Avis scientifique 2014/053

Évaluation du potentiel de rétablissement de l'unité désignable du bar rayé de la baie de Fundy (Morone saxatilis)

Sommaire

• Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a classé l'unité désignée (UD) du bar rayé de la baie de Fundy comme étant « en péril » à deux reprises, le plus récemment en tant qu'espèce en voie de disparition en 2012.
• L'UD de la baie de Fundy est considérée comme étant composée de trois populations reproductrices : la population de la rivière Saint-Jean au Nouveau-Brunswick et les populations des rivières Shubéanacadie et Annapolis en Nouvelle-Écosse.
• L'UD de la baie de Fundy compte actuellement une seule population reproductrice connue dans la rivière Shubéanacadie, en Nouvelle-Écosse. Il est possible qu'il existe une population reproductrice dans la rivière Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, mais aucune preuve directe d'activité reproductrice n'a été observée à cet endroit au cours des 30 dernières années. Autrefois, le bar rayé de l'UD de la baie de Fundy frayait également dans la rivière Annapolis, en Nouvelle-Écosse. Bien que le bar rayé continue à se nourrir dans cette rivière, aucun frai viable n'y a eu lieu depuis 1976.
• L'évaluation de la situation et de la zone d'occupation du bar rayé de l'UD de la baie de Fundy est compliquée par la présence de migrateurs en provenance des États-Unis dans la baie de Fundy et le golfe du Maine.
• D'après certaines indications, l'abondance de reproducteurs dans la rivière Shubéanacadie pourrait avoir augmenté depuis 2002.
• Les populations de bars rayés présentent une importante variabilité de recrutement, conséquence de la variabilité du succès des reproducteurs et du taux de survie après le début du cycle biologique. La survie au premier hiver dépend de la taille des poissons. Les individus qui, avant l'hiver, mesurent moins de 10 à 11 cm environ de longueur à la fourche à l'automne ont moins de chances de survivre.
• D'après la présence d'œufs, de larves et de mâles et femelles adultes matures, la partie à marée de la rivière Stewiacke qui se situe entre 0 km et 6 km en amont de la confluence avec la rivière à marées Shubéanacadie est la seule frayère subsistante connue à être utilisée chaque année par le bar rayé de l'UD de la baie de Fundy.
• Les données génétiques acquises depuis l'évaluation du potentiel de rétablissement de 2006 tendent à confirmer la présence d'une population reproductrice dans la rivière Saint-Jean; cependant, aucune activité de frai n'y a été documentée depuis plus de 30 ans.
• Aucun frai viable du bar rayé n'a été observé dans la rivière Annapolis depuis 1976. Bien que des œufs aient été prélevés dans la rivière jusqu'en 1990, on estime que le taux de survie au-delà du stade d'œuf est très faible, voire négligeable.
• Des bars rayés juvéniles âgés de plus de 1 an et de plus de 2 ans possédant les caractéristiques génétiques de la population de la rivière Shubéanacadie ont été observés dans la rivière Saint-Jean, ce qui indique que l'aire de répartition de la population de la rivière Shubéanacadie s'étend sur une grande partie des zones côtières et estuariennes de la baie de Fundy.
• La plupart des bars rayés âgés de plus de 0 an de la rivière Shubéanacadie semblent passer l'hiver dans l'eau saumâtre de marée, même si leurs sites d'hivernage ne sont pas précisément connus.
• On pense qu'à aucun stade biologique le bar rayé n'utilise un gîte satisfaisant les critères pour être déclaré comme une résidence, conformément à la description donnée dans la Loi sur les espèces en péril et dans les recommandations provisoires de Pêches et Océans Canada.
• En raison du manque de données sur l'abondance passée et actuelle, il n'est pas possible pour le moment de fixer des objectifs d'abondance ni pour l'ensemble de l'UD de la baie de Fundy ni pour les populations de chaque rivière. Cependant, rien n'indique que la disparition des populations reproductrices dans l'UD se poursuit et, par conséquent, que la situation générale de l'espèce continue à décliner.
• La principale menace qui pèse sur la population reproductrice subsistant dans le réseau hydrographique de la rivière Shubéanacadie est la mortalité directe due à la pêche à la ligne récréative dirigée, aux pêches à des fins alimentaires, sociales et rituelles et, dans une moindre mesure, à la pêche illégale (braconnage) et aux prises accessoires dans les pêches commerciales.
• Le déclin de la population de bars rayés dans la rivière Annapolis est associé à la construction du pont-jetée d'Annapolis Royal en 1960 et, par la suite, à la construction de la centrale marémotrice d'Annapolis à partir de 1980. La retenue d'amont est située en aval de la frayère connue dans la rivière Annapolis, dont l'altération a eu des répercussions directes sur la qualité et l'accessibilité de cet habitat.
• La diminution de la population autochtone de bars rayés dans la rivière Saint-Jean a été attribuée à la dégradation et à la perte de l'habitat de l'espèce, mais aucune preuve directe de l'existence d'un lien de cause à effet pour cette population en particulier n'a été recensée. La construction du grand barrage hydroélectrique de Mactaquac en amont d'un lieu soupçonné d'avoir été une frayère importante par le passé est considérée comme le seul et principal facteur ayant contribué au déclin de la population autochtone. La construction du barrage en 1967 pourrait avoir considérablement modifié les habitats de frai, d'incubation des œufs ou de développement larvaire de la population de la rivière Saint-Jean.

Le présent avis scientifique découle de la réunion des 10 et 11 février 2014 sur l'Évaluation du potentiel de rétablissement du bar rayé (Morone saxatilis) de l'unité désignable de la baie de Fundy. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée lorsqu'elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifiques du secteur des Sciences du MPO.

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