Avis scientifique 2021/033
Impact de l’expansion de la pêche du sébaste (Sebastes spp.) sur la merluche blanche (Urophycis tenuis) du sud du golfe du Saint-Laurent
Sommaire
- Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué l’unité désignable (UD) de merluche blanche du sud du golfe du Saint-Laurent (sgSL) comme étant en voie de disparition.
- Les aires de répartition de la merluche blanche et du sébaste se chevauchent en grande partie, car la merluche blanche s’est déplacée pour occuper presque exclusivement les eaux profondes du chenal Laurentien, c’est-à-dire la même répartition que le sébaste.
- L’expansion de la pêche du sébaste pourrait avoir un impact sur la population de merluche blanche du sud du golfe du Saint-Laurent en raison de l’important chevauchement de leur répartition spatiale.
- La biomasse du stock reproducteur (BSR) de la population de merluche blanche du sgSL a diminué rapidement à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Un moratoire sur la pêche dirigée a été mis en place en 1995. Il n’y a eu aucun signe de rétablissement depuis, malgré une mortalité par la pêche négligeable. La BSR estimée était de 7 400 t en 2019, soit 13 % du niveau moyen du début au milieu des années 1980.
- L’échec du rétablissement de cette population est dû à une mortalité naturelle extrêmement élevée. La mortalité naturelle estimée de la merluche blanche adulte est de 80 à 85 % par année depuis les 20 dernières années. La prédation par le phoque gris semble être une cause majeure de cette mortalité élevée.
- Le recrutement a fluctué sans afficher de tendance depuis 1978, malgré le déclin de la BSR. Cela reflète une augmentation du taux de recrutement, le nombre de recrues d’âge 2 produites par unité de poids de la BSR. Le taux moyen de recrutement de 2000 à 2019 était dix fois plus élevé que de 1980 à 1994. Le taux de recrutement estimé en 2019 est le plus élevé jamais enregistré, bien que l’incertitude de cette estimation soit élevée.
- Au niveau élevé actuel de mortalité naturelle, la population de merluche blanche du sgSL persiste uniquement en raison du taux de recrutement exceptionnellement élevé depuis l’an 2000. Si le taux de recrutement diminuait, la population locale diminuerait probablement jusqu’à l’extinction locale au niveau actuel de mortalité naturelle.
- Le stock reproducteur de cette population était composé des âges 4 à 10 et plus par le passé. Aujourd’hui, il s’agit surtout de poissons de quatre ans. Un stock reproducteur constitué d’une seule cohorte reproductrice représente un risque élevé pour cette population.
- Les projections de la population de merluche blanche du sgSL ont été établies pour les 25 prochaines années en supposant que la productivité demeurerait aux niveaux récents. On a estimé que la BSR diminuerait de 38,7 % sans prise et de 39,3 % avec des prises accessoires annuelles de 20 t, le niveau récent. Avec des prises accessoires annuelles de 150 à 350 t, la BSR devrait décliner de 43 % à 48 %. Avec des prises accessoires de 500 à 1 500 t, elle était réduite de 53 % à 70 %.
- La probabilité que la BSR soit inférieure à 2 000 t à la fin de la projection sur 25 ans (une baisse de 73 %) a été estimée à 22,8 % sans prise et à 23,3 % au niveau des prises accessoires récentes (20 t). Avec des prises accessoires de 150 à 350 t, cette probabilité était de 26 à 30 %. Avec des prises accessoires de 500 à 1 500 t, cette probabilité est passée de 33 % à 49 %. Pour une population dont la BSR était de près de 60 000 t au début des années 1980, une BSR proche de 2 000 t représente un risque très élevé d’extinction locale.
- Il est clair que la pêche du sébaste chevauchera le stock de merluche blanche du sgSL. Les données disponibles indiquent que ce risque d’interaction varie selon la période de l’année, la profondeur et l’emplacement géographique.
- Les prises accessoires de merluche blanche du sgSL dans les prises de sébaste sont plus faibles à des profondeurs de plus de 380 m et dans une zone de la division 4T à l’extérieur de la cuvette du Cap-Breton. À plus de 350 m de profondeur, la proportion de merluche blanche est composée à 34 % de poissons de l’UD du sgSL et 66 % de l’UD de l’Atlantique.
- Nous avons calculé un taux de prises accessoires moyen estimé de 10,5 % à partir d’une pêche expérimentale et indicatrice du sébaste à petite échelle et des relevés multi-spécifiques au chalut de fond. Il n’a pas été observé que cette estimation dépendait de l’engin.
- En ce qui concerne la mise en place d’une future pêche du sébaste, le taux de prises accessoires pourrait être plus faible pour diverses raisons susceptibles de réduire les prises accessoires de merluche blanche, y compris l’amélioration de la technologie de pêche, la saison de pêche (période), l’emplacement des lieux de pêche et l’interaction entre les espèces.
Le présent avis scientifique fait suite à la réunion sur les avis scientifiques régional du 17 février 2021 sur les Impacts des augmentations de l’effort de pêche sur la merluche blanche (Urophycis tenuis), population du sud du golfe du Saint-Laurent. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
Ce document est disponible en format PDF. Si le document suivant ne vous est pas accessible, veuillez communiquer avec le Secrétariat pour l’obtenir sous une autre forme (par exemple un imprimé ordinaire, en gros caractères, en braille ou un document audio).
- Date de modification :