Avis scientifique 2010/047
Évaluation du potentiel de rétablissement du Lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) au Canada
Sommaire
- L’aire de répartition actuelle et historique du lépisosté tacheté se limite à sept emplacements distincts situés dans le bassin des Grands Lacs : lac Sainte-Claire, parc national de la pointe-Pelée, baie Rondeau, baie Long Point, Hamilton Harbour, lac East et canal North. Quatre de ces emplacements sont représentés par une même observation (lac Sainte-Claire, Hamilton Harbour, lac East et canal North) (figure 1). L’effectif actuel des populations de lépisostés tachetés demeure inconnu.
- Le lépisosté tacheté adulte vit habituellement dans les eaux peu profondes de milieux humides, de marais ou de zones riveraines inondées (observations canadiennes faites à des profondeurs allant de 0,23 à 2,6 m). Une végétation dense semble être un élément essentiel de l’habitat de prédilection du lépisosté tacheté adulte. On dispose de très peu de données sur les exigences en matière d’habitat du lépisosté tacheté aux stades de jeune de l’année et de juvénile, et c’est pourquoi il a fallu déduire ces exigences à partir de celles correspondant aux adultes. Le frai a lieu dans des zones situées près du rivage, adjacentes à l’habitat de prédilection des adultes.
- Pour obtenir une probabilité de persistance de ~99 %, en supposant une probabilité de déclin catastrophique (50 % diminution en abondance) de 15 %, il faut ~1 400 lépisostés tachetés adultes et au moins 360 ha d’habitat approprié. La définition du terme « disparition » a une forte incidence sur la taille de la population minimale viable (PMV). Si l’on suppose un seuil de disparition de 10 femelles, la population minimale viable s’établit alors à ~14 000 adultes nécessitant 3 500 ha. Le risque de disparition augmente de façon exponentielle lorsque l’habitat approprié équivaut ou est inférieur à la superficie minimale pour assurer la viabilité de la population.
- En l’absence de dommages supplémentaires ou d’efforts de rétablissement, une population se situant à 10 % de la population minimale viable affiche une probabilité de rétablissement de 95 % en 45 à 66 ans (selon la fréquence des événements catastrophiques). Une augmentation de la survie des jeunes de l’année et des juvéniles (stratégie la plus efficace) de seulement 10 % améliore le temps de rétablissement, qui s’établit alors entre 23 et 29 ans.
- Les plus grandes menaces pesant sur la survie et la persistance du lépisosté tacheté au Canada sont associées à la modification et à la destruction de l’habitat, à l’enlèvement de la végétation aquatique, à l’augmentation des charges en éléments nutritifs et à l’augmentation de la turbidité et des charges en sédiments attribuables aux activités d’aménagement à des fins agricoles et urbaines. Des menaces moins importantes peuvent avoir une incidence sur la survie du lépisosté tacheté, notamment l’introduction d’espèces exotiques ainsi que les prises accessoires des pêcheurs de poissons-appâts, récréatifs et commerciaux.
- Les dommages cumulatifs affectant la survie annuelle des jeunes de l’année et des juvéniles ne doivent pas dépasser 8 %. Les dommages cumulatifs touchant la survie des adultes ou la reproduction ne doivent pas dépasser 14 ou 16 % respectivement. Les dommages qui affecte de multiples stades biologiques doivent être limités davantage. Ainsi, les dommages cumulatifs touchant la survie de tous les stades de développement ne doivent pas dépasser 5 %. Le temps de rétablissement est allongé de façon exponentielle par tout degré de dommage supérieur ou inférieur à ces seuils.
- De nombreuses sources d’incertitude demeurent concernant la taille des populations de lépisostés tachetés, leur structure et le niveau de connectivité entre celles-ci. On dispose de très peu d’information sur l’habitat de prédilection des lépisostés tachetés juvéniles. De nombreuses menaces ont été recensées pour le lépisosté tacheté, mais on ignore quels sont les impacts directs de ces menaces sur les populations de lépisostés tachetés.
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