Avis scientifique 2018/051
Les bénéfices d’assister des nouveau-nés échoués vivants ou des juvéniles retenus dans des endroits enclavés pour la conservation de la population de bélugas (Delpinapterus leucas) de l’estuaire du Saint-Laurent
Sommaire
- Il existe des signalements périodiques (c.-à-d. un ou deux signalements tous les deux à trois ans) d’un béluga de l’ESL nouveau-né échoué vivant (de quelques jours à quelques semaines) ou d’un juvénile indépendant (sevré) pris au piège dans une zone semi-fermée qui ne peut pas retourner à son habitat normal sans aide.
- Les bélugas nouveau-nés qui sont trouvés échoués vivant sont séparés de leur mère. Les petits se nourrissent exclusivement de lait pendant la première année; par conséquent, s’ils sont laissés seuls, les nouveau-nés meurent.
- La santé d’un nouveau-né échoué se détériore rapidement par rapport aux congénères en bonne santé du même âge. Par conséquent, il est probable que les chances de survie soient faibles en cas de déplacement.
- Pour qu’un nouveau-né échoué vivant survive, l’allaitement doit reprendre rapidement (c.-à-d. dans un délai de plusieurs heures) après le déplacement. Par conséquent, il faut qu’il y ait une femelle prête à prendre soin du petit. On ne connaît pas la probabilité qu’un tel événement se produise dans ce délai, mais d’après la littérature existante, elle est probablement presque nulle.
- Les chances de survie d’un béluga juvénile pris au piège sont meilleures que celles d’un nouveau-né étant donné sa capacité à se nourrir de façon indépendante.
- Les bénéfices d’assister des bélugas juvéniles échoués vivant ou pris au piège ont été étudiés du point de vue de leur contribution au rétablissement de la population pour déterminer s’ils satisfont à l’objectif de déplacement pour la conservation, qui exige que de telles mesures représentent un bénéfice mesurable en matière de conversation au niveau de la population.
- La distribution de la fréquence d’âge d’animaux morts trouvés dans l’estuaire du Saint-Laurent, de 1983 à 2017, a été utilisée pour construire un modèle de population. Différents scénarios de modèle ont été examinés dans le but de tenter de reproduire une période de stabilité de la population (1983-2000) et une période de déclin de la population (2001-2012).
- Les résultats du modèle ont montré que les améliorations de la survie contribuaient davantage à la tendance de la population que les changements relatifs à la reproduction. Ils indiquaient également que les petits sont plus susceptibles de mourir que les juvéniles et les adultes et que l’augmentation la plus élevée du taux de croissance de la population est obtenue en améliorant la survie des juvéniles et des jeunes adultes. Il existe des incertitudes relativement à certains paramètres et à certaines hypothèses du modèle, mais il est peu probable qu’elles aient une incidence sur ces conclusions générales du modèle.
- Le modèle a indiqué que, en supposant que la survie d’un juvénile pris au piège et remis en liberté est similaire à celle de ses congénères, dix juvéniles devraient être déplacés chaque année pour mettre un terme au déclin. Pour les nouveau-nés, jusqu’à 19 individus par an devraient être réintroduits et adoptés avec succès pour mettre un terme au déclin.
- Les signalements de nouveau-nés échoués vivant ou de juvéniles pris au piège ne sont pas fréquents et la probabilité de survie des nouveau-nés déplacés est presque nulle. Par conséquent, le bénéfice du déplacement de ces quelques individus pour le rétablissement de la population est nul et ne répond pas aux objectifs de déplacement pour la conservation.
- Même si les occurrences de juvéniles pris au piège sont rares, la probabilité que ces individus survivent à la suite d’un déplacement est plus élevée. Même si, sur le plan de la conservation, le bénéfice du déplacement des juvéniles pris au piège pour la population dans son ensemble est probablement nul étant donné la rareté de ces événements, le déplacement de ces individus peut être envisagé pour d’autres raisons. Certains des facteurs qui doivent être pris en compte ont été déterminés au préalable (p. ex. critères pour la remise en liberté et la réhabilitation du MPO).
- Sur le plan du bien-être animal, le fait de déplacer les nouveau-nés ou le fait de laisser la nature faire son œuvre pourraient entraîner une augmentation de la détresse et de la souffrance, et en fin de compte la mort. Dans ces situations, l’euthanasie doit être envisagée. Dans ce cas, une nécropsie améliorerait notre compréhension des causes potentielles de l’échouement. L’autre possibilité serait de mettre en captivité les nouveau-nés échoués vivants. Toutefois, les nouveau-nés ne sont pas considérés comme pouvant être remis en liberté par la suite dans les lignes directrices du MPO proposées pour la remise en liberté des mammifères marins réhabilités.
Le présent avis scientifique découle de la réunion sur les bélugas nouveau-nés échoués vivants de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent qui s’est tenue du 26 février au 2 mars 2018. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO)
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