Avis scientifique 2017/023
Évaluation du crabe des neiges de Terre-Neuve et du Labrador (divisions 2HJ3KLNOP4R)
Sommaire
Divisions 2HJ3KLNOP4R
- Les débarquements ont atteint un sommet de 53 500 t en 2009 et ont ensuite diminué progressivement jusqu'à 42 000 t en 2016. Les divisions 3LNO représentaient environ 80 % des débarquements au cours des dernières années.
- Les captures par unité d'effort (CPUE) des pêches ont atteint des planchers record, ou presque, dans la majorité des divisions en 2016.
- L'indice global de la biomasse exploitable a diminué de 80 % depuis 2013. Toutes les divisions sont à leur niveau de biomasse le plus faible jamais observé ou presque, avec un déclin général de 40 % en 2016.
- En 2016, le recrutement global dans la biomasse exploitable était au niveau le plus bas jamais observé. On ne prévoit pas d'amélioration ni d'autre réduction du recrutement au cours des trois ou quatre prochaines années. Ensemble, les indices de l'habitat thermique, de la biomasse des prérecrues et de la prédation laissent supposer de mauvaises perspectives de recrutement à grande échelle.
- Au cours des dernières années, la mortalité totale des crabes exploitables a augmenté pour se chiffrer à un maximum sans précédent de la série chronologique, ou presque, et les taux de mortalité par pêche des prérecrues se sont chiffrés à des maximums décennaux dans toutes les divisions.
- Des prélèvements identiques maintiendraient les indices du taux d'exploitation au-dessus des moyennes à long terme dans la majorité des divisions. Dans les divisions 3LNO, où se trouve la majorité de la biomasse restante, le taux d'exploitation augmentera jusqu'à un niveau exceptionnellement élevé.
Divisions 2HJ
- Les débarquements sont restés relativement faibles, à moins de 2 000 t, depuis 2011. Pendant ce temps, l'effort a considérablement diminué et est demeuré à son plus bas niveau, ou presque, pendant les quatre dernières années.
- Les CPUE ont augmenté régulièrement de 2011 à 2015, puis ont chuté à un niveau relativement bas dans l'ensemble de la division en 2016. Aucune amélioration n'est prévue en 2017.
- Les indices de la biomasse exploitable dérivés du relevé au chalut et du relevé collaboratif au casier d'après-saison ont tous deux affiché une croissance marquée en 2014, puis ont chuté de moitié environ, à des niveaux relativement bas.
- Le recrutement a été relativement faible au cours des années 2000. Il a bondi et a atteint un sommet récent en 2014, avant de reculer à des niveaux plus typiques dans les relevés au casier et au chalut durant les deux dernières années.
- Les perspectives de recrutement à court terme semblent sombres, car l'indice de la biomasse des prérecrues était à son plus bas niveau, ou presque, au cours des deux dernières années.
- Malgré de fortes variations annuelles, l'indice de la mortalité par pêche chez les prérecrues augmente depuis 2005. Il a atteint son niveau le plus élevé en dix ans en 2016.
- La mortalité totale des crabes exploitables a atteint son niveau le plus élevé jamais observé en 2016.
- Bien qu'il soit inférieur à ses sommets historiques, l'indice du taux d'exploitation a doublé à 60 % en 2016. Des taux d'exploitation de plus de 50 % sont associés à des niveaux élevés de rejet de crabes à carapace molle. Des prélèvements identiques en 2017 feraient augmenter l'indice du taux d'exploitation à 67 %.
Division 3K
- Les débarquements ont diminué de 63 % depuis 2009 et ont atteint 5 600 t en 2016, un minimum sans précédent de la série chronologique. L'effort est resté près de son plus bas niveau au cours des cinq dernières années.
- Les CPUE étaient faibles au cours des six dernières années, ce qui reflète les bas niveaux de la majorité des zones de gestion. On s'attend à ce qu'elles demeurent faibles en 2017.
- Les indices de la biomasse exploitable dérivés des relevés au chalut et au casier d'après-saison ont tous deux baissé depuis 2008 et ont atteint leur plus bas niveau observé au cours des deux dernières années.
- Le taux de recrutement a atteint un minimum sans précédent de la série chronologique, ou presque, dans la majorité de la division.
- Le recrutement devrait se maintenir à de faibles niveaux à court terme, les indices dérivés des relevés au chalut et au casier pour les prérecrues atteignant des minimums sans précédent de la série chronologique dans l'ensemble de la division.
- Des taux de prélèvement identiques permettraient de maintenir l'indice du taux d'exploitation global en 2017, compte tenu de légères modifications dans la majorité de la division. Cependant, dans la baie White (zone de gestion des crabes [ZGC] 3B), il doublerait et atteindrait un sommet historique.
