Avis scientifique 2015/048
Évaluation du potentiel de rétablissement de la maraîche (Lamna nasus) au Canada atlantique
Sommaire
- La maraîche (Lamna nasus) est une espèce de requin-taupe de la famille des Lamnidae. Cette espèce est largement répandue dans les eaux canadiennes de l'Atlantique Nord-Ouest (N.-O.). Elle est présente dans le golfe du Saint-Laurent, autour de Terre-Neuve-et-Labrador, sur le plateau néo-écossais et dans la baie de Fundy.
- La maraîche a été évaluée pour la première fois comme étant en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2004. Conformément à l'article 24 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), le COSEPAC a passé en revue la classification de la maraîche en mai 2014. L'état de la maraîche a été confirmé comme étant en voie de disparition.
- La durée de vie de la maraîche est estimée à entre 25 et 46 ans et la durée de génération est d'environ 18 ans. L'espèce affiche un faible taux de fécondité (environ 4 petits par année) et un âge tardif de maturité sexuelle.
- Toutes les simulations de modèle indiquent que l'abondance de la maraîche dans l'Atlantique Nord-Ouest a diminué pendant les années 1960, a légèrement augmenté à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et a diminué de nouveau à la fin des années 1990. Les estimations de l'effectif de la population en 2009 variaient de 196 911 à 206 956 requins, soit environ 22 % à 27 % par rapport à son effectif de 1961. L'abondance des femelles reproductrices a été estimée à environ 16 % de ce qu'elle était en 1961.
- La maraîche semble vivre dans des eaux relativement fraîches tout au long de l'année, avec 50 % des prises effectuées entre 5 °C et 10 °C (profondeur de l'engin). La température en profondeur est un facteur significatif de prédiction des taux de prise, tandis que la température de la surface de la mer ne l'est pas. Les résultats des étiquettes satellites d'archivage indiquent que la maraîche peut vivre à des températures légèrement plus chaudes que celles suggérées par les captures, avec 50 % de leur temps passé entre 8 et 13 °C.
- La pêche est la seule source connue de mortalité d'origine anthropique chez la maraîche au Canada atlantique. Avec la fermeture de la pêche dirigée de la maraîche en 2013, la seule source de mortalité par pêche dans la zone économique exclusive du Canada (ZEE) est la prise accessoire. Des prises inconnues et non réglementées ont lieu à l'extérieur des eaux canadiennes.
- Dans les eaux canadiennes, la mortalité attribuable à la prise accessoire de la maraîche de toutes les sources (capture + remise à l'eau des prises + débarquements) s'élevait en moyenne à 110 tonnes métriques (tm) chaque année depuis 2010.
- La pêche de l'espadon et d'autres thonidés à la palangre, la pêche hauturière du thon à la palangre, la pêche du poisson de fond à la palangre, la pêche du poisson de fond au filet maillant et au chalut à panneaux sont considérées comme étant les principales menaces actuelles d'après les débarquements et les estimations des rejets. Bien que le risque de menace de chaque pêche soit considéré comme faible/moyen, les incidences cumulatives de la mortalité par pêche représenteraient un plus grand risque de menace.
- Les activités anthropiques qui pourraient représenter une menace potentielle pour l'habitat de la maraîche nécessaire pour assurer la viabilité de la population (p. ex., les lieux d'accouplement et les zones de forte densité de population) sont les suivantes : bruit associé aux relevés sismiques exploratoires d'hydrocarbures extracôtiers, la pollution marine associée à un déversement catastrophique d'exploration ou d'exploitation d'hydrocarbures extracôtiers et les projets de développement maritime à grande échelle, comme les pipelines et les câbles sous-marins.
- L'objectif de rétablissement de la population de maraîche dans l'Atlantique Nord-Ouest est fixé à 80 % de l'effectif du stock de femelles reproductrices (ESR) au rendement maximal soutenu (RMS), ou ESR80 %, dans un délai de trois générations (soit environ 54 ans). Parmi les quatre modèles de productivité examinés, cela équivaudrait à 24 000 à 32 000 femelles matures.
- Si l'on se base sur ce qui est considéré comme le plus réaliste des quatre modèles de productivité examinés (modèle 3), un rétablissement ESR80 % en l'absence de pêche devrait se produire aux alentours de 2033, alors que le rétablissement selon des récents taux de mortalité par pêche (environ 110 tm ou 2 %) se produirait aux alentours de 2042.
- Le taux de mortalité actuel de 2 % découlant de toutes les sources (en se fondant sur les 110 tm pour la mortalité attribuable à la prise accessoire depuis 2010) permettrait à la population de se rétablir selon tous les scénarios et à un rythme plus rapide que le taux de mortalité associé au total autorisé des captures (TAC) de 4 % (185 tm). Le total des dommages causés à la population (provenant de toutes les sources de mortalité, y compris la capture, la mortalité après la remise à l'eau et les débarquements) ne devrait pas dépasser un taux de mortalité de 4 % pour permettre à la population de continuer à augmenter et à atteindre les objectifs de rétablissement.
Le présent avis scientifique découle de l’examen zonal par les pairs des 19 et 20 février 2015, sur « l’Évaluation du potentiel de rétablissement – Maraîche (Lamna nasus) » qui visait à mettre à jour et à appuyer des processus précis en ce qui concerne les cibles de rétablissement, les dommages admissibles et d'autres aspects liés à la LEP. Toute autre publication découlant de ce processus sera publiée, lorsqu'elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques du secteur des Sciences de Pêches et Océans Canada.
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