Avis scientifique 2005/036
Évaluation du potentiel de rétablissement des populations de bélugas de la baie Cumberland, de la baie d’Ungava, de l’est de la baie d’Hudson et du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas)
Sommaire
Bélugas de la baie Cumberland
- Dans la baie Cumberland, la reconstitution de la population historique au moyen de l’information sur les prélèvements dont on dispose permet d’estimer l’effectif historique (avant la chasse commerciale) à 8465 bélugas (erreur-type = 426). Un modèle bayésien nous a permis d’estimer la taille de la population de 2002 à 2018 individus (LC de 95 % : de 1553 à 2623), ou 24 % de l’effectif historique estimé. On considère donc que la population connaît une tendance à la hausse, même avec la chasse de subsistance locale régie par quota.
- L’objectif de rétablissement à 70 % de l’effectif historique correspondrait à 5926 individus. Cet objectif pourrait être atteint dans 40, 50 et 90 ans selon des scénarios de récolte de 0, de 20 et de 41 (quota actuel) individus respectivement. Cependant, la population connaîtrait probablement un déclin selon le scénario de récolte de 60 animaux.
- La chasse de subsistance pourrait être considérée comme une menace pour la population de bélugas de la baie Cumberland. Toutefois, cette chasse fait l’objet d’une gestion rigoureuse à l’heure actuelle (faible taux de mortalité) et ne semble pas constituer un obstacle au rétablissement à long terme.
Bélugas de l’est de la baie de Hudson
- Les estimations de l’effectif historique de l’EBH (avant la chasse commerciale) obtenues au moyen de données sur les captures et d’un modèle de la population indiquent une population minimale de 12 500 bélugas en 1854. Selon le modèle de l’effectif actuel, la population serait passée de 4200 individus (erreur-type = 300) en 1985 à 3100 individus (erreur-type = 800) en 2004 et correspondrait à 25 % de l’effectif historique. Il convient de noter que la population se stabiliserait probablement avec les niveaux de prélèvement actuels (60 bélugas).
- Selon l’information dont on dispose actuellement, l’objectif de rétablissement à 70 % de l’effectif historique estimé serait de 8750 bélugas. Cet objectif pourrait être atteint d’ici 2046 si l’on arrête complètement la chasse, d’ici 2081 si l’on réduit les prélèvements déclarés à 25 bélugas, et d’ici plus de 150 ans avec des prélèvements déclarés de 40 individus.
- La chasse de subsistance demeure une source d’inquiétudes. Le nombre total de bélugas récoltés actuellement par les Inuits du Nunavut (Sanikiluaq), du Nunavik et de la côte du Labrador demeure incertain, tout comme l’identité des stocks auxquels appartiennent les animaux récoltés.
Bélugas de la baie d’Ungava
- Dans la baie d’Ungava, la reconstruction de la population historique au moyen de l’information sur les prélèvements disponible nous permet d’estimer l’effectif historique (avant la chasse commerciale) à 1900 animaux à la fin des années 1800. On ne dispose actuellement d’aucune estimation de l’abondance de cette population, mais selon la modélisation, il y aurait moins de 200 animaux. Pendant l’été, on continue d’apercevoir quelques bélugas à la rivière Mucalic, dans le sud de la baie d’Ungava. Cette population pourraient appartenir à des stocks voisins.
- Une population rétablie à 70 % de l’effectif historique estimé s’élèverait à 1330 bélugas. Il est donc important qu’aucune mortalité anthropique n’affecte cette population, car tout prélèvement constituerait une menace à son rétablissement.
Bélugas du Saint-Laurent
- L’abondance historique du béluga (avant la chasse commerciale) dans l’ESL était probablement de l’ordre de 10 100 individus dans les années 1800. Or, la hausse des prélèvements a provoqué le déclin de la population. Bien que la chasse au béluga soit interdite depuis 1979, on a observé peu de signes de rétablissement. L’utilisation d’un modèle de la population avec les données des relevés aériens effectués entre 1988 et 2003 indique que la population n’aurait connu qu’une légère hausse, passant de 900 individus (erreur-type = 70) en 1988 à 1100 individus (erreur-type = 200) en 2003.
- Étant donné que cette population ne fait actuellement pas l’objet de prélèvements, on ne sait pas précisément si son incapacité de s’accroître plus rapidement est attribuable à une hausse des taux de mortalité, à une réduction du recrutement ou, encore, à une combinaison de ces deux facteurs. Si l’on pouvait identifier et corriger les facteurs limitant l’accroissement de cette population, on pourrait s’attendre à ce qu’elle atteigne 7070 individus d’ici 2049. Cependant, si les conditions actuelles persistent, le rétablissement n’aurait probablement pas lieu avant 2101.
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