Avis scientifique 2009/041
Évaluation du potentiel de rétablissement du sébaste canari dans les eaux de la Colombie-Britannique
Sommaire
- Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné la population de sébastes canaris de la C.-B. comme étant menacée. Le gouvernement du Canada doit prendre une décision finale d’ici décembre 2010. Si la désignation de population menacée est acceptée, il faudra élaborer un programme de rétablissement dans les deux ans suivant la date de l’acceptation de la désignation.
- Le présent document contient l’avis requis pour l’élaboration du programme de rétablissement. Il respecte les lignes générales exposées dans le Protocole révisé pour l’exécution des évaluations du potentiel de rétablissement (EPR). Le but précis de la présente EPR est de prévoir l’impact qu’auront d’éventuels niveaux de prélèvement sur l’abondance du sébaste canari relativement à l’atteinte d’un état de stock cible. L’évaluation de l’état du stock et l’avis prévisionnel présentés dans le présent document sont conformes à l’actuelle politique du MPO en matière d’approche de précaution (AP).
- Le sébaste canari est l’une des quelque 39 espèces de sébastes présentes dans les eaux de la C.-B. Les sébastes canaris femelles arrivent à maturité à environ 14 ans, avec un temps de génération de 20,4 ans. En C.-B., la population est considérée comme étant une seule unité désignable.
- On sait peu de choses à propos de la répartition des jeunes sébastes canaris dans les eaux de la C.-B., bien que l’on en ait capturé à l’aide de filets maillants à des profondeurs subtidales dans les eaux situées près du rivage. Ils semblent gagner des eaux plus profondes au fur et à mesure que leur âge et leur poids augmentent. La plupart des juvéniles parvenus aux derniers stades de croissance et des adultes sont capturés à des profondeurs variant entre 100 et 225 m sur le plateau continental. La plupart des sébastes canaris meurent s’ils sont remis à l’eau après avoir été capturés. Le sébaste canari ne semble pas avoir d’exigences en matière de résidence, telles que définies par la LEP.
- Une évaluation du sébaste canari couvrant l’ensemble de la côte a été menée à l’aide d’un modèle des prises selon l’âge, lequel a été alimenté par des données provenant de cinq relevés indépendants de la pêche ainsi que des données sur la composition selon l’âge provenant de la pêche commerciale. On a utilisé l’approche bayésienne pour incorporer de façon explicite l’incertitude du modèle et des données dans les résultats de l’évaluation. La modélisation a débuté à partir d’un état d’équilibre, en 1940; les données des relevés indépendants de la pêche couvrent une période allant de 1967 à 2007, bien que ce ne soit pas toutes les années comprises dans cette période qui soient représentées dans les relevés. L’ensemble du modèle et des résultats a été passé en revue à l’automne 2007 par le Comité d’examen des évaluations scientifiques du Pacifique (CEESP). La présente EPR a été examinée par le CEESP en juin 2008.
- Les trois passages de modèle acceptés par le CEESP indiquent que la biomasse reproductrice actuelle se trouve fort vraisemblablement dans la zone de prudence, telle que définie par les points de référence exposés dans les documents de l’ébauche de politique de l’AP du MPO. Les valeurs moyennes prévues pour la biomasse reproductrice actuelle se situent, selon les estimations, entre 0,15 et 0,22 de B0, même si la fourchette crédible pour l’état du stock est plus large, s’échelonnant de 0,07 à 0,31. L’estimation moyenne de B2008/BRMS varie de 0,49 à 0,73 pour les trois passages de modèle. Cependant, on maintient une grande incertitude à l’égard de ces estimations.
- On suppose que les prélèvements effectués dans les pêches au poisson de fond commerciales représentent la principale source de mortalité anthropique actuelle. Le total des prises de poissons de fond des pêches commerciales (poissons conservés et rejetés) a atteint 751 t pour la saison de pêche 2007-2008. Les débarquements et les prises en mer (poissons conservés et rejetés) font l’objet d’une surveillance dans l’ensemble des pêches commerciales au poisson de fond, avec une couverture de 100 %. On observe un rejet négligeable de poissons de taille inférieure à la taille réglementaire. Les prises de sébastes canaris pendant les activités de pêche au saumon à la traîne, les pêches des Premières nations ou les pêches récréatives demeurent inconnues, mais sont probablement relativement faibles comparativement aux prises de poissons de fond des pêches commerciales.
