Avis scientifique 2019/043

Évaluation du potentiel de rétablissement : Saumon coho du Fraser intérieur (Oncorhynchus kisutch)

Sommaire

• Le saumon coho du Fraser intérieur (CFI) correspond à l’unité désignable (UD) du saumon coho (Oncorhynchus kisutch) qui fraie dans le bassin hydrographique du fleuve Fraser en amont de Hells Gate, en Colombie­Britannique.
• Le CFI a été désigné comme espèce en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2002, mais n’a pas été inscrit en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) par la suite. Le COSEPAC a réévalué la situation du CFI en 2016 et a fait passer sa désignation d’espèce en voie de disparition à espèce menacée.
• La productivité a été considérablement plus élevée pendant les années de montaison 1987 à 1993 (régime « historique ») que pendant les années de montaison 1994 à 2017 (régime « actuel »); la baisse du taux de survie de l’état de saumoneau à l’état d’adulte a été un facteur important qui a réduit la productivité moyenne depuis l’année de montaison 1994. La moyenne mobile sur trois ans des montaisons avant la pêche dans le régime historique variait de 153 000 à 227 000, affichant une moyenne globale de 199 000, tandis que le régime actuel variait entre 21 000 et 70 000 avec une moyenne globale de 38 000.
• La recherche sur l’habitat du saumon coho (frayère, zone d’alevinage, aire de croissance, aire d’alimentation, zone de migration et autres zones) a surtout été menée dans les réseaux hydrographiques côtiers, dont les caractéristiques hydrologiques diffèrent de celles du réseau hydrographique intérieur utilisé par le CFI.
• Les nids de salmonidés, les nids de frai construits par le saumon du Pacifique et d’autres espèces, répondent à la définition du terme « résidence » au sens de la LEP.
• Le CFI réside dans les réseaux hydrographiques intérieurs de la C.­B., où les régimes hydrologiques sont fortement influencés par les températures extrêmes, le manteau neigeux et la disponibilité de l’eau de fonte connexe. De ce fait, les crues printanières ne se produisent pas au même moment que les crues des cours d’eau côtiers dominées par la pluie. La capacité variable du CFI juvénile d’accéder aux affluents, aux chenaux latéraux et aux bassins isolés influe sur son comportement et son utilisation de l’habitat.
• Les menaces anthropiques pour le CFI classées aux trois premiers rangs sont les modifications des surfaces de captage, les projets linéaires et les effluents agricoles et forestiers. Plusieurs autres menaces, notamment la pêche, les barrages et la gestion et l’utilisation de l’eau, l’introduction de matériel génétique, les eaux usées domestiques et urbaines, ainsi que les effluents industriels et militaires, ont été classées comme étant de faible à moyenne importance.
• Le calculateur de menaces du COSEPAC utilisé pour la présente évaluation intègre l’effet cumulatif additif de toutes les menaces et évalue l’effet global de la menace à un niveau élevé ou très élevé. On s’attend à ce que le changement climatique exacerbe l’effet de nombreuses menaces anthropiques et naturelles.
• On a utilisé l’analyse quantitative d’un ensemble de données incluant les échappées d’origine naturelle de 1998 à 2016 pour recommander un objectif de rétablissement au niveau de l’UD. L’objectif de rétablissement recommandé pour le CFI correspond à une abondance moyenne géométrique sur trois ans de 35 935 géniteurs d’origine naturelle sur une période de 10 ans.
• On a étudié la probabilité que le CFI atteigne l’objectif de rétablissement de l’UD à l’aide de modèles de la relation stock­recrutement et de simulation prospective. Les résultats ont montré que, dans les conditions actuelles, la probabilité d’atteindre l’objectif de rétablissement dans 10 ans est aussi forte que celle de ne pas l’atteindre. Toutefois, la projection de la trajectoire de la population est très incertaine (l’intervalle d’incertitude de 80 % s’étend de ­29 % à +29 %).
• Les résultats de la simulation ont montré que le rétablissement du CFI d’origine naturelle est peu probable (≤ 33 %) dans des conditions de survie de l’état de saumoneau à l’état d’adulte réduite, quel que soit le taux d’exploitation. Toutefois, la hausse du taux de survie de l’état de saumoneau à l’état d’adulte a augmenté la probabilité du rétablissement dans une plus grande mesure que la diminution du taux d’exploitation.
• Le rétablissement du CFI est possible si la mortalité d’origine anthropique est réduite au minimum compte tenu des conditions environnementales et de la variabilité actuelle, et si les effets des menaces cernées sont également atténués. Si la tendance récente du taux de survie de l’état de saumoneau à l’état d’adulte se poursuit et si les modèles sont corrects, la trajectoire de la population est plus susceptible d’être positive ou stable à un taux d’exploitation nul, et le rétablissement pourrait tôt ou tard se produire. À un taux d’exploitation de ≤ 6 % et au taux de survie de l’état de saumoneau à l’état d’adulte actuel, les simulations modélisées indiquent que l’atteinte de l’objectif de rétablissement dans 10 ans était probable (probabilité de ≥ 66 %), mais pas très probable (probabilité de ≥ 90 %).
• Bien qu’il ne soit pas quantifié ici, il existe un taux de mortalité anthropique de facto du CFI juvénile en eau douce qui n’est pas lié à la pêche. Par conséquent, il faudrait également prendre sérieusement en compte les incidences sur les milieux d’eau douce en plus du taux d’exploitation lorsqu’on examine les dommages admissibles.

Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 22 au 24 mai 2019 sur l’Évaluation du potentiel de rétablissement : Saumon coho du Fraser intérieur (Oncorhynchus kisutch). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).

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