Avis scientifique 2018/043
Cadre visant à soutenir les décisions liées à l’autorisation des relevés scientifiques avec des engins scientifiques entrant en contact avec le fond dans des zones benthiques protégées ayant des objectifs de conservation définis
Sommaire
- Un certain nombre de frontières existantes et proposées de zones protégées et de fermetures de zones benthiques vulnérables (ci-après, les zones protégées) chevauchent les aires géographiques des relevés scientifiques qui utilisent des engins d’échantillonnage entrant en contact avec le fond.
- Dans de nombreuses régions du MPO, des relevés scientifiques à l’aide d’engins entrant en contact avec le fond ont été effectués depuis plusieurs dizaines d’années et ceux-ci sont importants pour l’évaluation de l’état des ressources, pour l’évaluation du potentiel de rétablissement, pour la surveillance des espèces dont la conservation est préoccupante et pour la production de rapports sur l’état de l’écosystème.
- Les effets immédiats de la plupart des engins mobiles entrant en contact avec le fond sur les caractéristiques benthiques comprennent la perte de l’épifaune sessile et dressée, des modifications de l’habitat y compris l’affouillement des récifs d’éponges siliceuses, et l’élimination des taxons structurants tels que les coraux et les éponges. La mortalité découle en premier lieu du contact direct et des retraits, et dans un second temps, de la prédation. Les panaches de sédiments des chaluts peuvent également étouffer les organismes filtreurs et entraîner la mort.
- L’ampleur de l’impact physique des engins entrant en contact avec le fond sur l’habitat et la faune benthique est liée à la pénétration des engins dans les sédiments, aux impacts des collisions, aux retraits par les engins, et à la mobilisation des sédiments. La zone touchée est une fonction de la zone couverte par un seul événement d’échantillonnage (surface balayée) et de la zone affectée par la remise en suspension des sédiments de ce trait, pour l’ensemble de tout l’échantillonnage effectué.
- Une valeur approximative proposée du degré de dommages sur l’habitat benthique provoqué par les relevés scientifiques utilisant des engins entrant en contact avec le fond est l’ampleur relative de l’intervalle de récurrence de l’activité par rapport au délai de rétablissement prévu des composantes benthiques.
- L’intervalle de récurrence (en années) d’une activité, c’est-à-dire la durée moyenne entre les impacts successifs de l’échantillonnage du milieu benthique sur un site donné, est l’inverse de la proportion annuelle de la zone protégée impactée par l’activité dans le cas où la répartition des sites d’échantillonnage dans la zone est aléatoire.
- Dans ce rapport, le délai de rétablissement est défini comme la durée nécessaire pour que l’attribut benthique retrouve son état initial avant d’avoir été perturbé par le relevé scientifique. Le potentiel de rétablissement de la faune benthique après perturbation par un engin entrant en contact avec le fond est fonction des caractéristiques des composantes benthiques. La longévité des individus ou les longues périodes pendant lesquelles certaines caractéristiques de l’habitat benthique se développent doivent être prises en compte.
- Les taxons avec une durée de vie ou des composantes benthiques d’un âge qui sont un dixième ou moins de la fréquence de récurrence estimée d’une activité scientifique interagissant avec le milieu benthique devraient avoir le temps de se rétablir aux niveaux précédent à la perturbation de l’activité d’échantillonnage. Les taxons avec une durée de vie ou les caractéristiques benthiques avec un âge qui sont supérieurs à un dixième de la fréquence de récurrence (une échelle d’un ordre de grandeur) pourraient être vulnérables à une dégradation à long terme et d’une absence de rétablissement.
- Le choix d’une fréquence de récurrence dix fois supérieure à la durée de vie pour éviter la dégradation à long terme (ou l’absence de rétablissement) est important, compte tenu des incertitudes et des lacunes dans les connaissances relativement aux caractéristiques biologiques des invertébrés benthiques, aux effets indirects des impacts non quantifiés des engins de pêche dans les estimations de surface balayée, et des lacunes dans les connaissances relativement aux taux et aux facteurs de rétablissement de la communauté benthique. Cette mesure a pour but d’éviter de surestimer le potentiel de rétablissement.
- Plutôt que d’exclure les activités scientifiques dans les zones protégées, le recours à des méthodes de surveillance de remplacement ou la modification des engins de relevés existants ou des procédures d’utilisation devrait être envisagé pour atténuer les impacts des activités scientifiques sur les composantes benthiques.
- L’importance des échantillons scientifiques recueillis dans une zone protégée par rapport à l’intégrité de la série chronologique historique du relevé relève du cas par cas. Une considération clé est l’introduction d’un biais variant dans le temps dans la série chronologique des indices des relevés due à l’exclusion des échantillons des zones protégées. Un tel biais se produirait si la répartition spatiale d’un stock change par rapport aux zones protégées.
- Un cadre national a été élaboré qui décrit le processus de collecte de renseignements qui aidera les secteurs de gestion de chaque région du Canada à revoir, aux fins d’autorisation, les activités scientifiques à l’aide d’engins entrant en contact avec le fond dans les zones protégées. Ce cadre vise à faciliter le dialogue entre les promoteurs des relevés scientifiques et le secteur prenant les décisions.
- Sur le plan opérationnel, l’examen des activités scientifiques ne doit pas être une action isolée. Dans certains cas, les zones protégées peuvent s’étendre sur plus d’une région administrative du MPO. Un effort de coordination des demandes, dans certains cas à l’échelle biorégionale à laquelle les relevés sont menés, sera nécessaire pour veiller à ce que l’empreinte cumulée de toutes les activités scientifiques proposées annuellement est correctement prise en compte. De même, les conséquences potentielles sur les avis scientifiques de l’exclusion des activités de relevé de toutes les zones protégées qui coïncident avec un relevé devraient être envisagées. Les délais des avis, des examens et des décisions d’autorisation pourraient par conséquent être bien plus importants que ce qui est indiqué dans les politiques et les règlements.
- Une partie de l’examen relatif à l’autorisation des relevés scientifiques dans les zones protégées peut être menée périodiquement (effets de l’exclusion de stations des zones protégées, intervalles de récurrence), tandis que d’autres composantes nécessiteront des intrants annuels (emplacements exacts des stations d’échantillonnages dans la zone protégée).
Le présent avis scientifique découle de la réunion du processus de consultation scientifique national du 16 au 18 janvier, 2018, sur le cadre pour soutenir les décisions liées à l'autorisation de relevés scientifiques avec des engins en contact avec le fond dans des zones protégées ayant des objectifs de conservation définis pour des composantes benthiques. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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