Divisions 3LNO (eaux extracôtières)
- Les débarquements se situent entre 22 000 et 29 000 t depuis 1999. L'effort a augmenté graduellement au cours de cette période et a atteint un sommet historique en 2016.
- Les CPUE avaient presque atteint un maximum sans précédent de la série chronologique en 2013, avant de chuter d'un tiers à leurs plus bas niveaux en vingt ans en 2016. Au cours des dernières années, d'importantes baisses sont survenues dans toutes les zones de gestion, sauf MSex, et de nouvelles baisses sont attendues en 2017.
- De plus, les relevés au chalut et au casier démontrent une importante contraction spatiale des taux de prise élevés de crabes exploitables au cours des dernières années. L'indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au chalut, qui représente l'ensemble de la division, a diminué abruptement depuis 2013 et a atteint un creux historique. Les deux indices ont diminué d'environ 50 % en 2016; l'indice du relevé collaboratif au casier d'après-saison a chuté d'entre 27 et 74 % dans les diverses zones de gestion.
- Le recrutement global a chuté à un plancher historique en 2016, ce qui reflète les faibles niveaux dans la majorité de la division.
- Les perspectives de recrutement sont très faibles. L'indice de la biomasse des prérecrues est à son plus bas niveau depuis trois ans.
- L'indice de la mortalité par pêche chez les prérecrues a atteint, ou presque atteint, un maximum sans précédent de la série chronologique au cours des deux dernières années.
- L'indice du taux d'exploitation a doublé et a atteint 60 %, un sommet historique, en 2016. Des prélèvements identiques doubleraient l'indice une fois de plus en 2017, avec des augmentations au sein de chacune des zones de gestion.
Division 3L (eaux côtières)
- Les débarquements ont augmenté au cours des années 2000, avant de se stabiliser à environ 8 000 t depuis 2013. L'effort a varié sans afficher une tendance particulière de 2005 à 2016, mais a augmenté de 40 % en 2016, jusqu'à un maximum sans précédent de la série chronologique.
- Dans l'ensemble, les CPUE s'approchaient de leurs plus hauts niveaux observés en 2014-2015, puis ont abruptement chuté d'environ 40 % en 2016, jusqu'à leurs plus bas niveaux en dix ans. Cela était attribuable à des baisses variant de 20 à 48 % dans les diverses zones de gestion.
- L'indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au casier d'après-saison a peu changé entre 2004 et 2015, mais a chuté d'un tiers en 2016. Cela était attribuable à des baisses variant de 12 à 46 % dans les diverses zones de gestion.
- L'ensemble du recrutement à la biomasse exploitable baisse régulièrement depuis 2010 et a atteint un minimum sans précédent de la série chronologique. Les indices de recrutement dérivés des relevés de Pêches et Océans Canada (MPO) et des relevés collaboratifs au casier d'après-saison dans l'ensemble des zones de gestion atteignaient des minimums sans précédent, ou presque, en 2016.
- On s'attend à ce que le recrutement demeure faible dans la majorité des zones de gestion à court terme, selon ce qui a été déduit à partir des indices de prérecrues dérivés des relevés du MPO et des relevés collaboratifs au casier d'après-saison. Cependant, des améliorations semblent probables pour la baie de Bonavista (ZGC 5A).
- L'indice du taux d'exploitation global dérivé du relevé au casier a graduellement augmenté de 2006 à 2016 et a atteint un maximum sans précédent de la série chronologique. Des prélèvements identiques augmenteraient le taux d'exploitation de 52 % en 2017. Cela tient compte d'augmentations prévues de 14 à 85 % pour toutes les zones de gestion, qui atteindraient chacune un maximum sans précédent de la série chronologique, ou presque.
Sous-division 3Ps
- Les débarquements ont diminué pour passer d'un sommet récent de 6 700 t en 2011 à un minimum sans précédent de la série chronologique, soit 1 200 t, en 2016. L'effort a atteint un maximum sans précédent en 2014, puis a chuté de moitié; seulement 40 à 60 % du TAC a été atteint au cours des deux dernières années.
- En baisse constante depuis 2009, les CPUE ont atteint un creux historique en 2016, ce qui reflète le déclin précipité dans la majorité de la sous-division au cours des dernières années.
- L'indice de la biomasse exploitable a diminué de 88 % depuis 2010 et a atteint un minimum sans précédent de la série chronologique en 2016.
- En baisse depuis 2009, le recrutement général a atteint son plus bas niveau observé.
