Avis scientifique 2009/040

Évaluation du potentiel de rétablissement du bocaccio dans les eaux de la Colombie-Britannique

Sommaire

• Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné la population de bocaccios de la C.-B. comme étant menacée. Une décision finale du gouvernement du Canada est requise d’ici décembre 2010. Si la désignation d’espèce menacée est acceptée, il faudra élaborer un programme de rétablissement dans les deux ans suivant la date de l’acceptation de la désignation.
• Le présent document contient l’avis scientifique requis pour l’élaboration du programme de rétablissement. Il respecte les lignes générales exposées dans le Protocole révisé pour l’exécution des évaluations du potentiel de rétablissement (EPR) et est dérivé en partie d’une évaluation du stock de bocaccios, laquelle a été passée en revue par le Comité d’examen des évaluations scientifiques du Pacifique (CEESP), en octobre 2008. Le but précis de la présente EPR est de prévoir l’impact qu’auront d’éventuels niveaux de prélèvement sur l’abondance du bocaccio relativement à l’atteinte d’un état de stock cible. L’évaluation de l’état du stock et l’avis prévisionnel présentés dans le présent document sont conformes à l’actuelle politique du MPO en matière d’approche de précaution (AP).
• Le bocaccio est l’une des quelque 39 espèces de sébastes présentes dans les eaux de la C.-B. Le bocaccio est aussi appelé sébaste du Pacifique. Les bocaccios femelles arrivent à maturité à environ 7 ans, avec un temps de génération d’environ 20 ans. En C.-B., la population est considérée comme étant une seule unité désignable.
• On sait peu de choses à propos de la répartition des jeunes bocaccios dans les eaux de la C.-B., bien que l’on en ait capturés à des profondeurs subtidales dans les eaux près des rivages. Des études menées en Californie révèlent que les jeunes de l’année résident près de la surface pendant quelques mois, puis s’établissent dans les habitats littoraux et démersaux à la fin du printemps et en été. La plupart des juvéniles parvenus aux derniers stades de croissance et des adultes sont capturés à des profondeurs variant entre 60 et 340 m sur le plateau continental. La plupart des bocaccios meurent s’ils sont remis à l’eau après avoir été capturés. Le bocaccio ne semble pas avoir d’ « exigences en matière de résidence », telles que définies par la LEP.
• Une évaluation du bocaccio couvrant l’ensemble de la côte a été menée à l’aide d’un modèle bayésien de production excédentaire, lequel a été alimenté par les données provenant de six relevés indépendants de la pêche, les PUE associées à la pêche commerciale au chalut de fond et une reconstitution des prises depuis les années 1930. L’évaluation a été passée en revue par le CEESP en octobre 2008. Le présent document contient des révisions analytiques de la formulation du modèle qui ont nécessité un nouveau calcul des résultats principaux. Ces résultats sont indiqués dans le présent document.
• La tendance globale à long terme indiquée dans la version mise à jour a très peu changé par rapport à la version présentée au CEESP, la biomasse affichant un déclin progressif depuis les années 1930, le déclin le plus marqué étant survenu entre 1985 et 1995. Les estimations de l’état du stock se situent dans la zone de référence critique selon l’approche de précaution du MPO, et les états actuels absolu et relatif seraient inférieurs à ce qui a été présenté au CEESP. Les estimations moyennes et médianes de la biomasse en 2008 se chiffrent maintenant à 3 022 et à 2 324 t respectivement, les estimations comparables antérieures étant de 4 383 et de 3 252 t. Les estimations moyennes et médianes postérieures mises à jour de l’état du stock relatif (B08/BRMS) sont de 0,155 et de 0,111 respectivement, et étaient auparavant de 0,229 et de 0,166.
