réactions des espèces dans la nature. Pour évaluer le potentiel de mortalité, on a estimé quantitativement la probabilité que les poissons et les moules dont la conservation est préoccupante soient exposés au Bayluscide granulaire dans les rivières Détroit, Sainte-Claire, Thames et Sydenham, dans le sud-ouest de l’Ontario, et subissent une mortalité due à la toxicité de ce produit. Les modèles de simulation étaient basés sur : 1) les associations d’habitats qui prédisposent les espèces de poissons et de moules à se trouver dans les zones ciblées pour l’application; 2) les densités de population susceptibles d’être exposées; et 3) la toxicité du composé, basée sur : i) les concentrations supposées de Bayluscide dans l’environnement; ii) la correspondance taxonomique ou d’habitat avec les espèces de substitution; et iii) quatre relations dose-réponse, en utilisant la concentration létale médiane (CL50) et la concentration létale à 99,9 % (CL99,9) de la lamproie marine comme référence (poissons) ou une estimation ponctuelle unique (moules). Les effets sur la population ont été évalués en combinant les estimations de la mortalité induite par le Bayluscide avec des modèles structurés par âge du dard de sable (Ammocrypta pellucida; menacé en vertu de la LEP), du chat-fou du nord (Noturus stigmosus; en danger en vertu de la LEP), du fouille-roche gris (Percina copelandi; unité désignable du lac Érié, en danger en vertu de la LEP), et de l’espèce Ichthyomyzon. Dans la plupart des cas, les applications simulées ont entraîné une mortalité faible ou nulle des poissons et des moules. Cependant, dans certains cas (< 5 %), la mortalité de quelques dizaines de poissons et potentiellement de centaines de moules d’eau douce et de lamproie argentée (Ichthyomyzon unicuspis) ou de lamproie du nord (I. fossor) est survenue après un seul cycle d’application. En fonction d’un modèle dans lequel la récupération des effets du Bayluscide ne se produit pas, l’effet sur 50 à 100 ans d’une application répétée de Bayluscide pourrait réduire l’abondance jusqu’à 100 % par rapport au niveau de référence pour certaines espèces (chat-fou du nord, espèce Ichthyomyzon) ou jusqu’à 90 % pour d’autres (dard de sable) si les populations sont petites et que les applications ont lieu annuellement, mais serait moins grave si les populations sont importantes. L’estimation de la mortalité varie en fonction de la fréquence et de l’ampleur des applications, mais les relations sont non linéaires. Plusieurs incertitudes ont été définies, notamment : 1) les concentrations de Bayluscide dans l’environnement; 2) la toxicité du Bayluscide pour l’espèce et la pertinence des substituts; 3) l’incidence et l’effet du comportement d’évitement; 4) la présence, la densité et les associations d’habitats en fonction d’un nombre limité d’études de terrain; et 5) l’abondance et la trajectoire inconnues de la population pour la majorité des espèces dont la conservation est préoccupante. Les résultats indiquent que dans certains cas, le Bayluscide peut entraîner une mortalité et des effets sur les populations d’espèces dont la conservation est préoccupante, mais la mortalité peut être atténuée par plusieurs facteurs associés au cycle d’application.
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