Avis scientifique 2020/044
Avis découlant de l’évaluation du risque pour le saumon rouge du fleuve Fraser attribuable au transfert de la bactérie Tenacibaculum maritimum à partir des fermes d’élevage de saumon atlantique situées dans la région des îles Discovery (Colombie-Britannique)
Sommaire
Évaluation du risque attribuable au transfert de Tenacibaculum maritimum
- Il a été établi que dans le cadre des pratiques d’élevage actuelles, la bactérie T. maritimum disséminée à partir des fermes d’élevage de saumon atlantique (Salmo salar) exploitées dans la région des îles Discovery présente un risque minimal pour l’abondance et la diversité du saumon rouge du fleuve Fraser (Oncorhynchus nerka).
- L’évaluation reposait sur des données sur la santé des poissons dans les fermes d’élevage de saumon de 2002 à 2018, et sur l’état actuel des connaissances sur T. maritimum, y compris des relevés de données sur la santé des poissons et des études sur le saumon d’élevage et le saumon sauvage en Colombie-Britannique.
- Entre 2002 et 2018, des signes cliniques de la pourriture de la bouche (maladie de la bouche jaune) ont été déclarés 13 années sur 17 dans des fermes d’élevage de saumon atlantique de la région des îles Discovery dans le cadre du Programme de vérification et de surveillance de la santé des poissons ou d’un événement lié à la santé du poisson.
- La sensibilité du saumon rouge est inconnue; on a donc supposé, pour l’évaluation des risques, que le saumon rouge est vulnérable à l’infection à T. maritimum.
- L’évaluation de la probabilité globale a permis de conclure que la probabilité que le saumon rouge du fleuve Fraser soit infecté par la bactérie T. maritimum rejetée par les fermes d’élevage de saumon atlantique situées dans la région des îles Discovery était faible pour les juvéniles et extrêmement faible pour les adultes. Les incertitudes aux différentes étapes variaient d’une incertitude élevée à une forte certitude.
- L’évaluation des conséquences a permis de conclure que l’ampleur potentielle des répercussions sur l’abondance et la diversité du saumon rouge du fleuve Fraser est négligeable étant donné que la mortalité attribuable à l’infection à T. maritimum provenant des fermes d’élevage de saumon atlantique a été estimée à moins de 1 %. Cette conclusion a été tirée avec une incertitude raisonnable.
- Les principales sources d’incertitude, l’approche adoptée pour aborder chacune d’entre elles et leurs répercussions potentielles sur les résultats/classements et les estimations finales des risques ont été incluses dans l’évaluation des risques. Les hypothèses et les estimations les plus prudentes (p. ex. les pires scénarios plausibles) ont été appliquées aux classements/conclusions définitifs dans la mesure du possible.
La présente évaluation du risque s’appuie sur un sommaire de l’état actuel des connaissances sur la bactérie T. maritimum et la pourriture de la bouche (Wade et Weber, 2020). Les principaux éléments de cet examen sont résumés ci-après.
Caractérisation de la bactérie Tenacibaculum maritimum et de la pourriture de la bouche
- Tenacibaculum maritimum a une répartition mondiale. Il s’agit d’un membre naturel de la communauté bactérienne marine. Cette espèce avait été trouvée associée à des poissons (c.-à-d. à la surface des poissons) présentant ou non des signes de maladie. Elle est considérée comme un agent pathogène opportuniste des poissons marins.
- La pourriture de la bouche (maladie de la bouche jaune) est une maladie des salmonidés juvéniles d’élevage en Colombie-Britannique (C.-B.) et dans le nord-ouest du Pacifique aux États-Unis (É.-U.). Les signes cliniques de cette maladie sont des plaques jaunes dans la bouche. Cette maladie est causée par une infection à T. maritimum.
- La pourriture de la bouche n’a été signalée pour aucune espèce de saumon sauvage en Colombie-Britannique ou dans l’État de Washington. Cependant, elle a rarement été observée chez le saumon quinnat d’élevage.
- Du matériel génétique de T. maritimum a été détecté dans 5 des 2 006 échantillons de saumons rouges sauvages juvéniles du fleuve Fraser. Il convient de noter que cette détection n’indique pas nécessairement une infection ou une maladie.
- La pourriture de la bouche est généralement diagnostiquée chez les saumons atlantiques juvéniles dans les premiers mois suivant leur entrée dans la mer. Aucun cas n’a été diagnostiqué chez les salmonidés d’élevage après la première année en mer.
- Les mécanismes par lesquels les saumons atlantiques juvéniles meurent de l’infection à T. maritimum sont inconnus.
- Une expérience en laboratoire a démontré que la bactérie T. maritimum responsable de la pourriture de la bouche se transférait d’un poisson à un autre. Toutefois, ni le moment de l’excrétion, ni le taux d’excrétion pendant l’infection n’ont été décrits.
- Il n’existe pas de vaccin commercial contre la bactérie T. maritimum chez le saumon atlantique. Le traitement de la pourriture de la bouche constitue la plus importante utilisation d’antimicrobiens par l’industrie salmonicole de la Colombie-Britannique et il s’agit d’un traitement efficace.
Le présent avis scientifique découle de la réunion nationale d’examen par les pairs qui s’est déroulée du 3 au 5 décembre 2019 sur l’Évaluation du risque pour le saumon rouge du fleuve Fraser en raison de bactéries causant des lésions érosives provenant d’exploitations de saumon de l’Atlantique situées dans le secteur des îles Discovery, en Colombie-Britannique. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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