Avis scientifique 2019/054
Évaluation des pêches à l’anguille d’Amérique et à la civelle dans la région des Maritimes
Sommaire
- L’état du stock n’est pas précisément abordé dans la présente évaluation en raison des lacunes dans la déclaration des captures et de l’effort de pêche à l’anguille avant 2016 et parce que les principaux indices du stock actuel indépendants de la pêche ne devraient pas être mis à jour avant 2019 ou après.
- Les pêches commerciales à l’anguille de 2015 et 2016 ont été plus petites que celles des décennies précédentes en termes du nombre de permis disponibles, de la quantité d’engins sous permis, du nombre de participants actifs et du nombre d’engins associés aux permis actifs. Les débarquements commerciaux totaux pour les pêches de 2015 (36,1 t) et de 2016 (44,1 t) ont été inférieurs d’environ quatre fois à la moyenne de 1993 à 2004.
- La pêche commerciale à l’anguille a été pratiquée dans 47 % des 93 718 km2 d’habitat disponible de la région des Maritimes du MPO en 2015 et 43 % en 2016. Les anguilles ont été pêchées dans les limites de 5,6 % de l’habitat disponible total, de 5,25 % de la zone de drainage aménagée pour la production hydroélectrique et de 92 % (2015) et 86 % (2016) des 38 032 km2 de l’habitat disponible total connu pour contenir le parasite de la vessie natatoire Anguillicoloides crassus.
- La zone actuellement inaccessible de 17 014 km2 du bassin hydrographique du fleuve Saint-Jean, située en amont du barrage Mactaquac et en aval de Grand-Sault, représente environ 18 % de l’habitat historiquement disponible de l’anguille d’Amérique.
- La stratégie de gestion visant à limiter la pêche à la civelle aux rivières où la pêche à l’anguille n’a pas été pratiquée au cours des trois années précédentes a réduit le chevauchement entre les deux secteurs de pêche à <10 % de l’habitat disponible pour les anguilles.
- Le nombre de rivières où la pêche à la civelle est autorisée est passé de 65 en 1996 à 111 en 2004, et il est demeuré inchangé depuis 2004. La pêche à la civelle a été pratiquée dans 92 rivières (28,5 % de l’habitat disponible), 86 rivières (27,4 % de l’habitat disponible) et 83 rivières (27,5 % de l’habitat disponible) en 2015, 2016 et 2017, respectivement. L’empreinte de la pêche dirigée à la civelle est modeste à l’échelle régionale.
- Le total des débarquements annuels dans la pêche commerciale à la civelle a augmenté globalement dans le temps, les cinq années les plus importantes ayant été enregistrées durant les six dernières années de la série chronologique qui prend fin en 2017. Le total autorisé des captures annuel n’a été atteint aucune année.
- Il est possible que la zone faisant l’objet d’une pêche dirigée à l’anguille d’Amérique augmente avec le temps, soit du fait d’une plus grande participation à la pêche, soit par l’échange de rivières actuellement exploitées pour la civelle contre d’autres dont la zone de drainage est plus étendue.
- Continuer à réduire au minimum le chevauchement spatial entre les pêches à l’anguille et à la civelle est une mesure de conservation provisoire appropriée jusqu’à ce que l’on dispose de suffisamment de données pour évaluer l’ampleur de la mortalité cumulée due aux pêches à plusieurs stades biologiques.
- À l’heure actuelle, un indice d’abondance de la civelle indépendant de la pêche est disponible dans la rivière East (Chester). L’effectif de la montaison des civelles présentait une grande variabilité interannuelle, les montaisons lors d’années adjacentes variant de 50 % ou plus. En moyenne, les montaisons de civelles dans la rivière East (Chester) ont augmenté depuis 1990.
- Les analyses des reproducteurs par recrue (RPR) ont été utilisées pour définir les points de référence de la mortalité pour toutes les pêches dirigées et les installations hydroélectriques. Le taux de mortalité qui entraîne une perte de 70 % de la biomasse du stock reproducteur par rapport à la population sans pertes dues aux activités humaines (RPR30) a été recommandé comme taux d’exploitation de référence limite (c.-à-d. le taux maximal acceptable de mortalité d’origine anthropique). Le taux de mortalité qui entraîne une perte de 50 % de la biomasse du stock reproducteur serait la valeur cible (RPR50).
- Les analyses du RPR appliquées aux caractéristiques moyennes présumées du cycle biologique des populations d’anguilles de la région des Maritimes donnent des mortalités par pêche (F) correspondant à un RPR30 et un RPR50 de 0,166 et 0,09, respectivement, compte tenu uniquement de la mortalité attribuable à la pêche à l’anguille.
- Les points de référence de la mortalité correspondant à RPR30 et RPR50 pour les anguilles pour une seule traversée d’une installation hydroélectrique vers l’aval étaient F = 1,204 et F = 0,693, respectivement, compte tenu uniquement de la mortalité due aux turbines.
- Les taux de mortalité par pêche pour les pêches à la civelle correspondant à RPR30 et RPR50 sont respectivement de 1,2 et 0,69 (soit des taux d’exploitation de 0,70 et 0,50), si l’on ne considère que la mortalité par pêche à la civelle.
- L’évaluation de la mortalité actuelle par rapport aux points de référence est limitée à la pêche à la civelle en raison des limites des données concernant la récolte des anguilles, la biomasse des anguilles et la survie des anguilles adultes après une traversée d’une installation hydroélectrique vers l’aval.
- Selon l’évaluation directe des échappées de civelles après la pêche localisée dans la rivière East (Chester) (années 1996-2002, 2008-2018), les prélèvements annuels par la pêche à la civelle représentaient entre 5 et 65 % de la montaison totale de civelles dans la rivière. Ces taux d’exploitation sont inférieurs au taux d’exploitation limite de 0,69 pour toutes les années, mais supérieurs au taux d’exploitation cible de 0,49 pour 5 années sur 17.
- En supposant que le recrutement des civelles dans tous les bassins hydrographiques exploités et toutes les années de pêche était à un niveau égal aux valeurs médianes observées pour la rivière East (Chester), les quotas de pêche à la civelle par rivière ont, dans certains cas, dépassé soit le taux de pêche cible à RPR50, soit le taux de pêche maximal acceptable défini par RPR30. Le risque de surpêche semble être le plus élevé dans les rivières ≤250 km2 dans la zone de drainage. Il est possible d’établir des quotas propres à chaque rivière qui varieront selon la superficie du bassin hydrographique à l’aide d’une estimation de l’abondance de la civelle à partir du seul site surveillé, la rivière East (Chester).
- Il est recommandé d’utiliser l’abondance médiane mobile de l’indice de recrutement des civelles de la rivière East (Chester) comme principal indicateur de l’état. Pour mettre à jour l’état du stock, on comparerait la moyenne mobile sur trois ans du recrutement de civelles dans la rivière East (Chester) à la valeur médiane de la série chronologique de 1996 à 2018. Il peut être nécessaire de procéder à une réévaluation avant le calendrier quinquennal proposé si la moyenne mobile sur trois ans de l’indice de recrutement des civelles pour la rivière East (Chester) tombe en dessous de 2,33 kg/km2.
Le présent avis scientifique découle de la réunion des 5 et 6 septembre 2018 sur l’Évaluation de l’anguille d’Amérique dans la région des Maritimes. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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