Avis scientifique 2016/046

Impacts du projet d’entretien des drains agricoles sur les espèces aquatiques en péril du ruisseau Little Bear (Ontario)

Sommaire

• L’entretien proposé des drains du ruisseau Little Bear (en Ontario) pourrait nuire aux poissons actuellement inscrits en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) ou à leur habitat essentiel.
• Un relevé des macrophytes, un relevé bathymétrique et un relevé de la géomorphologie fluviale ont eu lieu au ruisseau Little Bear. Ces relevés fournissent des renseignements qui serviront à prédire les impacts de l’entretien des drains sur les espèces de poissons en péril.
• Des relevés au chalut pélagique et benthique ont eu lieu dans le ruisseau Little Bear à trois périodes différentes, soit à l’été, à l’automne et au début de l’hiver. Ces relevés ont permis de déterminer l’abondance des espèces de poissons en péril et d’évaluer l’efficacité du moment choisi pour réduire l’exposition des espèces en péril aux impacts directs de l’entretien des drains.
• Les relevés au chalut menés dans le ruisseau Little Bear indiquent que moins de poissons devraient être directement affectés par des travaux d’entretien menés en hiver, comparativement à l’automne. Bien que la période du 1er août au 15 mars se trouve en dehors des périodes de frai et d’incubation des œufs, il est peu probable qu’elle évite les premiers stades de croissance du méné camus et du fondule rayé (Fundulus notatus) ou les répercussions directes sur les jeunes de l’année d’espèces de poissons en péril.
• On prévoit un habitat propice de 0,032 km², ce qui est supérieur à la superficie minimale pour une population viable (SMPV) de 0,015 km² pour le méné camus et de 0,003 km² pour le fondule rayé.
• Deux scénarios d’entretien des drains ont été proposés pour le dragage du ruisseau Little Bear, soit la proposition initiale et une proposition modifiée, qui prévoient toutes deux le dragage sur une surface réduite. Dans un cas comme dans l’autre, les scénarios d’entretien de drains réduiront irrévocablement de 19 % la surface d’habitat propice du ruisseau Little Bear. Une perte temporaire de la superficie de l’habitat propice est prévue : 40 % pour le scénario d’entretien des drains et 42 % pour la proposition modifiée. En l’absence d’une régénération de l’habitat temporairement perdu, l’habitat propice disponible sera inférieur à la SMPV du méné camus.
• Afin de réduire au minimum les impacts de l’entretien des drains du ruisseau Little Bear, l’option d’atténuation la plus pertinente est celle de la séquence du dragage (liens 11-1 et 11-8) selon Coker et al. (2010).
• La perte d’habitat devrait être compensée par une amélioration de la qualité de l’habitat propice pour les espèces de deux à trois ans après les impacts (considérant une durée de génération de deux ans et un âge maximal de trois ans).
• Afin de s’assurer de l’efficacité de la période choisie, le dragage devrait avoir lieu au moment où les risques de mortalité directe des poissons sont les plus faibles et à l’extérieur des périodes de frai, d’incubation des œufs et des premiers stades de croissance, qui se déroulent au printemps et au début de l’été. Les périodes d’entretien des drains devraient être fixées en fonction des données biologiques et non des dates.
• On s’attend à ce que les macrophytes éliminés des zones dont la profondeur après l’entretien sera inférieure à 1,425 m recommencent à pousser de un à deux ans après l’entretien des drains. Les prochaines études devraient comprendre des relevés de végétation après entretien en vue de mieux comprendre les tendances de régénération des macrophytes aquatiques à la suite d’activités d’entretien des drains.
• En raison de l’absence de données bathymétriques au-delà de 11 km en amont, aucune prévision quantitative n’existe en ce qui concerne l’habitat propice dans ces zones. Les prochaines études devraient intégrer les drones (autrefois sous la responsabilité du Programme de protection des pêches du MPO) afin d’obtenir des renseignements qui manquent au sujet du ruisseau Little Bear.

Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 11 mai 2016 des impacts d’un projet d’entretien des drains agricoles sur les espèces aquatiques en péril du ruisseau Little Bear. Toute autre publication découlant de cette réunion sont publiée, sur le calendrier des avis scientifiques de MPO.

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