Avis scientifique 2021/011
Évaluation du potentiel de rétablissement de l’esturgeon blanc du bas-Fraser de 2020
Sommaire
- La population du bas Fraser est l’unité désignable (UD) de l’esturgeon blanc (Acipenser Transmontanus) présente dans le cours principal du Fraser et dans les affluents et les lacs accessibles, depuis l’estuaire du fleuve jusqu’à Hells Gate. La plupart des renseignements sur cette UD proviennent de la « zone d’évaluation principale » définie sur la figure 1.
- D’après les résultats de la modélisation, l’abondance des âges 7 à 55 (longueur à la fourche de 60 à 279 cm) a diminué de 25 % depuis 2006, jusqu’à une estimation de 44 809 individus en 2019. L’abondance estimée des juvéniles (longueur à la fourche de 60 à 99 cm) a diminué de plus de 70 % de 2004 à 2019.
- Les reconstitutions du recrutement passé des juvéniles jusqu’à l’âge 7 ont révélé des tendances variables (à la hausse et à la baisse) dans une plage globale semblable au changement estimé depuis 2000.
- Les taux de croissance somatique ont diminué; la croissance annuelle moyenne de l’esturgeon blanc de 60 à 179 cm (longueur à la fourche) de 2016 à 2019, soit 3,4 cm/année, correspond à 69 % de celle de 2010 à 2012, soit 4,9 cm/année.
- La population totale d’esturgeons blancs du bas Fraser devrait continuer de diminuer si le recrutement des juvéniles demeure à des niveaux semblables à ceux estimés pour les 10 dernières années (de 2010 à 2019).
- En raison de la longue période jusqu’à l’atteinte de la maturité, tout changement du recrutement précoce des juvéniles (le recrutement jusqu’à l’âge 1) pourrait prendre jusqu’à 20 ans avant d’avoir une incidence sur les adultes (2040 et au-delà).
- Plusieurs menaces ont été cernées et évaluées, et les menaces suivantes ont été classées comme des risques de niveau moyen : extraction antérieure de gravier dans les rivières, prises accessoires d’esturgeon blanc dans les pêches à des fins alimentaires, sociales et rituelles (ASR), modification des rives et disponibilité de la nourriture.
- Par le passé, l’extraction de gravier dans les rivières a été définie comme une menace moyenne et pourrait avoir réduit la productivité de certaines frayères, en particulier en raison des importantes extractions réalisées de 2000 à 2010.
- Les prises accessoires d’esturgeon blanc dans les pêches au filet à des fins ASR ont été évaluées comme une menace moyenne, surtout en ce qui concerne l’utilisation de filets fixes.
- La modification des rives a été désignée comme une menace moyenne, car bon nombre de ces modifications (p. ex., aboiteaux et vannes de décharge, digues, enrochement) ont limité l’accès de l’esturgeon blanc à une quantité importante d’habitat de grossissement hors des chenaux.
- La disponibilité de la nourriture a été considérée comme une menace moyenne parce que le taux de croissance de l’esturgeon blanc et l’abondance des juvéniles ont chuté lors des années où la biomasse du saumon kéta et de l’eulakane entrant dans le Fraser a diminué. Le saumon (plusieurs espèces) et l’eulakane sont d’importantes sources de nourriture et d’éléments nutritifs pour l’écosystème du bas Fraser. On a déterminé qu’il faut étudier davantage les relations entre l’abondance et la croissance de l’esturgeon blanc et celles d’autres espèces de saumons.
- Compte tenu de l’incertitude entourant les causes du déclin du recrutement des juvéniles, il est difficile de déterminer les mesures d’atténuation qui seraient les plus efficaces pour inverser cette tendance. Plusieurs mesures seront probablement nécessaires.
- Le tableau 4 présente des exemples de mesures d’atténuation et d’activités de rechange, ainsi que leurs effets prévus sur la mortalité et le recrutement de l’esturgeon blanc.
- On a déterminé qu’un seuil de survie de 10 000 adultes (âges 22 à 55, longueur à la fourche de 160 à 279 cm) correspond au nombre minimal d’adultes requis pour assurer la survie à moyen et à long terme de l’UD.
- Trois seuils de rétablissement possibles complémentaires ont été établis : 1) 20 000 adultes (âges 22 à 55, longueur à la fourche de 160 à 279 cm); 2) abondance totale de 60 000 individus (âges 7 à 55, longueur à la fourche de 60 à 279 cm); 3) tendance positive de l’abondance des juvéniles sur une période de 50 ans.
- Bien qu’on prévoie que la population dépasse le seuil de survie dans un avenir prévisible, si le recrutement des juvéniles diminue davantage (jusqu’à la moitié des niveaux de 2010 à 2019), l’abondance des adultes pourrait chuter sous le seuil de survie d’ici 50 ans.
- Nous avons formulé six hypothèses de recrutement pour étudier un éventail de scénarios possibles pour le recrutement futur. À l’aide de l’échantillon a posteriori des abondances selon l’âge, on a préparé des projections prévisionnelles a posteriori pour chaque scénario afin de déterminer la probabilité d’atteindre les seuils de survie et de rétablissement potentiels pour une hypothèse donnée.
- Compte tenu du long délai entre la mise en œuvre des mesures d’atténuation et l’observation du résultat connexe dans les données sur l’abondance des adultes, on a relevé des différences dans l’efficacité des mesures d’atténuation permettant l’atteinte du seuil de rétablissement de l’abondance totale potentiel et celles permettant l’atteinte du seuil de rétablissement des adultes potentiel pendant la période de projection de 50 ans. Il pourrait être nécessaire d’utiliser une période de projection plus longue (p. ex., 70 ans) pour confirmer le niveau de certitude des seuils de rétablissement des adultes potentiels.
- Pour atteindre le seuil de rétablissement potentiel d’une abondance totale de 60 000 individus en 50 ans et empêcher tout autre déclin de la population, le recrutement des juvéniles doit doubler par rapport à la moyenne du recrutement estimée entre 2010 et 2019.
- Si l’on veut assurer la viabilité de cette population, il faut réduire les dommages par rapport aux niveaux actuels. On pourrait y parvenir en apportant des changements à l’habitat qui amélioreraient la croissance et la survie des juvéniles, en modifiant les pêches et en augmentant la disponibilité de la nourriture.
Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 22 au 24 septembre 2020 sur l’Évaluation du potentiel de rétablissement : Esturgeon blanc, unité désignable du bas Fraser. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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