Avis scientifique 2010/046
Impact des immersions en mer sur l’habitat essentiel des épaulards (Orcinus Orca) résidents – La science à l’appui de la gestion des risques
Sommaire
- Les épaulards résidents des eaux côtières de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington sont fortement contaminés par les polluants organiques persistants (POP), y compris les biphényles polychlorés (BPC), qui sont des substances interdites.
- Les populations du Nord et du Sud d’épaulards résidents sont inscrites en tant que populations menacée et en voie de disparition respectivement en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada, laquelle interdit de tuer ou de harceler un individu d’une espèce inscrite (article 32; annexe 1) et protège l’ensemble de l’habitat essentiel de ces espèces contre toute destruction (article 58; annexe 1).
- On a élaboré un outil de modélisation des BPC dans le réseau trophique pour examiner des scénarios hypothétiques concernant l’immersion en mer de sédiments dragués, évaluer les risques de contamination associés à d’éventuelles pratiques d’immersion sur les épaulards résidents et leur habitat et faciliter l’élaboration de pratiques et de protocoles de gestion du risque.
- Les résultats de la modélisation de la bioamplification des BPC dans le réseau trophique à partir de sédiments échantillonnés confirment que les épaulards de la C.-B. sont fortement vulnérables aux effets de la bioamplification des BPC.
- Même si le Canada a interdit l’utilisation des BPC il y a plus de 30 ans, ces contaminants persistants sont toujours présents dans les sédiments et affectent encore le biote.
- La sédimentation naturelle provoque l’enfouissement des sédiments contaminés par les BPC, mais le phénomène des mélanges provoqués par les animaux benthiques peut faire en sorte que des sédiments plus anciens et davantage contaminés demeurent près de la surface, ce qui ralentit le processus de réduction des concentrations de BPC dans les sédiments de surface et prolonge l’exposition des réseaux trophiques aux BPC.
- Comme les épaulards sont des animaux longévifs et qu’ils transfèrent une partie de leur charge en contaminants à leur descendance, il faudra attendre des décennies avant d’observer une réduction importante des concentrations de BPC chez ces animaux.
- L’immersion de matériaux contenant des concentrations de BPC inférieures aux concentrations ambiantes sur le site récepteur ne devrait pas accroître l’apport de BPC chez les épaulards et peut contribuer à enfouir les BPC ambiants.
- L’immersion de matériaux de dragage contenant des BPC à des concentrations supérieures aux concentrations ambiantes dans l’habitat essentiel des épaulards en particulier et, dans une mesure moindre, dans leur habitat en général devrait accroître les apports de BPC dans les réseaux trophiques des épaulards.
- L’immersion de matériaux contenant des concentrations de BPC supérieures aux concentrations ambiantes devrait tirer profit d’une autre stratégie, y compris l’immersion à un site où le taux de sédimentation naturelle est élevée tant et aussi longtemps que ce nouveau site est considéré comme étant approprié et que les matériaux de dragage ne sont pas dispersés davantage. Cela contribuerait ultimement à enfouir ces BPC et à réduire l’exposition générale aux BPC dans l’habitat des épaulards.
- L’adoption d’une approche au cas par cas pour l’émission de permis en vertu de la LEP et la formulation d’avis sur l’immersion en mer serait l’idéale pour permettre l’évaluation des effets possible d’une activité d’immersion particulière sur les épaulards et leur habitat.
- Afin d’améliorer la caractérisation fondée sur le risque des activités d’immersion en mer, on utilisera des techniques d’étude des congénères spécifiques (haute résolution) pour mesurer les concentrations de BPC. En outre, il faudra ajouter à la liste des contaminants dont la concentration doit être mesurée avant d’être immergés en mer d’autres contaminants prioritaires (p. ex. PBDE ignifuges et autres substances ignifuges de rechange), particulièrement s’ils sont reliés aux préoccupations visées par la LEP et aux espèces inscrites à la liste de la LEP.
- Les résultats de cet exercice de modélisation laissent sous-entendre qu’une fourchette cible de concentrations de BPC dans les sédiments allant de 0,012 à 0,2 μg kg-1 en poids sec pourrait assurer une protection optimale des épaulards. Cependant, ces concentrations prudentes de BPC dans les sédiments sont actuellement dépassées dans de nombreux secteurs côtiers de la C.-B.
- Une meilleure compréhension des voies empruntées par les BPC dans les eaux côtières, y compris les sources, les pièges, les taux de sédimentation et les types de substrats, tant sur les sites de dragage que sur les sites d’immersion, nous permettra de prendre des décisions mieux éclairées sur le risque associé au devenir probable et aux conséquences des activités d’immersion dans l’habitat essentiel des épaulards.
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