Avis scientifique 2021/016
Avis scientifique sur les dommages potentiels des applications de Bayluscide granulaire pour les espèces de poissons et de moules en péril
Sommaire
- Le Bayluscide granulaire (Bg), un lampricide chimique, est appliqué dans certaines zones du bassin des Grands Lacs pour évaluer et contrôler les populations de lamproie marine (Petromyzon marinus). Les applications de Bg ont lieu depuis 1966 et font partie des efforts binationaux de contrôle de l’espèce, coordonnés par la Commission des pêcheries des Grands Lacs et dirigés par Pêches et Océans Canada et le U.S. Fish and Wildlife Service.
- La demande d’avis scientifique résulte des applications de Bg dans des zones occupées par des poissons et des moules inscrits comme étant en voie de disparition, menacés ou préoccupants en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Ces applications soulèvent des questions sur les effets écologiques du lampricide sur les poissons et les moules dont la conservation est préoccupante.
- La toxicité du Bg peut avoir des effets létaux ou sublétaux sur les poissons et les moules qui y sont exposés dans l’environnement aquatique, provoquant notamment des changements dans la croissance, les déplacements, la reproduction ou la survie. Le Bayluscide peut également entraîner des changements dans les composantes de l’écosystème (proies, concurrents, prédateurs, espèces hôtes), se traduisant par des effets indirects.
- Une évaluation des risques a été entreprise pour déterminer le risque relatif de mortalité directe résultant des applications de Bg sur 24 espèces de poisson (21 inscrites en vertu de la LEP) et 15 espèces de moules (toutes inscrites en vertu de la LEP) dans les eaux canadiennes du bassin des Grands Lacs. Une étude de modélisation a été réalisée pour comprendre la mortalité potentielle d’un cycle d’application typique du Bg et les conséquences des applications répétées sur les populations, en se concentrant sur les applications dans le corridor Huron-Érié et les affluents voisins.
- Entre 2011 et 2017, des applications de Bg (Figure 1) ont eu lieu dans l’aire de répartition de 21 espèces de poissons et de 15 espèces de moules préoccupantes sur le plan de la conservation, y compris dans des zones où se trouve ou se trouvait auparavant l’habitat essentiel de 6 poissons et de 10 moules inscrits sur la liste de la LEP. L’exposition au Bayluscide granulaire concerne jusqu’à 27 % de l’aire de répartition d’une espèce, dans moins de 30 % des sites d’application du produit.
- Pour les poissons, le risque relatif de mortalité directe était le plus élevé pour la lamproie argentée (Ichthyomyzon unicuspis), suivie de la lamproie du nord (Ichthyomyzon fossor), de l’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens) et du chat-fou du nord (Noturus stigmosus). Le risque relatif pour les moules était le plus élevé pour la mulette du necture (Simpsonaias ambigua), l’obliquaire à trois cornes (Obliquaria reflexa) et l’obovarie olivâtre (Obovaria olivaria). Il était fondé sur les profils historiques des applications de Bg. Les écarts par rapport aux profils d’application historiques modifieront l’interprétation du risque relatif.
- D’après la modélisation, les applications de Bg peuvent causer la mortalité directe de nombreuses espèces de poissons et de moules dont la conservation est préoccupante et qui sont présentes sur les sites d’application, en raison des effets toxiques supposés du composé. Bien que la vraisemblance de la mortalité soit généralement faible, il peut y avoir une mortalité de l’ordre d’un à dix poissons non ciblés et potentiellement de centaines de lamproies et de moules indigènes. Des applications répétées de Bg peuvent avoir des conséquences sur les populations de certaines espèces de poissons.
- La modélisation justifie des modifications de la taille, du nombre et de la fréquence des applications du Bg pour réduire la mortalité provoquée par le lampricide. D’autres mesures d’atténuation existent, telles que la réduction des concentrations cibles de Bg, l’application du produit dans les zones situées en dehors des habitats essentiels et son application saisonnière en dehors des périodes de reproduction. Avant de les mettre en œuvre, il convient de tester empiriquement les mesures d’atténuation pour s’assurer que les avantages escomptés pour les espèces dont la conservation est préoccupante sont réalisés.
Le présent avis scientifique découle de l’examen régional par les pairs du 28 au 1 mars 2019 sur l’Information sur les dommages potentiels pour les espèces de poissons et de moules en péril associés à des applications de Bayluscide. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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