Avis scientifique 2010/034
État de l’océan Pacifique 2009
Sommaire
- Le présent rapport est le onzième d’une série annuelle décrivant l’état des ressources physiques, biologiques et de certaines ressources halieutiques des écosystèmes des eaux canadiennes du Pacifique. Un des événements marquants de 2009 fut un taux de retour du saumon rouge beaucoup plus faible que prévu. Il s’avère difficile de prévoir avec exactitude les remontes du saumon car il existe peu de données sur le saumon entre la période de frai des adultes en eau douce et celle du retour de la génération suivante dans les eaux de la Colombie-Britannique. Les prévisions scientifiques des remontes du saumon rouge se fondent principalement sur la relation empirique entre l’effectif du stock (géniteurs, remontes ou saumoneaux, selon le stock) et le recrutement subséquent. Pour 2009, on prédit, avec une probabilité de 90%, que la remonte totale de saumon rouge serait entre 3.5 et 37.6 millions. Cependant, la remonte actuelle totalisa moins de 2 millions.
- La température de l’océan au large de la côte ouest du Canada était plus fraîche que la normale au début de 2009 mais s’est réchauffée durant l’été et l’automne. Au début 2010, la température de la plupart des régions le long de la côte ouest canadienne et américaine était supérieure à la normale. Ce réchauffement fut probablement provoqué par un changement des conditions La Niña à celles de El Niño dans le Pacifique tropique et par un changement de la température océanique dans l’ensemble de l’océan Pacifique nord, connu sous le nom d'oscillation décennale du Pacifique. La force du courant du Pacifique nord a diminué depuis son maximum en 2008. Ce courant vers l’est se divise en deux branches à l’approche de la côte ouest de l’Amérique du Nord: le courant de l’Alaska qui coule vers le nord et le courant de Californie qui se dirige vers le sud. La force du courant de l’Alaska en 2009 était la plus forte jamais observée pendant les huit ans d’observation continuelle provenant du programme international Argo.
- Les zooplanctons sont de petits animaux portés par les courants marins. On pense que le type de zooplancton disponible détermine la croissance et le taux de survie des juvéniles de plusieurs espèces marines endémiques. Au printemps de 2009, les espèces au large de la côte de l’Orégon et de la Colombie-Britannique comprenaient surtout des espèces d’eaux fraîches qui pourraient être une meilleure source de nourriture pour la vie marine endémique (indigène). Ces zooplanctons d’eau fraîche prédominèrent durant ces trois dernières années de température océanique plus fraîche. Cependant, à la fin de l’été 2009, les espèces d’eau chaude sont devenues les plus nombreuses le long de la partie extérieure du plateau continental du sud de l’île de Vancouver. Il se peut que cette dominance du zooplancton d’eau fraîche contribuât au succès de la reproduction de plusieurs espèces endémiques d’oiseaux marins à l’île Triangle et dans la réserve naturelle Pacific Rim. Les relevés de mai 2008 et 2009 ont révélé une augmentation du nombre de crevettes roses (lisses) au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, par rapport aux très faibles abondances entre 2004 et 2007. Il semble que ces augmentations correspondent à la présence d’eau relativement froide lorsque les crevettes étaient jeunes ainsi qu’à la faible abondance du merlu du Pacifique. Bon nombre de saumons juvéniles issus du fleuve Colombia et de la côte ouest de l’île de Vancouver était de plus grande taille ou plus nombreux, ou les deux, au printemps et au début de l’été 2009, mais leur taux de croissance pendant l’été et le début de l’automne fut faible. La faible biomasse du hareng adulte au large de l’île de Vancouver peut être attribué à plusieurs facteurs, y inclus les températures chaudes océaniques précédant 2007 lorsque ces adultes étaient jeunes et plus sensibles aux températures océaniques et aux prédateurs et proies associés à ces conditions. Il semble que les températures océaniques plus basses ont entraîné des prises de thon blanc inférieures à la normale dans les eaux canadiennes en 2009. Tel qu’indiqué ci-dessus, plusieurs espèces le long de la côte ouest de l’île de Vancouver semblent être sensibles aux changements interannuels de température océanique; ce lien n’est toutefois pas aussi évident ailleurs où l’arrivée des conditions printanières ou la présence de prédateurs pourrait être plus pertinent. Par exemple, le hareng du détroit de Géorgie est relativement abondant et les variations annuelles de sa biomasse ne suivent pas les changements de température.
- En 2009, un nombre record de calmars de Humboldt est apparu au large de la côte ouest. Ils abondaient à une profondeur de quelques centaines de mètres, au large de plateau continental, parmi les bancs de merlu du Pacifique, et il est probable qu’ils s’alimentaient de merlu. Plusieurs de ces calmars furent aussi observés plus près de la rive et on en a trouvé plusieurs morts sur les plages de la côte ouest. La biomasse du merlu du Pacifique au large de la côte canadienne semblait basse, mais le nombre de calmars parmi eux a rendu l’évaluation difficile.
- Plusieurs points saillants portent sur les eaux de la partie centrale et nord de la Colombie-Britannique qui forme la Zone de gestion intégrée de la côte nord du Pacifique (ZGICNP). Cette région s’est réchauffée plus tard dans l’année que les côtes de l’Orégon, Washington et du sud de la Colombie-Britannique. Les espèces de zooplancton retrouvées ici étaient également composées en majeure partie d’espèces d’eau froide. Il existe trois stocks de hareng dans la ZGICNP et la biomasse des trois stocks est plutôt faible. Leur biomasse pourrait augmenter si l’abondance du merlu reste faible. Le taux d’abondance du saumon quinnat de la côte centrale et nord semble remonter après le faible taux de 2008.
- La température de surface est restée généralement au dessus de la normale aux stations de phares dans le détroit de Géorgie et de Juan de Fuca en 2009, mais les eaux sous la surface sont demeuré plutôt fraîches. De fortes concentrations de phytoplancton ont été observées durant le relevé effectué à bord d’un navire en avril dans le détroit de Géorgie et en été dans le détroit de Juan de Fuca. Ces concentrations consistaient surtout de diatomées, la norme pour ces régions. Les observations satellite fournissent une estimation de la concentration de phytoplancton à la surface de l’océan même lorsque l’échantillonnage à bord de navire n’est pas disponible. Ces observations satellitaires révèlent que l’arrivée précoce d’une prolifération phytoplanctonique dans le détroit de Géorgie est souvent associée à une prolifération dans le détroit de Malaspina et aussi dans le bras de mer Jervis. Cette prolifération prend parfois la forme d’un dragon lorsqu’on l’observe à partir de l’espace, et a donc acquis le nom de « Dragon de Malaspina ». Ces mesures satellitaires sont devenues disponibles en 2001 et le dragon est apparu en 2005, 2008 et 2009.
- En dernier lieu, la mesure des contaminants dans les carottes extraites du fond du détroit de Géorgie indique des changements antérieurs de la concentration relative des contaminants dans cette région. La concentration de la plupart des contaminants qui ont été bannis depuis plusieurs années, tel que le plomb dans l’essence et les BPCs, diminue. En revanche, la concentration des éthers diphényliques polybromés EDP provenant de produits ignifuges augmente rapidement dans les sédiments malgré son interdiction récente au Canada.
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