Avis scientifique 2013/065
Éléments clés de l'élaboration d'un système de classification hiérarchique de l'écologie marine à l'appui d'approches écosystémiques de gestion dans le Canada Pacifique
Sommaire
- On a examiné les éléments clés d'un cadre visant à subdiviser les quatre principales biorégions des eaux marines canadiennes du Pacifique en unités plus petites, mais significatives sur le plan écologique. L'avis et les directives à l'égard de l'élaboration d'un cadre biogéographique visent à éclairer les approches écosystémiques de gestion en matière de biodiversité marine, notamment les ressources halieutiques, la mise en place de réseaux cohérents de zones de protection marine (ZPM) dans la région du Pacifique et à contribuer à la gestion des zones côtières ainsi qu'à la planification des activités à l'échelle locale dans les eaux marines canadiennes du Pacifique.
- Les éléments clés d'un cadre biogéographique scientifique comprennent :
- la prise en compte de la diversité des espèces et de l'habitat tant dans les milieux pélagiques que benthiques;
- la connaissance des objectifs de gestion et des exigences spatiales qui y sont associées;
- l'application d'une suite d'outils pour analyser et résumer les données biotiques et abiotiques;
- l'identification des sources importantes de données et des lacunes;
- l'application d'un système de classification hiérarchique de l'écologie.
- Une version préliminaire du cadre du système de classification de l'écologie marine du Pacifique (SCEMP) a été élaborée au cours de la réunion selon une terminologie et des descriptifs normalisés des milieux pélagiques et benthiques, ainsi que selon des renseignements relatifs à l'étendue spatiale et à la résolution des données pour chaque niveau de la hiérarchie. On s'attend à ce que ce système soit représentatif de la diversité abiotique et biotique des eaux marines canadiennes du Pacifique parce qu'il se fonde sur les systèmes de classification écologique similaires qui ont fait leurs preuves dans des milieux terrestres et d'autres milieux marins.
- L'élaboration du cadre du SCEMP a reposé sur des études de cas et des recommandations d'intervenants expérimentés dans les régions du Pacifique et des Maritimes.
- Au total, 20 études de cas ont été évaluées afin de mieux comprendre les modèles de répartition des espèces, les modèles de répartition abiotiques et les systèmes spécialisés actuellement employés pour décrire la diversité biotique et abiotique dans les milieux pélagiques et benthiques des eaux marines canadiennes du Pacifique, afin de comprendre les exigences relatives aux données et les lacunes de ces systèmes et, enfin, pour déterminer les principaux outils et approches en commun dans les systèmes de classification de l'écologie marine.
- On a reconnu l'importance de saisir et de documenter l'incertitude et les facteurs s'y rapportant (p. ex. distorsion ou manque de données, manque de connaissances) à chaque étape de l'élaboration du cadre.
- Certaines des incertitudes ont été relevées lors de l'examen des études de cas et ont été répertoriées par type de données (bathymétriques, acoustiques, optiques, types de fond, propriétés de l'eau, sondages des facteurs abiotiques et biotiques, imagerie satellitaire, photographique et vidéo). Les procédures visant à traiter certaines de ces questions ont été discutées, mais il sera nécessaire d'élaborer des directives pour veiller à ce que les incertitudes soient documentées pour chacun des éléments clés au moment des essais et de la mise en place du SCEMP.
- Le SCEMP comprend une hiérarchie à plusieurs niveaux permettant de réduire l'échelle en unités plus petites, allant des biorégions jusqu'aux communautés de micro-organismes ainsi que les échelles spatiales qui leur sont associées (étendue et résolution).
- Bien que l'on s'attend à ce que le système soit principalement utilisé pour réduire l'échelle ou subdiviser les unités biogéographiques en unités plus petites, il n'en demeure pas moins qu'il aura la capacité de fournir une vue d'ensemble à un niveau supérieur aux biorégions.
- On reconnaît que l'adaptabilité du cadre biogéographique à de nouvelles données, aux résultats de nouveaux modèles et à de nouvelles connaissances constitue une importante caractéristique; l'élaboration de directives à l'égard du processus d'intégration de nouveaux renseignements sera nécessaire.
- On recommande que le SCEMP soit considéré comme une directive de Sciences – Région du Pacifique à classifier la diversité biotique et abiotique dans les eaux marines canadiennes du Pacifique au moment où le MPO mettra en place les approches écosystémiques de la gestion.
- On recommande que le rendement du prototype du SCEMP soit évalué au moyen des données existantes et de l'application de mesures appropriées (p. ex. fiabilité et stabilité des résultats). On recommande également l'élaboration d'une méthode visant à intégrer les sources de données dans le prototypage, en tenant compte des meilleures pratiques actuelles à l'égard de l'intégration de modèles, de la définition de l'incertitude ainsi que de l'analyse des lacunes ou du chevauchement (travail de collecte) des données.
- Le MPO mène actuellement une recherche sur les tendances et les prévisions des changements climatiques et on recommande d'y avoir recours lors de l'évaluation du rendement du SCEMP proposé.
- On recommande d'évaluer l'utilité du SCEMP par rapport aux objectifs de gestion à différentes échelles spatiales.
- On recommande l'élaboration d'un programme pilote parallèle visant à évaluer le rendement de plusieurs outils (p. ex. les modèles de prévision des répartitions abiotiques et biotiques) au moyen d'ensembles de données abiotiques et biotiques identiques de haute qualité des eaux marines canadiennes du Pacifique afin de fournir aux utilisateurs du SCEMP des indications sur les choix qu'offrent les modèles.
- Le SCEMP est dense en données et demandera au MPO ainsi qu'à plusieurs partenaires d'en créer les éléments et d'y contribuer, notamment de fournir et d'analyser les données, les produits des données et les modèles.
- D'après une longue expérience en milieu terrestre, les systèmes de classification écologique s'appuient sur des normes communes de collecte, de stockage et de partage de données ainsi que sur une communauté de partenaires. Il sera nécessaire de recourir à de telles normes au moment de la mise en place du système.
- On reconnaît qu'il existe une lacune de coordination de la capacité de planification et de gestion géospatiale du système d'information géographique tant au MPO qu'à l'extérieur chez d'autres partenaires ou organismes. Combler cette lacune sera un important facteur pour la réussite de la mise en œuvre du SCEMP.
- L'avis et les directives découlant du présent examen régional par les pairs constituent des étapes pour respecter les engagements à l'échelle nationale visant la réalisation d'une conception adéquate du réseau des zones de protection marine dans les eaux marines canadiennes du Pacifique, ainsi que les engagements à l'échelle internationale d'appliquer les critères scientifiques des annexes 1 et 2 de la décision IX/20 au titre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.
Le présent avis scientifique découle de la réunion régionale d'examen par les pairs tenue du 12 au 14 février 2013 sur le Cadre pour la classification biogéographique qui servira de base à la conception d'un réseau biorégional de zones de protection marine dans la région du Pacifique. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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