Avis scientifique 2013/025
Renseignements à l'appui de la désignation de l'habitat essentiel des épaulards migrateurs (Orcinus orca) au large de la côte Ouest canadienne
Sommaire
- Les épaulards migrateurs de la côte Ouest (Orcinus orca) sont des prédateurs de niveau trophique supérieur de mammifères marins dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Depuis le début des années 1970, cette population est étudiée chaque année au moyen d’identification photographique des épaulards individuels utilisant des marques naturelles.
- D'après les observations, une population d'environ 500 épaulards migrateurs de la côte Ouest s'alimentant de mammifères utilise les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Deux sous-populations putatives sont présentes dans la zone : d'une part les épaulards migrateurs de la côte Ouest de la « côte intérieure » se trouvent généralement dans les eaux côtières protégées et le long des côtes occidentales exposées de l'île de Vancouver et de Haida Gwaii et d'autre part, les épaulards migrateurs de la côte Ouest de la « côte extérieure » sont rarement observés et se trouvent principalement dans les eaux plus profondes près du rebord du plateau continental.
- Au total, 304 individus ont été identifiés et considérés comme membres de la sous-population de la côte intérieure, à partir de la fréquence des observations. De plus, 217 individus rarement observés sont considérés comme faisant partie de la sous-population de la côte extérieure. Il semblerait que la sous-population de la côte intérieure soit croissante. L'état de la sous-population de la côte extérieure est inconnu.
- Les épaulards migrateurs de la côte Ouest sont extrêmement mobiles dans les eaux côtières. La plupart des individus ont été observés dans plusieurs régions, du sud de l'île de Vancouver à la frontière avec l'Alaska. Malgré cette mobilité, bon nombre d’individus montrent une très grande fidélité aux sites et retournent de façon répétée aux régions précises, probablement pour tirer profit de leur familiarité avec les habitats en question.
- Les déplacements à petite échelle des épaulards migrateurs de la côte Ouest peuvent être caractérisées comme constants, imprévisibles et erratiques. L’alimentation ou le déplacement entre les aires d'alimentation sont leurs états d'activité prédominants. Les épaulards migrateurs de la côte Ouest chassent le plus souvent des mammifères marins présents dans les eaux côtières, surtout les phoques communs, les marsouins communs, les otaries de Steller et les marsouins de Dall. Ils chassent furtivement, une tactique utilisée pour surprendre et capturer leurs proies qui ne se doutent de rien. Ils chassent de façon opportuniste, et rien n'indique qu'ils se concentrent sur certaines espèces de proie en particulier.
- Les principales espèces de proie des épaulards migrateurs de la côte Ouest sont largement réparties dans les eaux littorales de l'habitat de ce cétacé. Les épaulards migrateurs de la côte Ouest sont probablement vulnérables à l'amenuisement local des ressources dans les aires d'alimentation, dans lesquelles les proies prennent conscience de la présence des épaulards et sont moins vulnérables à la prédation. Pour cette raison, les épaulards ont tendance à se déplacer continuellement dans leur habitat et à ne pas rester longtemps à des endroits précis.
- En raison de la mobilité élevée de ces cétacés et des déplacements à grande échelle des individus dans toute leur aire côtière, une portion importante de leur zone d'occupation constitue un habitat essentiel pour assurer le rétablissement de l'espèce. La répartition étendue de leurs proies, ainsi que la nécessité probable selon laquelle les épaulards doivent continuellement se déplacer entre les aires d'alimentation pour éviter les effets de l'amenuisement local des ressources, indiquent également qu'un habitat étendu est nécessaire.
- La fidélité aux sites des individus dans diverses régions au sein l'ensemble de l'aire de répartition de la population met également en lumière l'importance des habitats largement répartis dans toute la zone d'occupation.
- On propose de considérer que les eaux marines de la côte du Pacifique dans un rayon de trois milles nautiques (5,56 kilomètres) du rivage le plus proche représentent l'habitat nécessaire pour répondre aux objectifs de rétablissement relatifs à la population et à la répartition pour les épaulards migrateurs de la côte Ouest. Cette zone englobe les emplacements de 92 % d'identifications individuelles de l'ensemble des épaulards migrateurs de la côte Ouest intérieure et de 64 % d'identifications d'épaulards migrateurs de la côte Ouest extérieure relevées dans les eaux de la Colombie-Britannique entre 1990 et 2011. En outre, cette zone comprend également les emplacements de 90 % de l'ensemble des événements de prédation observés au cours de la même période. Cette zone a une superficie de 40 358 kilomètres carrés, soit environ 8,9 % des eaux de la côte Ouest canadienne.
- Les fonctions, caractéristiques et attributs biophysiques de l'habitat jugés nécessaires au rétablissement des épaulards migrateurs de la côte Ouest sont décrits. Ces épaulards vivent toute l'année dans les eaux de la côte Ouest canadienne; par conséquent, cet habitat doit soutenir tous les processus vitaux nécessaires à la survie et au rétablissement de la population.
- L'alimentation est une fonction biophysique principale, mais d'autres processus vitaux comprennent la reproduction, la socialisation et le repos. Aucune zone d'habitat précise ne semble avoir des fonctions particulières autres que l'alimentation. Les caractéristiques et attributs biophysiques à l'appui de la fonction alimentaire de cet habitat sont des approvisionnements adéquats toute l'année en espèces de proie principales pour les épaulards, réparties sur une zone géographique suffisante pour permettre l'exploitation des ressources de proie abondantes à l'échelle locale qui peuvent varier en fonction des saisons, et pour compenser les effets probables de l'amenuisement des ressources.
- Une autre caractéristique importante est l'environnement sonore sous-marin, qui doit être de qualité suffisante (c'est-à-dire, de faibles niveaux de bruit anthropique) pour permettre aux animaux d'utiliser l'écoute passive pour détecter leurs proies et pour communiquer vocalement.
- Les activités ou événements qui pourraient détruire l'habitat de l'épaulard migrateur de la côte côte Ouest qui est essentiel pour le rétablissement comprennent :
- toute activité qui réduirait l'abondance des proies ou leur accessibilité, par exemple un déversement de pétrole résultant d'un accident de transport maritime ou d'un autre incident, qui a le potentiel de réduire les stocks de proies;
- les aménagements dans les passages confinés, notamment l'installation de dispositifs de production d'énergie marémotrice, qui pourraient constituer des obstacles aux déplacements des cétacés dans leurs habitats d'alimentation ou toucher la répartition de leurs proies;
- l'introduction des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) dans l'habitat;
- les perturbations acoustiques provenant du bruit anthropique; et
- les perturbations physiques causées par les navires et d'autres activités maritimes.
- Le degré de destruction de l'habitat par les activités anthropiques dépendrait de l'étendue géographique, de la durée et de l'intensité de l'activité. Dans certains cas, surtout ceux liés à la contamination par des PBT et le bruit anthropique, les effets sont peu connus. D’autres recherches sont nécessaires pour établir des seuils qui constitueraient la destruction en vertu de la LEP.
- Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la compréhension de la structure de la population d'épaulards migrateurs de la côte Ouest dans la région et pour désigner les habitats qui sont essentiels pour la sous-population putative d'épaulards migrateurs de la côte extérieure.
Le présent avis scientifique découle de la réunion annuelle du Comité national d'examen par les pairs sur les mammifères marins tenue du 29 octobre au 2 novembre 2012. Tout autre publication découlant de cette réunion sera publiée lorsqu'elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifique de Pêches et Océans Canada.
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