Avis scientifique 2013/019
Évaluation du potentiel de rétablissement du méné à grandes écailles (Macrhybopsis storeriana) en Ontario
Sommaire
- En Ontario, le méné à grandes écailles ne vit que dans les lacs Érié et Sainte-Claire ainsi qu'à l'extrémité sud du lac Huron. Il peut aussi être présent dans les rivières qui relient ces lacs (c.-à-d. les rivières Sainte-Claire et Detroit). Il n'a pas été pris dans le lac Huron ou le lac Sainte-Claire depuis 1983 et 1994, respectivement. La majorité des ménés à grandes écailles présents dans le lac Érié proviennent du bassin ouest.
- Le méné à grandes écailles vit dans des eaux dont la température maximale est de 25,9 °C et fraie lorsque la température de l'eau se situe entre 19 °C et 23 °C. Sa présence a été constatée dans des profondeurs (2,3-24 m) et à des niveaux de turbidité (0-4,5 m selon le disque de Secchi) variant beaucoup. Le méné à grandes écailles occupe des zones à fond de gravier propre, de sable et de vase.
- Le méné à grandes écailles adulte se nourrissait surtout d'éphémères appartenant au genre Hexagenia au stade nymphal avant l'invasion des gobies à taches noires (Neogobius melanostomus), puis a adopté un régime alimentaire composé surtout de moules dreissenidées.
- Compte tenu d'un risque de déclin catastrophique (50 %) de 15 % par génération, il faut à peu près 444 000 ménés à grandes écailles adultes et au moins 84 km² d'habitat convenable pour obtenir une probabilité de persistance de 99 % environ.
- L'habitat disponible actuellement dans le bassin ouest du lac Érié est estimé à au moins 3 000 km2. La qualité de cet habitat n'est pas connue (on ignore s'il convient au méné à grandes écailles).
- Les plus grandes menaces pour la survie et la persistance du méné à grandes écailles en Ontario sont d'origine anthropique, comme la charge en éléments nutritifs, la turbidité et la charge sédimentaire, les contaminants et les substances toxiques, ainsi que la modification et la disparition de l'habitat. La présence de nombreuses espèces envahissantes représente peut-être une menace de plus pour la survie et la persistance du méné à grandes écailles en Ontario. Les menaces n'agissent peut-être pas toujours indépendamment les unes des autres sur les populations de ménés à grandes écailles; il se peut qu'une menace en influence directement une autre, ou que l'interaction entre deux menaces crée un effet d'interaction.
- Le taux de croissance d'une population à la hausse de ménés à grandes écailles est très sensible aux changements du taux de survie des individus immatures. Les populations stables ou à la baisse sont très sensibles aux changements du taux de survie cumulatif des adultes et sont plus sensibles que les populations à la hausse aux changements du taux de fécondité des individus âgés.
- Selon les estimations, la population compte à l'heure actuelle environ 662 000 individus (266 000 – 1 620 000, intervalle de confiance à 95 %). Cette abondance moyenne (mais pas la borne inférieure de l'intervalle de confiance) dépasse la cible recommandée pour la population minimale viable (PMV).
- La population de ménés à grandes écailles diminue dans le bassin ouest du lac Érié depuis 2000 au rythme moyen de 20 % par année. La trajectoire de la population a récemment été hautement incertaine; le taux de croissance annuel moyen a été de 4 % de 2007 à 2012 avec un intervalle de confiance étendu au seuil de 95 %, allant d'une diminution annuelle de 31 % à une croissance annuelle de 55 %.
- Compte tenu de l'abondance actuelle (estimation moyenne de 622 000 individus), une population dont le taux annuel de diminution est de 20 % devrait disparaitre en 58 ans (36 – 95 ans, intervalle de confiance à 95 %).
- Afin d'éviter que le taux de croissance de la population ne diminue de plus de 1 %, les dommages temporaires (prélèvement unique d'individus) ne devraient pas entraîner une réduction de plus de 23,5 % de l'abondance des jeunes de l'année ou de plus de 15 % de l'abondance des adultes ou de plus de 8,5 % de l'abondance totale sur une période de 7 ans.
- En supposant un taux de croissance de la population de 4 % par année, les dommages chroniques (réductions à long terme des indices vitaux) ne devraient pas excéder 3 % du taux de survie des jeunes de l'année ou 2 % du taux de survie des adultes, ou 3 % du taux de fécondité.
- Il y a un certain nombre de sources d'incertitude importantes en ce qui concerne le cycle biologique, la répartition et la structure, les préférences en matière d'habitat et les facteurs qui limitent l'existence de cette espèce. Les éliminer nous permettrait de mieux comprendre le méné à grandes écailles en Ontario. Plus précisément, nous ne connaissons pas les taux de survie selon les stades de développement (ils sont basés sur des allométries pour le présent rapport). Les estimations de la fécondité sont archaïques (années 1950) et ne sont peut-être plus exactes.
Le présent avis scientifique découle de la réunion du 5 mars 2013 sur l’Évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) du méné à grandes écailles (Macrhybopsis storeriana) en Ontario. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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