Avis scientifique 2013/049
Exposition potentielle et effets biologiques connexes issus des traitements des parasites et des agents pathogènes en aquaculture : pesticides contre le pou du poisson (partie II)
Sommaire
- Pendant les traitements contre le pou du poisson dans le sud-ouest du Nouveau‑Brunswick, on a mélangé de la fluorescéine avec les pesticides pour suivre le transport et la dispersion des pesticides. Des échantillons d'eau in situ ont été analysés afin de déterminer les concentrations de pesticides et de fluorescéine. Les données indiquent une forte corrélation entre les concentrations de fluorescéine et de pesticide in situ; les concentrations de fluorescéine constituent donc un excellent paramètre représentatif des concentrations de pesticides sur le terrain, pour une période de quelques heures.
- Comparée au modèle Okubo (1971, 1974), la dispersion horizontale du colorant après les applications de pesticide au moyen de bâches indique que le modèle Okubo sous-estime la dilution du pesticide des parcs en filet au cours de premières heures après le rejet. Cependant, une approche reposant sur un modèle Okubo modifié tenant compte du renforcement initial de la dispersion horizontale (qui serait attribuable à l'infrastructure des cages) donne une estimation plus précise de la taille et de la dilution (concentration) du panache de colorant.
- La théorie de l'état stationnaire de la dynamique des jets semble relativement bien représenter les caractéristiques immédiates du rejet des bateaux viviers. Selon cette théorie, l'eau entraînée dans l'effluent devrait provoquer la dilution des pesticides, jusqu'à un facteur de dilution de 40 à 100 mètres de distance du point de rejet, pour un tuyau d'évacuation de 0,5 m de diamètre.
- Les estimations des seuils critiques des effets pour les homards d'Amérique et d'autres espèces d'invertébrés indigènes, fondées sur le profil d'exposition prévu, les concentrations prescrites pour le traitement et les concentrations létales pour 50 % des organismes d'essai (CL50) après une heure d'exposition aux pesticides, montrent que l'ampleur potentielle des effets attribuables augmente de l'Interox-Paramove® 50 (ingrédient actif : peroxyde d'hydrogène) au Salmosan® 50 WP (ingrédient actif : azaméthiphos), à l'Excis® ingrédient actif : cyperméthrine) et à l'AlphaMax® (ingrédient actif : deltaméthrine). La sensibilité à ces quatre pesticides testés dépend de l'espèce et du stade biologique.
- Il existe considérablement plus de données toxicologiques sur le Salmosan® 50 WP que sur les trois autres pesticides étudiés.
- Des effets sublétaux et différés ont été observés chez les homards adultes après une exposition intermittente et répétée à des concentrations de Salmosan® 50 WP à des concentrations prescrites de 10 % et de 5 % pour le traitement, mais aucun effet sublétal ou retardé n'était observé à des concentrations prescrites de 0,1 % ou 1 % pour le traitement.
- Afin de donner une indication des risques potentiels liés à l'exposition à chacun des quatre pesticides contre le pou du poisson à des concentrations et des temps d'exposition in situ, on a calculé des quotients de risque (QR) équivalant au ratio de la concentration d'exposition à la valeur de CL50 correspondant à une heure d'exposition. D'après les essais sur les espèces non ciblées les plus sensibles, le pesticide qui présente le quotient de risque le plus faible pour des concentrations de traitement des parcs en filet munis de bâches (c.-à-d., la concentration rejetée initialement dans l'environnement) est le Paramove® 50 (QR = 1,2), suivi du Salmosan® 50 WP (3,1), de l'Excis® (151) et de l'AlphaMax® (588).
- Les quotients de risque calculés à partir des concentrations de rejet après les traitements en bateau vivier pour les espèces testées les plus sensibles, et des CL50 après une heure, étaient de 0,46 pour le Paramove® 50, de 1,16 pour le Salmosan® 50 WP et de 221 pour l’AlphaMax® (588).
- À 10 m du tuyau d'évacuation (après les traitements en bateaux viviers), les quotients de risque calculés à partir des CL50 étaient de 0,1 pour le Paramove® 50, de 0,3 pour le Salmosan® 50 WP et de 55 pour l’AlphaMax®. De même, les quotients de risque estimés à 100 m du point de rejet des bateaux viviers étaient de 0,01 pour le Paramove® 50, de 0,03 pour le Salmosan® 50 WP et de 6 pour l’AlphaMax®.
- D'après les quotients de risque relatif calculés, on estime que la zone d'influence pélagique (c.‑à-d., la zone du panache prévue avec des concentrations égales ou supérieures à la CL50 après le rejet de pesticides) à la suite de ces traitements en bateau vivier est estimée comme étant inférieure à la zone d'influence après les traitements au moyen de bâches (c.-à-d., de 1 100 m² pour le Salmosan® 50 WP à diluer jusqu'à une CL50, après les traitements au moyen de bâches, et de 50 000 m² pour AlphaMax®).
- Il faudrait valider et améliorer ces modèles en se penchant sur le mélange vertical et l'exposition des milieux benthiques, les concentrations sublétales ou sans effet observé ainsi que les facteurs liés à la population et au stade biologique pour d'autres espèces non ciblées. Cela est particulièrement important si l'on veut appliquer cette approche dans d'autres régions productrices de saumon au Canada.
- Bien que le travail sur le terrain a été mené dans le sud-ouest du Nouveau-Brunswick, les principes généraux du transport et de la dispersion ainsi que les taux de dilution devraient s'appliquer ailleurs, car le modèle Okubo repose sur des données recueillies partout dans le monde. Le modèle Okubo modifié devrait faire l'objet d'un essai pour valider l'incidence de l'infrastructure de l'exploitation sur la dispersion horizontale et les taux de dilution. Afin d'appliquer les modèles Okubo à d’autres endroits et améliorer la fiabilité des prévisions, des données océanographiques et environnementales locales sont nécessaires pour ajuster le modèle.
- Les particularités propres au site comme l'hydrographie, la bathymétrie, les procédures de traitement, la stratification locale et le régime des courants auront une influence sur la profondeur à laquelle les pesticides se mélangent et sur la direction et l'ampleur du transport de pesticides. La bathymétrie dans les zones d'influence déterminera aussi l'exposition de l'habitat benthique.
- On peut appliquer l'approche du quotient de risque pour estimer les concentrations de pesticides auxquelles les organismes non ciblés sont exposés dans toutes les régions salmonicoles du Canada, mais la description des effets exige une connaissance locale de la biologie, de l'écologie et de la dynamique des populations des espèces non ciblées.
- L'approche mise au point permet de prédire les effets probables sur les individus, mais pas à l’échelle de la population.
Le présent avis scientifique découle de l'évaluation du SCCS qui s'est tenue du 13 au 15 mars 2013 sur les lignes directrices visant à définir l'exposition potentielle et les effets biologiques connexes issus des traitements des parasites et des agents pathogènes en aquaculture : bains thérapeutiques contre le pou du poisson (Partie II). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu'elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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