Avis scientifique 2019/018

Avis découlant de l’évaluation du risque pour le saumon rouge du fleuve Fraser attribuable au transfert de Yersinia ruckeri à partir des fermes d’élevage de saumon atlantique situées dans la région des îles Discovery (Colombie-Britannique)

Sommaire

Évaluation du risque attribuable au transfert de Yersinia ruckeri

• L’évaluation a été réalisée à l’aide des données relatives aux fermes salmonicoles de 2002–‍2017, des pratiques actuelles de gestion de la santé du poisson et en tenant compte des informations scientifiques pertinentes.
• L’évaluation a permis de conclure que la bactérie Y. ruckeri disséminée à partir des fermes d’élevage de saumon atlantique (Salmo salar) exploitées dans la région des îles Discovery présente un risque minime pour l’abondance et la diversité du saumon rouge du fleuve Fraser (Oncorhynchus nerka). Les incertitudes ont été évaluées à chaque étape de la présente évaluation et allaient d’une certitude raisonnable à une certitude élevée (voir ci-après et le Tableau 1).
• Deux facteurs principaux ont influencé l’attribution d’un risque minime :
• Il est extrêmement improbable qu’au moins un saumon rouge soit infecté par la bactérie Y. ruckeri provenant d’une ferme d’élevage de saumon atlantique dans la région des îles Discovery parce que Y. ruckeri est principalement un agent pathogène d’eau douce (faible survie en eau de mer);
• Même dans le cas extrêmement improbable où un saumon rouge sauvage serait infecté par Y. ruckeri provenant des fermes d’élevage de saumon atlantique dans la région des îles Discovery, l’ampleur des conséquences sur l’abondance et la diversité du saumon rouge du fleuve Fraser serait négligeable, car l’infection ne devrait pas se propager dans les populations sauvages.
• L’évaluation de la probabilité globale, ainsi que les évaluations distinctes relatives à l’infection à la ferme, à la dissémination, à l’exposition et à l’infection, ont été appuyées par les constatations clés suivantes :
• Yersinia ruckeri est principalement un agent pathogène de la truite d’eau douce dont la survie est fortement réduite dans le milieu marin;
• La présence limitée de Y. ruckeri ou de la maladie bactérienne de la bouche rouge (MBBR) dans les fermes d’élevage de saumon atlantique de la région des îles Discovery (4 ans sur 16);
• Le saumon atlantique est sensible aux infections à Y. ruckeri et à la maladie bactérienne de la bouche rouge;
• Il n’existe aucune information sur la sensibilité du saumon rouge;
• Yersinia ruckeri a été isolée chez le saumon rouge, mais la maladie ou des épidémies n’ont pas été confirmées, ni dans l’eau douce, ni dans l’eau de mer;
• Il y a un chevauchement temporel entre la dévalaison des saumons rouges juvéniles du fleuve Fraser de type lacustre et les rapports sur la présence de Y. ruckeri dans les fermes de la région des îles Discovery; toutefois, il n’y a pas de chevauchement temporel avec les adultes.
• Incertitude : la certitude évoquée dans la présente évaluation est limitée par un manque de connaissances sur les éléments suivants :
• La persistance, l’infectiosité et la virulence de Y. ruckeri dans l’eau de mer ou chez les salmonidés en Colombie-Britannique, une fois hors de l’eau douce;
• Les taux d’excrétion de Y. ruckeri chez le saumon atlantique infecté;
• La sensibilité, et les doses infectieuses et létales minimales de Y. ruckeri chez le saumon rouge.
• Pour cet évaluation du risque, unnombre d’hypothèses clés ont été formulées :
• La détection positive de l’agent pathogène dans un ferme d’élevage de saumon atlantique dans la région des îles Discovery est la preuve de l’infection par Y. ruckeri dans cet élevage;
• L’excrétion par le saumon atlantique infecté par Y. ruckeri dans le milieu environnant;
• Le saumon rouge est sensible à Y. ruckeri;
• Les pratiques de gestion actuelles sont appliquées et seront maintenues, notamment la vaccination dans les écloseries alimentées par des eaux de surface, la surveillance pour la détection précoce et les mesures de biosécurité.

Caractérisation de Yersinia ruckeri et de la maladie bactérienne de la bouche rouge (MBBR)

• L’infection par Y. ruckeri peut entraîner le développement de la maladie bactérienne de la bouche rouge chez un large éventail d’espèces hôtes, dont plusieurs espèces de salmonidés et de non-salmonidés, mais principalement en eau douce.
• La truite arc-en-ciel (O. mykiss) est considérée comme l’espèce la plus sensible à Y. ruckeri et le saumon atlantique comme moins sensible. Tous les stades biologiques des salmonidés sont sensibles, mais la maladie est plus aiguë chez les alevins et les fingerlings de truite arc-en-ciel (eau) et elle est chronique chez les poissons plus âgés et plus gros.
• Yersinia ruckeri est transmise horizontalement; par conséquent, les poissons sensibles peuvent être infectés par contact avec des poissons infectés, de l’eau contaminée ou du matériel contaminé.
• La période d’incubation de Y. ruckeri signalée chez la truite arc-en-ciel et le saumon atlantique varie de 5 à 10 jours à 13-15 °C dans des conditions expérimentales menées en eau douce. Il n’existe pas de test de provocation par immersion en eau salée, ni d’études sur le saumon rouge.
• Dans des conditions expérimentales, les poissons porteurs (truite arc-en-ciel [O. mykiss]) n’ont pas excrété suffisamment de bactéries pour provoquer une infection chez d’autres truites arc-en-ciel, sauf si elles étaient stressées.
• Les doses infectieuses ou létales minimales de Y. ruckeri chez le saumon rouge n’ont pas été déterminées.
• Il n’existe pas de données sur la morbidité ou la mortalité associées à l’infection à Y. ruckeri chez les poissons sauvages.
• La survie de Y. ruckeri dans l’environnement aquatique dépend de la salinité. On a signalé que Y. ruckeri peut survivre dans l’eau salée jusqu’à 32 jours (Barnes, 2011). À des salinités plus faibles (0–20 ppm), la bactérie peut survivre pendant quatre mois.

Le présent avis scientifique découle de la réunion du 6 au 8 novembre 2018 sur l’Évaluation du risque pour le saumon rouge du fleuve Fraser en raison du transfert de bactéries causant des infections systémiques provenant de fermes d’élevage de saumon de l’Atlantique situées dans la région des îles Discovery, en Colombie-Britannique. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.

Avis scientifique 2019/018 (PDF, 638 ko)

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