Avis scientifique 2010/073
Évaluation du potentiel de rétablissement de la ligumie pointue (Ligumia nasuta), de la troncille pied-de-faon (Truncilla donaciformis), de la mulette feuille d’érable (Quadrula quadrula) et de la villeuse irisée (Villosa iris) au Canada
Sommaire
- On sait que la ligumie pointue est actuellement présente dans la baie Long Point, dans le ruisseau Lyn et dans le delta de la rivière Sainte-Claire. À l’heure actuelle, on ignore si les populations reproductrices sont présentes dans le lac Beaver ou la rivière Grand. On estime que la ligumie pointue a disparu des Grands Lacs et de leurs grandes voies interlacustres.
- La troncille pied-de-faon occupe actuellement la région des rivières Grand, Sydenham et Thames. Un seul spécimen a été observé dans la rivière Saugeen et dans le delta de la rivière Sainte-Claire. On estime que la troncille pied-de-faon a disparu des Grands Lacs et de leurs grandes voies interlacustres.
- L’aire de répartition de la mulette feuille d’érable au Canada est divisée en deux unités désignables (UD) : la population des Grands Lacs et de l’ouest du Saint-Laurent (UD de l’Ontario) et la population des rivières Saskatchewan et Nelson (UD du Manitoba). En Ontario, l’espèce est présente dans les rivières Ausable, Grand, Ruscom, Sydenham, Thames et Welland ainsi qu’au havre Jordan. Un seul spécimen a été observé dans la rivière Bayfield et dans le delta de la rivière Sainte-Claire. On sait qu’au Manitoba la mulette feuille d’érable occupe actuellement la rivière Assiniboine, mais la présence d’une population reproductrice dans l’ensemble des autres cours d’eau est inconnue.
- On sait que la villeuse irisée est présente dans les rivières Ausable, Bayfield, Grand, Maitland, Moira, Saugeen, Sydenham, Thames et Trent ainsi que dans le delta de la rivière Sainte-Claire. On ignore actuellement si une population de villeuse irisée est présente dans la rivière Salmon.
- Les branchies d’un poisson-hôte approprié constituent l’habitat essentiel pour les glochidies de l’ensemble de ces espèces.
- L’habitat de prédilection des ligumies pointues adultes comprend les zones littorales et abritées des Grands Lacs ainsi que l’étale de courant des cours d’eau à débit lent.
- On trouve généralement les troncilles pied-de-faon dans des cours d’eau de taille moyenne à grande, à des profondeurs allant de moins d’un mètre à plus de cinq mètres.
- La répartition actuelle de la mulette feuille d’érable adulte au Canada indique que cette espèce est habituellement observée dans la partie inférieure de cours d’eau de moyenne ou de grande envergure. Les débits d’eau ne semblent pas être un facteur limitatif pour cette espèce du fait que l’on trouve à la fois dans les cours d’eau à débit lent et à débit rapide.
- Bien que, historiquement, la villeuse irisée ait été présente dans la zone littorale des Grands Lacs et dans leurs voies interlacustres, l’introduction de la moule zébrée a refoulé cette espèce dans les petits ruisseaux et cours d’eau et dans le delta de la rivière Sainte-Claire. On peut trouver la villeuse irisée dans les parties intermédiaires et supérieures des réseaux hydrographiques, à l’intérieur ou à proximité de bancs et, de façon générale, dans les zones affichant des débits allant de modérés à élevés.
- La sensibilité de la croissance de la population de moules d’eau douce aux perturbations peut être prévue grâce aux caractéristiques du cycle biologique.
- La croissance des populations de moules d’eau douce est particulièrement sensible à la survie des adultes et des juvéniles établis.
- La croissance de la population de troncille pied-de-faon est plus sensible aux changements touchant les caractères de reproduction (âge à la maturité, fécondité et survie des glochidies) que celle des populations de mulette feuille d’érable, de ligumie pointues ou de villeuse irisée.
- L’incertitude entourant les estimations du cycle biologique est la plus élevée pour la survie des glochidies et des juvéniles au stade précoce. Les taux d’infestation des hôtes et l’incidence qu’a la densité des hôtes sur ces taux sont des sujets particulièrement sous‑étudiés.
- La plus grande menace pesant sur la survie et la longévité des moules d’eau douce est attribuable à l’introduction et l’établissement de moules de la famille des dreissénidés et à la diminution de la qualité de l’habitat disponible pour les moules d’eau douce. En outre, on dispose de données démontrant que la baisse de la qualité de l’eau, notamment l’accroissement de la turbidité et des solides en suspension, l’augmentation de la charge en éléments nutritifs et l’accroissement des concentrations de contaminants et de substances toxiques, limitent également la répartition des moules d’eau douce. Parmi les autres menaces figurent la modification des régimes d’écoulement et la disparition ou la modification de l’habitat. En raison de la nature parasitique obligatoire du cycle de reproduction des moules, toute menace entraînant une séparation des moules et des poissons-hôtes durant la reproduction peut nuire aux populations de moules. Parmi les menaces secondaires, mentionnons la prédation, les prélèvements et les activités récréatives.
- Il reste de nombreuses sources d’incertitudes relativement au cycle biologique, aux exigences en matière d’habitat des juvéniles, à la répartition et à l’abondance des poissons-hôtes ainsi qu’au chevauchement de l’aire de répartition des moules d’eau douce et de celle des poissons-hôtes. De plus, on comprend mal les menaces qui ont une incidence sur le déclin des populations de moules d’eau douce. De nombreux paramètres nécessaires à la modélisation des populations de moules d’eau douce demeurent inconnus, comme la survie des glochidies, la survie des juvéniles et les taux de croissance de la population. Enfin, on connaît mal la relation qui existe entre la densité de la population hôte et la fréquence du parasitage de celle-ci par les moules.
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