Avis scientifique 2010/042
Évaluation du potentiel de rétablissement de la tortue coauanne (Caretta caretta) au Canada atlantique
Sommaire
- On ne dispose pas actuellement d’estimations de l’abondance de la tortue coauanne dans les eaux du Canada atlantique. La rareté des données ne permet pas d’évaluer l’abondance de la population de cette espèce dans l’habitat océanique de l’ensemble de l’Atlantique Nord‑Ouest. Toutefois, comme les femelles sont fidèles à leur lieu de nidification, les tendances au sujet des nids peuvent servir d’indicateur approximatif de l’abondance des femelles adultes. Le nombre total estimé de nids sur les plages de nidification de l’Atlantique Nord-Ouest a fluctué entre 47 000 et 90 000 nids par an au cours de la dernière décennie. Le nombre de nids semble avoir décliné depuis 1998, en particulier dans la plus grande zone de nidification de l’Atlantique (la péninsule floridienne).
- L’aire de répartition estimée de la tortue coauanne dans les eaux canadiennes de l’Atlantique commence au banc Georges, longe le bord du plateau néo‑écossais et les Grands Bancs, puis s’étend jusqu’aux limites de la zone économique exclusive, avec des incursions occasionnelles dans les eaux du plateau.
- L’habitat de la tortue coauanne dans les eaux canadiennes de l’Atlantique semble être défini en partie sur les plans géographique et temporel par la température à la surface de la mer. Cette tortue fréquente les eaux dont la température est supérieure à 15 °C et se situe de préférence entre 20 et 25 °C; elle a une prédilection pour la dynamique thermique des eaux de l’accore du plateau et du large. On pense que la tortue coauanne utilise surtout l’habitat des eaux canadiennes de l’Atlantique dans sa quête de nourriture.
- Faute d’indices sur la population au Canada, il n’a pas été possible pour le moment de fixer un objectif de rétablissement concernant l’abondance. À cet égard, il serait raisonnable de viser un accroissement de l’effectif de la population sur trois générations. Sur le plan pratique, une bonne stratégie de gestion (objectif secondaire) pourrait consister à faire en sorte que les taux de mortalité et les dommages dus à des activités humaines canadiennes n’atteignent pas des niveaux qui nuiraient au rétablissement de la population (et à ce qu’ils restent égaux ou inférieurs à leurs niveaux actuels jusqu’à ce qu’on puisse déterminer quels seraient effectivement les niveaux qui n’entraveraient pas le rétablissement de la population). Enfin, s’agissant de la répartition de l’espèce, il serait raisonnable de viser comme objectif de rétablissement le maintien de la répartition actuelle, car rien n’indique que l’aire de répartition de la tortue coauanne ait diminué.
- La seule source avérée de dommage ou de mortalité d’origine humaine parmi les tortue coauannes dans les eaux canadiennes – qu’on considère fréquentées surtout par des tortue coauannes juvéniles au stade océanique ou néritique (voir la rubrique Sources d’incertitude) – est la pêche canadienne du thon et de l’espadon à la palangre. D’après un modèle d’estimation par quotient, on a estimé à 1 200 le nombre de tortue coauannes (intervalle de confiance de 95 % : 700‑1 800) capturées chaque année dans la pêche canadienne du thon et de l’espadon à la palangre entre 2002 et 2008. Si on tient pour acquis que le taux de mortalité des tortue coauannes accrochées par des hameçons se situe entre 20 et 45 %, la mortalité causée par cette pêche parmi les juvéniles au stade océanique ou néritique serait de 200 à 500 individus.
- Le plan de rétablissement établi par les États-Unis situe approximativement la mortalité annuelle totale (essentiellement due aux captures accessoires mais aussi à des collisions avec des navires, aux activités de dragage, à l’emmêlement dans des engins de pêche et à la pollution par les hydrocarbures) au cours de la dernière décennie entre 10 000 et 100 000 tortue coauannes juvéniles au stade océanique et entre 14 000 et 140 000 tortue coauannes juvéniles au stade néritique.
- Il existe des mesures d’atténuation et des solutions de rechange possibles pour réduire la menace posée par la pêche du thon et de l’espadon à la palangre (concernant, par exemple, le type et la grosseur des hameçons, le temps de mouillage et le type d’appât). De plus amples études sont nécessaires pour évaluer leur efficacité.
- Il ressort des études de modélisation des populations qui ont été publiées que la population de tortue coauannes de l’Atlantique Nord‑Ouest continuera vraisemblablement de décliner, compte tenu des estimations actuelles de ses taux de croissance et des effets de la mortalité d’origine humaine. Toutefois, ces études révèlent aussi qu’il y a des possibilités de rétablissement de cette population si la mortalité totale est réduite.
- Il est très peu probable que la réduction ou l’élimination de la mortalité dans les eaux canadiennes suffisent à elles seules à permettre le rétablissement de l’espèce. En plus de réduire les menaces qui pèsent contre la tortue coauanne dans les eaux canadiennes, il faut aussi faire appel à la coopération internationale pour réduire les menaces auxquelles fait face la population dans son ensemble afin de parvenir au rétablissement de l’espèce.
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