Avis scientifique 2009/024

Évaluation scientifique de l’étude d’impact environnemental du projet de centrale de production Hydroélectrique dans la partie inférieure du fleuve Churchill afin de relever les lacunes concernant la protection du poisson et de son habitat

Sommaire

• L’exclusion de l’environnement récepteur en aval des chutes Muskrat, y compris le lac Melville, de la description du projet présenté dans l’EIE est considérée comme une lacune majeure.
• Des efforts supplémentaires doivent être consentis pour documenter les connaissances locales concernant l’utilisation des poissons et l’habitat du poisson, particulièrement en ce qui concerne le secteur en aval des chutes Muskrat, y compris le lac Melville.
• L’ampleur des changements prévus dans l’habitat du poisson et au sein des populations de poissons doit être examinée en fonction de la « perte d’habitat du poisson ». La superficie de l’habitat touché est beaucoup plus importante que celle de l’habitat perdu, ce qui peut avoir un impact plus important sur l’écologie des poissons vivant dans le cours inférieur du fleuve Churchill.
• Les prévisions selon lesquelles les nouveaux réservoirs « avantageront » certaines espèces et « désavantageront » d’autres espèces ne sont pas bien décrites dans la documentation actuelle.
• Il n’est pas certain que les réservoirs créés présenteront un profil d’utilisation de l’habitat du poisson similaire à celui décrit présentement pour le lac Winokapau, particulièrement pendant la période de stabilisation.
• Les limites, les hypothèses et les incertitudes doivent être indiquées clairement et incorporées dans l’évaluation finale. Il n’est pas nécessaire de dresser une liste de toutes les données analytiques présentées dans les documents d’aperçu de l’EIE, mais l’information doit être suffisante pour qu’un lecteur informé puisse consulter de telles analyses, notamment lorsque des énoncés généraux sur les impacts potentiels sont présentés.
• La description des programmes de surveillance futurs n’est pas claire dans les documents actuels de l’EIE. Les Lignes directrices relatives à l’EIE exigent que ces programmes soient décrits de façon appropriée et que ceux-ci comprennent des objectifs en matière de surveillance, des calendriers, des plans d’échantillonnage ainsi que des paramètres de couverture spatiale et temporelle pour chaque variable surveillée.
• Même si l’on indique de façon précise dans les Lignes directrices relatives à l’EIE qu’il s’agit de « mesures d’atténuation nécessaires », aucune évaluation des « débits minimaux » pendant le remplissage du réservoir et l’exploitation de la centrale ni aucune « stratégie de compensation de l’habitat du poisson » n’est présentée dans l’EIE.
• Le régime hydrologique du réservoir Gull Island prévu doit être modélisé. Cette modélisation est nécessaire afin que l’on puisse effectuer des prévisions concernant le potentiel de productivité de ce secteur. Cette information est également nécessaire pour prévoir les concentrations élevées de mercure.
• Un certain nombre d’études des composantes utilisées pour décrire l’environnement aquatique sont fondées sur des échantillons de petite taille et sont limitées quant à leur couverture spatiale et temporelle. Ces limites amènent un risque accru et une plus grande incertitude dans les prévisions ou les analyses fondées sur ces données.
• Le passage des poissons n’a fait l’objet d’aucune évaluation aux chutes Muskrat, que ce soit par une étude dirigée ou à l’aide d’autres indicateurs biologiques du mouvement des poissons. Les données isotopiques des analyses de mercure peuvent être utilisées comme point de départ.
• On recense un certain nombre d’incertitudes concernant l’utilisation du système hydroélectrique de la rivière La Grande pour prévoir les changements pouvant survenir dans le réseau dans la partie inférieure du fleuve Churchill. Une comparaison plus robuste doit être effectuée à l’aide de plus grands réservoirs situés dans des zones tempérées du Nord et selon un éventail de débits et de caractéristiques morphologiques qui ressemblent davantage à ceux observés dans la partie inférieure du fleuve Churchill.
• Les effets cumulatifs potentiels au sein de l’environnement aquatique ne sont pas bien examinés dans l’EIE. En outre, aucune interaction potentielle avec le changement climatique, fondée sur des modèles régionaux élaborés pour le Labrador (c.-à-d. évènements extrêmes au printemps/à l’automne), n’est présentée.
• L’impact de la mortalité chez les poissons causée directement par les turbines n’est pas examiné dans le contexte des populations de poissons.
• La description de l’environnement aquatique serait meilleure si l’information requise pour évaluer les effets découlant du projet pour chaque espèce était présentée de façon uniforme et si elle incluait une « synthèse de l’aperçu de l’écosystème ».

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