- Le recrutement devrait demeurer faible à court terme (deux à trois ans), car l'indice de la biomasse des prérecrues est resté à son plus bas niveau durant quatre années consécutives.
- La mortalité totale des crabes exploitables a chuté de son sommet absolu en 2013 pour revenir vers la moyenne en 2016. Simultanément, l'indice du taux d'exploitation a également chuté de plus de moitié depuis son sommet de 2013 en raison de l'importante diminution de la pêche.
- L'incidence du maintien des niveaux actuels de prélèvement par la pêche sur le taux d'exploitation est inconnue.
- Des préoccupations sont soulevées selon lesquelles la moitié des prises de 2016 étaient des rejets. Les quatre plus hauts niveaux de l'indice de la mortalité par pêche chez les prérecrues se sont produits au cours des quatre dernières années. Maintenir la pêche dans un contexte de mortalité élevée chez les crabes de taille non réglementaire pourrait restreindre la capacité reproductive.
Divisions 4R3Pn
- Les débarquements ont augmenté, passant d'un creux historique de 190 t en 2010 à entre 700 et 900 t depuis 2012. L'effort est resté relativement stable depuis 2012.
- Comparativement à la majorité des autres divisions, les CPUE, dans l'ensemble, étaient faibles tout au long de la série chronologique. Cependant, de 2012 à 2014, les taux de prise de la majorité des zones de gestion dans les divisions 4R3Pn se rapprochaient des maximums sans précédent de la série chronologique. Les CPUE sont revenues à de faibles niveaux dans la majorité des zones de gestion au cours des deux dernières années, mais sont demeurées relativement élevées dans les ZGC 12C et 12G.
- L'indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au casier d'après-saison a récemment atteint son sommet en 2011, mais a depuis diminué, à l'instar des tendances dans la majorité des zones étudiées.
- Le recrutement général a récemment atteint un sommet en 2012, avant de diminuer à de faibles niveaux dans toutes les zones étudiées.
- Les perspectives de recrutement semblent généralement faibles pour les deux à trois prochaines années, car les indices de prérecrues sont bas dans la majorité des zones étudiées, après avoir atteint des niveaux relativement élevés entre 2008 et 2013.
- L'indice général du taux d'exploitation a augmenté depuis 2013 pour toutes les zones étudiées. Des prélèvements identiques augmenteraient l'indice du taux d'exploitation à un nouveau sommet, principalement attribuable à une importante augmentation dans la baie des Îles (ZGC 12EF).
Perspectives de l'écosystème
- Les changements écosystémiques observés vers la fin des années 1980 et au début des années 1990 comprenaient l'effondrement de la communauté des poissons et l'augmentation des mollusques et crustacés. Des signaux constants indiquent un rétablissement de la communauté des poissons depuis le milieu et la fin des années 2000, ce qui coïncide avec un déclin des mollusques et crustacés. Malgré les augmentations observées chez les poissons, la biomasse de l'écosystème dans son ensemble est encore bien inférieure à ce qu'elle était avant le déclin.
- La biomasse des poissons est demeurée relativement stable de 2010 à 2015, mais les récents relevés indiquent une tendance à la baisse. Cette tendance est plus marquée sur le Grand Banc (divisions 3LNO). Dans l'ensemble, il semble que les conditions qui ont contribué au lancement du rétablissement des poissons se sont affaiblies. Cela pourrait être associé à des réductions simultanées de la disponibilité des capelans et des crevettes, ainsi qu'à d'autres variations des conditions de l'écosystème.
- La mortalité liée à la prédation chez le crabe des neiges a augmenté depuis la fin des années 2000 et le début des années 2010 dans la majorité des divisions. Elle affiche d'importantes différences d'ordres de grandeur parmi les diverses unités d'écosystème. Au sud de Terre-Neuve (sous-division 3Ps), les niveaux de prédation sont d'un ordre de grandeur supérieur à ceux des autres zones. Cependant, la mortalité liée à la prédation sur le Grand Banc (divisions 3LNO) et le plateau de Terre-Neuve (divisions 2J3K) a connu une augmentation par un facteur de cinq au cours des quatre à cinq dernières années.
- Les tendances de la mortalité liée à la prédation laissent penser qu'il pourrait déjà s'agir d'un important facteur pour le crabe des neiges au sud de Terre-Neuve (sous-divisions 3Ps) et qu'elle pourrait également devenir un facteur important dans d'autres zones à court et à moyen terme.
Le présent avis scientifique découle de la réunion du 21 au 24 février 2017 sur l'Évaluation du crabe des neiges de Terre-Neuve-et-Labrador. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu'elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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