• On suppose que les prélèvements effectués par les pêches au poisson de fond commerciales représentent la principale source de mortalité anthropique actuelle. Les prises totales pour l’année de pêche 2007-2008 étaient de 135 t et de 17 t pour ce qui est des pêches au poisson de fond au chalut et à la ligne respectivement. Il s’agit de prises accidentelles qui ont lieu dans des pêches visant d’autres espèces. Les débarquements et les prises en mer (poissons conservés et rejetés) font l’objet d’une surveillance dans l’ensemble des pêches commerciales au poisson de fond, avec une couverture intégrale. On observe un rejet négligeable de poissons de taille inférieure à la taille réglementaire. Les prises des Premières nations et des pêcheurs récréatifs demeurent inconnues, mais sont vraisemblablement relativement faibles.
• Les prises enregistrées dans les eaux américaines peuvent avoir un impact sur la population de bocaccios vivant dans les eaux de la C.-B., mais l’importance de cet impact demeure inconnue. Les évaluations américaines récentes révèlent une certaine reconstitution des stocks dans les eaux américaines.
• Étant donné que le bocaccio semble être surtout une espèce semi-pélagique vivant en bancs et dont les densités les plus élevées (chez les adultes) sont observées le long du bord du plateau continental, et qu’il semble afficher une abondance bien inférieure comparativement aux effectifs qu’il affichait avant l’exploitation, nous ne disposons d’aucun fondement pour avancer que la disponibilité actuelle de l’habitat physique est un facteur qui en limite l’abondance. Cependant, des données récentes non publiées sur les déclins observés dans les concentrations d’oxygène dissous, qui semblent être corrélés avec des changements apparents dans la répartition de nombreuses espèces de poissons de fond vers des eaux moins profondes, peuvent constituer une source de préoccupation. Ces observations sont préliminaires, et leur importance à long terme demeure inconnue. On ne dispose d’aucune information pour soutenir le fait que le bocaccio a des exigences en matière de résidence, telles que définies par la LEP.
• La restriction des prises commerciales semble être la méthode la plus pratique à l’heure actuelle pour limiter les dommages occasionnés au bocaccio dans les eaux de la C.-B. Le mode de mise en œuvre des limitations des prises doit être défini en consultation avec l’industrie.
• Les cibles de rétablissement (c.-à-d. la biomasse cible, l’échéancier et la probabilité d’atteinte de la cible) doivent être élaborées pendant la phase de consultation. La série de tableaux de décisions fournie dans le présent document offre des prévisions des tendances relatives au stock selon diverses règles sur les prélèvements et un éventail d’hypothèses de modélisation. Ces tableaux présentent les compromis entre les différentes possibilités de cibles.
• Même si l’approche bayésienne utilisée dans l’évaluation constitue un mécanisme permettant d’inclure l’incertitude dans l’estimation de l’état actuel de la population, les gestionnaires ainsi que les intervenants ne doivent pas oublier que certaines sources d’incertitude n’ont pas été prises en considération et que l’incertitude véritable est encore plus grande avec les prévisions sur 20 ans et sur 40 ans, lesquelles augmentent encore l’incertitude. Ces prévisions soutiennent que la population réagira à l’environnement futur comme elle l’a fait à l’environnement passé, une hypothèse qui peut ne pas s’avérer en raison des effets du changement climatique cyclique ou à long terme et/ou d’autres processus externes.
• Malgré l’incertitude concernant l’évaluation et les prévisions, les prévisions à court terme sur un à deux ans indiquent que les prises commerciales de poissons de fond actuelles d’environ 150 t par année n’augmenteront pas de manière significative le risque pesant sur la population, ce qui laisse sous-entendre qu’il n’est pas nécessaire de raccourcir l’échéancier requis pour la mise en œuvre d’un plan de rétablissement et d’un plan d’action (le cas échéant). Cependant, les prévisions à plus long terme fondées sur les tableaux de décisions présentés dans le présent document laissent sous-entendre qu’une réduction des prélèvements par rapport aux niveaux actuels est nécessaire si l’on veut augmenter de façon importante la probabilité d’accroissement démographique.

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