Avis scientifique 2014/006
Surveillance du pou du poisson et mesures non chimiques
Sommaire
- Comme le pou du poisson et les poissons ont évolué conjointement, les infestations des salmonidés et des autres poissons en liberté sont un phénomène naturel. La transmission du pou du poisson entre les populations de poissons sauvages et des exploitations salmonicoles, et au sein de ces populations, est attestée, néanmoins la dynamique de cette transmission dépend d’une multitude de facteurs environnementaux et biologiques et elle est tributaire du lieu et du temps.
- La dynamique du pou du poisson (c.-à-d., son développement et sa survie) est influencée par la salinité et la température de l’eau (qui influent sur la survie, la croissance, le taux de développement et le succès de la reproduction du pou du poisson), des mouvements de l’eau (marées et courants), du comportement des stades larvaires infectieux et des stades motiles pré-adultes et adultes, ainsi que de l’abondance et de la proximité de poissons-hôtes sensibles.
- Il existe des modèles de circulation de l’eau hydrodynamiques, susceptibles d’être utilisés dans l’examen de la dispersion du pou du poisson, pour toutes les zones de salmoniculture du Canada. Des modèles biophysiques préliminaires de la dynamique du pou du poisson ont été mis au point pour certaines régions. Ces outils pourraient servir à modéliser la dispersion et la survie du pou du poisson, à définir des zones de gestion plus étendues pour la lutte contre le pou du poisson, à étudier la dynamique des infestations de poux du poisson et à prévoir les endroits et les moments où les pullulations de poux du poisson seraient prévalentes.
- Des seuils de gestion et de réglementation définissent le nombre de poux du poisson par individu, qui, une fois atteint, déclenche l’application de mesures de contrôle destinées à gérer les infestations par le pou du poisson. Ces seuils se sont révélés de précieux instruments de gestion pour réduire le risque de transmission du pou du poisson des salmonidés d’élevage à ceux en liberté dans certaines parties de la Colombie-Britannique.
- Il est recommandé de mettre en place une méthode de définition des seuils plus flexible, plus dynamique et plus axée sur les risques que les méthodes utilisées jusqu’à maintenant. Lors de la définition des seuils de gestion, il faut tenir compte de facteurs biologiques (p. ex., proximité et période des migrations de poisson sauvage) et environnementaux (p. ex., température et salinité) ainsi que de facteurs concernant la gestion des exploitations (p. ex., niveaux d’empoissonnement et solutions de traitement).
- Qu’ils portent sur le poisson d’élevage ou le poisson sauvage, les programmes de surveillance du pou du poisson en cours au Canada apportent des renseignements utiles, mais pourraient être perfectionnés. Non seulement ils devraient être conçus pour traiter un ou plusieurs objectifs spécifiques, mais ils devraient prévoir des méthodes et des protocoles définis ainsi qu’un processus d’évaluation de la capacité du programme de surveillance à atteindre ses objectifs.
- Au moment de concevoir les études et les programmes de surveillance du pou du poisson portant sur les populations de poisson sauvage, il faut envisager de veiller à prélever un échantillon représentatif de toutes les espèces et de tous les stades des poissons-hôtes potentiels, de limiter la perte de poux du poisson pendant la capture et la manipulation et d’identifier précisément les poux du poisson selon l’espèce et le stade de cycle biologique.
- Dans une zone donnée, il y a une corrélation positive entre l’abondance du pou du poisson dans une exploitation et le nombre d’exploitations voisines touchées par le pou du poisson, ce qui laisse à penser que la densité des exploitations influe sur le nombre de poux. Par conséquent, en l’absence de coordination de la gestion du parasite avec les exploitations avoisinantes ou dans une zone de gestion donnée, les mesures de gestion risquent de perdre en efficacité. En effet, il est primordial de déterminer la taille et le lieu adéquats de la zone de gestion (exploitation, baie, zone de pêche, etc.) pour élaborer une stratégie efficace de gestion du pou du poisson, car cette dernière dépend de plusieurs facteurs liés au milieu et à la gestion (c.-à-d.,les objectifs de gestion, le nombre d’exploitations et leur emplacement, le nombre de poissons élevés et leur âge, la distance entre les exploitations, l’hydrodynamique locale, la température et la salinité de l’eau, les pratiques de gestion des exploitations et leur logistique).
- La mise en jachère peut efficacement réduire la prévalence des poux du poisson si elle est réalisée dans une zone de gestion à l’échelle adéquate et non à l’échelle de chaque exploitation (c.-à-d., une mise en jachère coordonnée d’exploitations aquacoles) et si le nombre de poissons-hôtes sauvages, susceptibles de remplir la fonction de réservoirs de poux du poisson, est faible dans la zone. L’efficacité de la mise en jachère comme instrument de contrôle du pou du poisson dépend de plusieurs facteurs : l’abondance des espèces hôtes sauvages dans la zone, la proximité des exploitations et des facteurs écologiques qui agissent sur le développement du parasite et la dispersion des individus des stades infectieux. Pour déterminer la taille de la zone de jachère, il faut prendre en compte les données historiques sur les modes d’infestation, les conditions hydrodynamiques de la zone et, le cas échéant, les données de modèle de dispersion.
- Malgré les résultats prometteurs des méthodes non chimiques de lutte contre le pou du poisson dans des conditions expérimentales, notamment de l’utilisation de poissons nettoyeurs, de pièges pour contrôler le pou du poisson, de la filtration accrue des bivalves par des méthodes d’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI), de souches de saumon de l’Atlantique résistantes au pou du poisson et du recours à des aliments immunostimulants, elles n’ont pas été appliquées dans les exploitations commerciales au Canada, de façon générale. Aucune de ces méthodes ne peut résoudre à elle seule les infestations graves, mais ensemble, elles peuvent faire partie d’une stratégie de gestion intégrée du pou du poisson. Certaines sont susceptibles de finalement composer une stratégie de gestion intégrée pour le pou du poisson, mais il faudrait approfondir les recherches pour en améliorer l’efficacité et pouvoir les appliquer de façon économique à grande échelle.
- Il est recommandé d’adopter une méthode intégrée de gestion du pou du poisson dans les parcs à filet, qui soit à plusieurs volets et propre à chaque zone traitée. En effet, une démarche adaptative permet de personnaliser les stratégies de gestion pour traiter les problèmes particuliers de chaque zone. Ces méthodes ne reposent pas sur un seul outil de contrôle du pou du poisson, mais comprennent plutôt plusieurs stratégies de gestion de façon à augmenter la probabilité de réussite. Une démarche similaire, adaptative et à plusieurs niveaux, a été employée avec succès pour contrôler les agents pathogènes des maladies bactériennes et virales.
Le présent avis scientifique découle de la réunion d’évaluation de la surveillance du pou du poisson et des mesures non chimiques, qui s’est tenue du 25 au 27 septembre 2012. D’autres publications issues de cette réunion seront publiées dans le Calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO) dès qu’elles seront disponibles.
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