Avis scientifique 2010/091
Évaluation du stock de phoques gris (Halichoerus Grypus) du Nord-Ouest de l’Atlantique
Sommaire
- Le phoque gris forme une population génétiquement unique que l’on peut diviser en trois groupes à des fins de gestion d’après l’emplacement des sites de reproduction. La plupart des petits (81 %) naissent sur l’île de Sable, 15 % dans le golfe et 4 % le long de la côte de la Nouvelle‑Écosse. Cette répartition a évolué au fil du temps, avec un déclin dans la proportion de la population née sur les glaces comparativement à celle née sur les petites îles et une augmentation de la proportion des animaux nés sur la côte de la Nouvelle‑Écosse, comparativement à ceux nés dans le golfe.
- En 2010, la production totale de petits phoques gris du Nord-Ouest de l’Atlantique s’établissait à 76 300 individus (ET = 6 500). Cela comprend 62 000 petits (ET = 600) nés sur l’île de Sable, 3 000 (ET = 100) nés le long de la côte de la Nouvelle‑Écosse et 11 300 (ET = 6 400) nés dans le golfe du Saint‑Laurent.
- La production de petits sur l’île de Sable s’est accrue à un rythme exponentiel de 12,8 % par année entre les années 1970 et 1997. Toutefois, depuis 1997, les relevés indiquent qu’il y a eu un déclin dans le taux d’augmentation d’environ 4 % par année entre 2007 et 2010. La production de petits le long de la côte de la Nouvelle‑Écosse s’est également accrue, passant de quelques centaines d’individus au début des années 1990 à environ 3 000 individus en 2007 et en 2010. Cependant, le nombre de petits nés dans les petites colonies reproductrices du sud‑ouest de la Nouvelle‑Écosse a doublé entre 2007 et 2010, et on a observé une expansion des colonies aux îles adjacentes. La production de petits dans le golfe a varié davantage. Elle est passée d’environ 7 000 individus en 1984 à 11 000 petits en 1996, mais fluctue entre 6 100 et 15 600 individus depuis cette date.
- On observe, sur l’île de Sable, une augmentation de l’âge des primipares ainsi qu’une réduction de la survie apparente des juvéniles depuis une décennie. Par exemple, la proportion d’individus de cinq ans apparaissant pour la première fois avec un petit a décliné, passant de 30 % pendant la période s’étendant de 1985 à 1989 à 12 % durant la période allant de 1998 à 2002. Dans le troupeau du golfe, l’âge moyen des primipares est de cinq ans. Cet âge n’a pas changé depuis la fin des années 1960, pas plus qu’il n’y a eu de changement observé au fil du temps dans les taux de gestation selon l’âge. On ne possède aucune donnée sur les taux de gestation selon l’âge pour la côte de la Nouvelle‑Écosse.
- Les prélèvements effectués au sein de la population au cours des cinq dernières années comprennent des individus capturés dans le cadre de la chasse commerciale ou à des fins scientifiques, des prélèvements de phoques nuisibles et des prises accidentelles dans les pêches commerciales. Les estimations du nombre d’individus abattus en tant que phoques nuisibles sont incomplètes. Aucune donnée n’est disponible sur les prises accidentelles, mais on estime que ce chiffre n’est pas élevé.
- On incorpore les relevés des petits effectués environ tous les quatre ans, combinés avec les estimations des taux de reproduction selon l’âge et les prélèvements, dans un modèle de la population bayésien afin de déterminer l’abondance totale. La variabilité associée aux paramètres du modèle ainsi que les changements potentiels dans les taux de mortalité naturelle attribuables aux changements dans les conditions environnementales augmentent l’incertitude des estimations de la population dans le golfe. Une incertitude supplémentaire est associée à l’application des données sur le taux de reproduction recueillies dans le golfe au troupeau de l’île de Sable.
- L’effectif total de la population, estimé à la fin de la saison de reproduction de 2010 (y compris les petits), était de 348 900 individus (IC de 95 % = 291 300-414 900). Cela représente une augmentation de 4 % comparativement à l’estimation équivalente pour 2009, à savoir 335 200 individus (IC de 95 % = 292 000-395 100) ainsi qu’une augmentation d’un ordre de grandeur par rapport à l’estimation de 1977, à savoir 35 800 individus (IC de 95 % = 24 700-53 100). Les estimations des taux de croissance moyens annuels de la population, d’après le modèle, étaient de 6 % dans les années 1980, de 9 % dans les années 1990 et de 6 % dans les années 2000.
- On a utilisé les résultats du modèle sur la dynamique des populations afin d’évaluer les conséquences de différentes stratégies de prélèvement. L’objectif de gestion était d’établir des niveaux de prélèvement qui permettent de maintenir, avec une probabilité de 80 %, une population égale ou supérieure à 70 % de la plus importante estimation observée jusqu’à maintenant, c'est-à-dire 244 200 individus.
- L’objectif de gestion peut être atteint si l’on effectue des prélèvements aussi élevés que 70 000 et 45 000 individus par année sur une période de 3 ans et de 5 ans respectivement, les prises étant constituées à 50 % de jeunes de l’année et à 50 % d’individus plus âgés, et si la répartition de la mortalité entre les âges, les sexes et les régions est proportionnelle à l’abondance relative dans la population. Cet objectif pourra également être atteint si on effectue des prélèvements aussi élevés que 30 000 individus par année sur une période de 20 ans, les prises étant constituées à 50 % de jeunes de l’année et à 50 % d’individus plus âgés.
- Des prises constituées à 95 % de jeunes de l’année et à 5 % de phoques plus âgés permettraient d’atteindre des prélèvements totaux plus élevés, à savoir jusqu’à 70 000 individus par année, et respecteraient également l’objectif de gestion sur 20 ans. Ce scénario est possible, car les femelles adultes ont une durée de vie reproductive très longue. Cependant, à la fin de la période de 20 ans, des prélèvements atteignant de tels niveaux pourraient entraîner un effondrement de la population. Des quotas plus élevés peuvent être maintenus pendant des périodes plus courtes, mais pour une espèce longévive comme le phoque gris, on doit réaliser d’autres études pour déterminer si une fenêtre temporelle de 20 ans est suffisamment longue pour que l’on puisse évaluer la durabilité à long terme.
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