Avis scientifique 2012/076
Avis sur le prélèvement de bélugas (Delphinapterus leucas) du Nunavik
Sommaire
- Les chasseurs du Nunavik capturent des bélugas provenant d’un ensemble composé de stocks distincts, désignés selon leur aire d’été spécifique : ouest de la baie d’Hudson (OBH), est de la baie d’Hudson (EBH) et baie d’Ungava (BU). Les analyses génétiques ont montré que la proportion de bélugas de l’EBH au sein des captures varie selon le lieu et la saison.
- Les rapports sur les captures de 2012 font état de 61 bélugas abattus près de Sanikiluaq (Nunavut), 13 dans la zone de l’est de la baie d’Hudson, 12 dans la baie d’Ungava, 208 dans le détroit d’Hudson au printemps et 56 à l’automne, et 11 dans la région de Long Island ou de la baie James.
- Afin d’évaluer l’abondance des bélugas, des relevés aériens systématiques ont été effectués le long de transects dans la baie James et l’est de la baie d’Hudson du 19 juillet au 18 août 2011. Contrairement aux années précédentes, la strate de l’est de la baie d’Hudson n’a pu être couverte qu’une seule fois en raison de conditions météorologiques défavorables.
- La baie d’Ungava n’a pas pu être couverte en 2011 à cause des conditions météorologiques. Les évaluations précédentes indiquent que toute capture du stock de la BU constitue une menace pour son rétablissement.
- L’estimation du nombre de bélugas en surface dans la baie James était de 7 154. Après correction pour les bélugas en plongée, l’estimation d’abondance pour la baie James était de 14 967 (CV 29,9%).
- L’indice d’abondance en surface dans l’est de la baie d’Hudson était de 1 434. Après correction pour les bélugas en plongée et ajout de 354 bélugas comptés dans l’estuaire de la Petite rivière de la Baleine, l’estimation d’abondance pour le stock de l’EBH était de 3 351 bélugas (CV 48,9%).
- L’estimé d’abondance de 2011 a été utilisé pour mettre à jour un modèle de population, qui prend aussi en compte les données sur les prises et les proportions tirées des analyses génétiques. Le modèle suggère que le stock de l’EBH a diminué de ~4 000 bélugas en 1985 à ~3 000 en 2001, puis aurait légèrement augmenté pour atteindre environ 3 200 bélugas en 2012.
- Selon le modèle, le prélèvement futur de 62 bélugas de l’EBH correspond à une probabilité de 50 % d’entraîner un déclin du stock, tandis qu’un nombre moins élevé de captures permettrait probablement un certain rétablissement. La chasse de 2012 correspond à 59 bélugas de l’EBH.
- Le stock de l’EBH chevauche les limites du Nunavut et du Nunavik. En 2012, la chasse de Sanikiluaq correspondait à une augmentation de 80% par rapport aux 5 années précédentes. Même si les captures actuelles des chasseurs de Sanikiluaq se limitent au début de l’été ou à la fin de l’automne, lorsque peu d’animaux de l’EBH sont capturés, des changements aux pratiques de capture pourraient avoir des effets importants sur le stock de bélugas de l’EBH.
- Un cadre décisionnel intégrant l'approche de précaution faciliterait la gestion durable du stock de l’EBH ainsi que son rétablissement. Le niveau de précaution de référence est fixé à 70% de la taille maximale supposée du stock, qui a été estimée à 8 000 – 11 600 bélugas. Pour couvrir cette gamme de valeurs, les cibles de rétablissement proposées sont T1 = 5 600 et T2 = 8 000.
- Les prévisions à long-terme indiquent qu’aucun des scénarios de chasse ne permet d’obtenir une probabilité de 80% d’atteindre la cible T1 après 50 ans. Un scénario qui ne contient aucune chasse laisse 58% de chance d’atteindre T1 en 25 ans et 35% de chance d’atteindre T2.
- Des cibles de rétablissement alternatives pourraient se baser sur la taille minimale que le stock doit avoir pour permettre un niveau acceptable de prises fixé par les utilisateurs de la ressource. Les effectifs de 4 000 bélugas observés en 1985 ne constituent pas un estimé plausible de la taille maximale du stock et ne devraient pas servir de base au calcul d’une cible de rétablissement.
- Les prévisions n’incluent pas les augmentations possibles des autres sources de mortalité d’origine anthropique (p. ex. les collisions avec les navires et les impacts du bruit).
Le présent avis scientifique découle de la réunion annuelle du Comité national d'examen par des pairs sur les mammifères marins (CNEPMM) du 29 octobre au 2 novembre 2012. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée lorsqu’elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifiques du secteur des Sciences du MPO.
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