Avis scientifique 2015/044
Protocole d'évaluation préalable des risques pour les espèces aquatiques marines non indigènes
Sommaire
- Les outils d'évaluation du risque biologique sont utiles pour cerner les espèces aquatiques envahissantes représentant un risque élevé. Les outils d'évaluation préalable du risque (EPR) s'appliquent assez rapidement (en quelques jours), car ils ont recours à l'information disponible pour déterminer les risques biologiques et écologiques associés aux espèces déjà introduites dans la région visée et à celles qui sont en voie de s'installer ou qui pourraient s'y installer ultérieurement.
- Les outils d'évaluation préalable qui comprennent l'établissement d'une cote permettent de dresser un classement comparatif accordant la priorité aux risques propres aux espèces et de répartir les ressources afin d'atténuer les invasions ou de les gérer. Pour que les objectifs du MPO soient atteints, les outils d'évaluation préalable doivent tenir compte des deux facteurs du risque d'invasion, à savoir sa probabilité et son impact.
- On a mis au point un nouvel outil canadien EPR pour les espèces marines envahissantes (l'« outil canadien » Canadian Marine Invasive Screening Tool, CMIST), que l'on a mis à l'épreuve en étudiant des espèces marines d'invertébrés dans trois écorégions canadiennes (CMIST), soit le golfe du Saint-Laurent, le plateau néo-écossais et le détroit de Georgie (voir la figure 1). L'outil canadien (CMIST) permet l'établissement d'une note qui tient compte de la probabilité et de l'impact d'une invasion. Par la même occasion, on a mis au point, pour l'outil canadien (CMIST), des méthodes innovantes permettant d'intégrer l'incertitude aux notes de risques et d'optimiser le rendement.
- On a évalué le rendement de l'outil canadien (CMIST) en même temps que celui de la trousse de notation en cas d'invasion d'invertébrés marins (la « trousse de notation » MI-ISK), le seul autre outil d'évaluation préalable pour ce type d'espèces. Au total, soixante combinaisons d'espèces déjà établies et d'écorégions ont été soumises à l'examen par deux évaluateurs employant les deux outils; les résultats ont ensuite été comparés aux connaissances d'experts en matière d'invasion biologique, pour les espèces comme pour les écorégions. Du côté des espèces non observées dans les trois écorégions canadiennes, on a étudié quarante-cinq combinaisons d'espèces et d'écorégions, avec les deux outils, dans le but d'estimer les risques d'invasion.
- Dans l'ensemble, l'outil canadien (CMIST) a donné de meilleurs résultats que la trousse de notation (MI-ISK) : la corrélation entre ses résultats et les connaissances d'experts était plus accentuée, et la variabilité entre les évaluateurs était moindre. Par ailleurs, l'outil canadien (CMIST) distingue clairement les deux facteurs de risque en cas d'invasion (la probabilité et l'impact) et exige moins d'interrogations avant de produire un résultat. C'est pourquoi l'outil canadien (CMIST) a été déclaré justifiable sur le plan scientifique et plus pratique pour une évaluation préalable et le classement prioritaire des invertébrés marins déjà établis ou non encore observés dans les écorégions marines canadiennes.
- En cherchant à optimiser l'outil canadien (CMIST), on s'est rendu compte qu'il comportait un nombre excessif de paramètres, à l'instar de nombreux autres outils d'évaluation du risque. En pondérant mieux les questions contribuant à l'établissement de la note globale de risque et en éliminant certaines questions, on a obtenu un meilleur rendement du modèle, c'est-à-dire qu'il s'harmonise mieux avec les connaissances d'experts. Toutefois, à la réunion d'examen par les pairs, on s'est entendu pour ne pas appliquer cette optimisation, puisque les séries de données soumises à l'essai étaient relativement petites et que toutes les questions étaient, chacune à sa manière, essentielles à l'atteinte des objectifs propres au MPO. À l'avenir, il pourrait être avantageux de réduire le nombre de questions de l'outil canadien (CMIST) ou d'ajuster leur pondération en fonction des objectifs particuliers de l'évaluation.
- L'outil canadien (CMIST) a permis l'établissement d'une liste d'espèces évaluées (qu'elles aient ou non été établies dans les différentes écorégions). On pourrait donc, à partir de ce classement, connaître les invertébrés marins représentant le plus grand risque (voir la figure 2).
- Ces invertébrés associés à un risque élevé ont également été classés grâce à une matrice de points chauds qui présentait de manière sommaire la probabilité d'une invasion et son impact, en même temps que les notes globales de risque. Parmi les combinaisons d'espèces marines et d'écorégions présentant une plus grande probabilité d'invasion et d'impact plus important selon l'outil canadien (CMIST), on comptait huit espèces déjà établies et trois non encore observées dans des écorégions particulières (voir la figure 3).
- Les questions figurant dans l'outil canadien (CMIST) étant de nature générale du point de vue du processus d'invasion et de son impact connexe, l'outil pourrait convenir à d'autres taxons. On a admis que le document d'orientation, pour l'outil canadien (CMIST), devrait être révisé périodiquement, au fil de l'ajout de taxons, pour veiller à ce qu'il s'applique de façon cohérente, quels que soient les taxons ou les écosystèmes étudiés.
Le présent avis scientifique découle de la réunion nationale d'examen par les pairs, tenue du 4 au 6 février 2015, sur le protocole d'évaluation préalable des risques pour les espèces aquatiques non indigènes. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée lorsqu'elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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