- Les prises enregistrées dans les eaux américaines peuvent avoir un impact sur la population de sébastes canaris vivant dans les eaux de la C.-B., mais l’importance de cet impact demeure inconnue. Les évaluations américaines récentes révèlent une reconstitution lente des stocks de sébastes canaris dans les eaux américaines.
- Étant donné que le sébaste canari semble être surtout une espèce semi-pélagique vivant en bancs et dont les densités les plus élevées (chez les adultes) sont observées le long du bord du plateau continental, et qu’il semble afficher une abondance bien inférieure aux effectifs qu’il affichait avant l’exploitation, nous ne disposons d’aucun fondement pour avancer que la disponibilité actuelle de l’habitat physique est un facteur qui en limite l’abondance. Cependant, des données récentes non publiées sur les déclins observés dans les concentrations d’oxygène dissous, qui semblent être corrélés avec des mouvements apparents dans la répartition de nombreuses espèces de poissons de fond vers des eaux moins profondes, peuvent constituer une source de préoccupation. Ces observations sont préliminaires, et leur importance à long terme demeure inconnue. On ne dispose d’aucune information pour soutenir le fait que le sébaste canari a des exigences en matière de résidence, telles que définies par la LEP.
- Le contrôle des prélèvements de sébastes canaris par les pêcheurs commerciaux semble être la façon la plus efficace d’atténuer les menaces pesant sur cette population. Il est possible que, dans certaines circonstances, des changements de la réglementation concernant les engins utilisés ou les profils de pêche peuvent apporter des avantages modestes qui s’ajouteront aux mesures générales prises pour réduire les prises. Il est préférable que de tels scénarios soient examinés pendant les consultations avec les pêcheurs.
- Comme la restriction des prises des pêches commerciales semble être la méthode la plus pratique à l’heure actuelle pour limiter les dommages causés au sébaste canari dans les eaux de la C.-B, les mécanismes utilisés pour mettre en œuvre les propositions de limitation des prises doivent être définis en consultation avec l’industrie.
- La série de tableau de décisions fournie dans le présent document expose les prévisions concernant les tendances qu’affichera le stock selon diverses règles sur les prélèvements fixes établies selon un éventail d’hypothèses de modélisation. Ces tableaux exposent les compromis nécessaires selon les trois cibles de rétablissement (c.-à-d. la biomasse cible, l’échéancier et la probabilité d’atteinte de la cible). Ces cibles seront élaborées pendant la phase de consultation.
- Même si l’approche bayésienne utilisée dans l’évaluation constitue un mécanisme permettant d’inclure l’incertitude dans l’estimation de l’état actuel de la population, les gestionnaires ainsi que les intervenants ne doivent pas oublier que certaines sources d’incertitude n’ont pas été prises en considération. L’incertitude réelle est encore plus grande avec les prévisions, qui augmentent encore l’incertitude. Ces prévisions soutiennent que la population réagira à l’environnement futur comme elle l’a fait dans le passé, une hypothèse qui peut ne s’avérer en raison des effets du changement climatique et/ou d’autres processus externes.
- Malgré l’incertitude concernant l’évaluation et les prévisions, les prévisions à court terme sur un à deux ans indiquent que les prises actuelles de poissons de fond par les pêcheurs commerciaux, qui sont d’environ 750 t par année, n’augmenteront pas de manière importante le risque pesant sur la population, ce qui laisse sous-entendre qu’il n’est pas nécessaire de raccourcir l’échéancier requis pour la mise en œuvre d’un programme de rétablissement et d’un plan d’action (le cas échéant). Cependant, les prévisions à plus long terme fondées sur les tableaux de décisions laissent sous-entendre qu’une réduction des prélèvements actuels est nécessaire si l’on veut augmenter de façon importante la probabilité d’accroissement démographique et accélérer la reconstitution du stock.
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