Avis scientifique 2014/014
Évaluation du potentiel de rétablissement de l’obliquaire à trois cornes (Obliquaria reflexa) au Canada
Sommaire
- Au Canada, l'aire de répartition actuelle et antérieure de l'obliquaire à trois cornes (Obliquaria reflexa)se limite à cinq populations confirmées, dont l'une est actuellement considérée comme disparue du pays. Les populations subsistantes vivent dans deux affluents du lac Sainte-Claire (les rivières Sydenham et Thames) et dans la rivière Grand (bassin versant du lac Érié; Figure 2).
- Pour survivre et se métamorphoser, les glochidies de l'obliquaire à trois cornes doivent s'enkyster sur les branchies d’un poisson-hôte approprié. Les poissons-hôtes présumés de l'espèce au Canada sont le méné des ruisseaux (Luxilus cornutus) et le naseux des rapides (Rhinichthys cataractae). Cette affirmation est appuyée par les expériences d'infestation menées en laboratoire aux États-Unis (aucune expérience d'infestation n'a été effectuée avec les obliquaires à trois cornes du Canada) et un chevauchement de l'aire de répartition des populations connues vivant dans les eaux canadiennes.
- On trouve le plus souvent l'obliquaire à trois cornes dans de grandes rivières aux substrats stables composés de gravier, de sable et de vase et au courant est modéré; cependant, l'espèce est également présente dans des échancrures et des réservoirs peu profonds où il n'y a pratiquement pas de courant.
- Selon l'information disponible sur le cycle biologique de l'obliquaire à trois cornes (fécondité faible, courte espérance de vie, maturité relativement précoce), des modélisations réalisées par le passé sur les moules unionidées laissent entendre que, par rapport aux autres espèces d'unionidés, l'obliquaire à trois cornes serait surtout vulnérable à la perturbation ou à l'incertitude entourant la survie des juvéniles, la survie des adultes et la longévité, et qu'elle serait relativement insensible aux changements touchant la survie des glochidies, la fécondité ou l'âge à la maturité.
- Il semble que les principaux facteurs limitant la stabilisation et la croissance des populations d'obliquaire à trois cornes au Canada sont principalement la présence de contaminants et de substances toxiques dans l'environnement, la destruction et la modification de l'habitat, de même que l'introduction et l'établissement de diverses espèces envahissantes.
- Il existe plusieurs sources d'incertitude importantes en ce qui concerne la répartition et la structure de la population, les préférences en matière d'habitat et les facteurs qui limitent l'existence de l'espèce.
- Plus précisément, il faut poursuivre les activités d'échantillonnage quantitatif pour fournir des renseignements qui permettront d'évaluer l'état de la population. Il est nécessaire de réaliser des échantillonnages exploratoires dans les systèmes dont les caractéristiques de l'habitat sont semblables à celles des zones où l'on sait que l'obliquaire à trois cornes est présente. Afin de confirmer les poissons-hôtes de cette espèce au Canada, il faut mener des essais complets en laboratoire et, si possible, sur le terrain. De nombreuses caractéristiques du cycle biologique nécessaires pour documenter les efforts de modélisation des populations demeurent inconnues pour cette espèce; il faudrait donc les étudier dans ce but.
Le présent avis scientifique découle de la réunion le 10 decembre 2013 Évaluation du potentiel de rétablissement de l'obliquaire à trois cornes (Obliquaria reflexa). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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