Avis scientifique 2021/041
Détermination de zones de monts sous-marins représentatives dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, au Canada
Sommaire
- Les monts sous-marins sont des zones d’importance écologique et biologique (ZIEB) et des écosystèmes marins vulnérables (EMV) que l’on retrouve seulement dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, au Canada.
- Par rapport aux fonds marins profonds environnants, l’habitat relativement peu profond offert par tous les monts sous-marins abrite des communautés d’espèces diverses et distinctes, notamment des coraux et des éponges d’eau froide formant un habitat, et des centaines d’autres espèces benthiques et pélagiques.
- Il existe 62 monts sous-marins dont la présence est connue ou prévue dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, dont 43 ont été cernés récemment (à l’heure actuelle, ils ne figurent pas dans le Répertoire géographique du Canada; 29 proviennent du document du MPO 2019 et 14, du présent processus). L’emplacement et la profondeur de 21 de ces nouveaux monts sous-marins ont été vérifiés sur le terrain. Les Sciences de Pêches et Océans Canada (MPO) travaillent en partenariat avec plusieurs Premières Nations pour nommer ces nouveaux monts sous marins.
- Le site d’intérêt de la zone de protection marine (ZPM) extracôtière du Pacifique renferme la majorité (47) des monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique. Trois monts sous-marins se trouvent dans la ZPM du mont sous-marin SG̲áan K̲ínghlas Bowie (SK̲-B) et 12 se trouvent dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, en dehors des zones de conservation.
- Les limites des monts sous-marins cernés récemment peuvent être utilisées pour la planification spatiale future.
- La densité des monts sous-marins dans le site d’intérêt et la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique est remarquable (environ cinq et trois fois la moyenne mondiale, respectivement).
- Une évaluation régionale de géographie et d’océanographie (principaux courants), appuyée par des observations biologiques, n’a révélé aucune preuve de l’existence de frontières biogéographiques (c.-à-d., obstacles à la dispersion) entre les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique. Des recherches supplémentaires, telles que des analyses génétiques, sont nécessaires pour l’évaluation de la connectivité entre les monts sous-marins.
- Les zones de profondeur sur les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique sont délimitées par la disponibilité de la lumière et la concentration d’oxygène, et correspondent aux profondeurs des zones de transition des communautés biologiques documentées.
- On a mis à jour les renseignements du système mondial de classification des monts sous marins utilisés précédemment pour classer les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique afin d’inclure les nouveaux monts sous-marins, des données de profondeur améliorées et un critère supplémentaire.
- Les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique ont été assignés à l’une des sept classes biophysiques, d’après les seuils quantitatifs de la productivité exportée (nouveau pour cette itération), de la profondeur du sommet et de la concentration d’oxygène dissous au sommet. Deux critères supplémentaires, la province biogéographique et la distance au mont sous-marin le plus proche, ne varient pas dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique et ne permettent donc pas de différencier les monts sous-marins.
- Les communautés de coraux et d’éponges d’eau froide et d’autres espèces benthiques varient selon les classes de monts sous-marins et les zones de profondeur, confirmant la pertinence biologique des classifications. Les monts sous-marins dont les sommets sont peu profonds couvrent plusieurs zones de profondeur et abritent une de nombreuses espèces. Les communautés benthiques présentes sur le mont sous-marin SK̲-B, le moins profond de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, sont uniques et ne sont pas représentées ailleurs dans la biorégion (p. ex., communautés infratidales en eaux peu profondes).
- Le système de classification des monts sous-marins est pertinent à l’échelle régionale, car les seuils de ses critères correspondent aux concentrations d’oxygène et aux limites de profondeur observées dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique. En outre, ce système peut être appliqué aux monts sous-marins non découverts de la biorégion ou à ceux qui se trouvent en dehors des eaux canadiennes.
- La représentativité des classes de monts sous-marins dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique a été évaluée. Cinq des monts sous-marins sont rares ou uniques (on ne les trouve qu’à quelques endroits ou ils sont les seuls de leur genre); il s’agit des monts sous-marins Dellwood, Hodgkins, Explorer, Union et SK̲-B.
- Les zones de conservation de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique couvrent au moins un mont sous-marin représentatif de chaque classe. Des monts sous-marins de six des sept classes se trouvent dans le site d’intérêt et le seul mont sous-marin de la classe H5, soit le SK̲-B, se trouve dans la ZPM SK̲-B.
- Il est recommandé d’utiliser les méthodes présentées ici pour mettre à jour ou réévaluer les classifications des monts sous-marins (classes et zones) au fur et à mesure que de nouvelles données deviennent disponibles (p. ex., meilleures données sur la bathymétrie, la morphologie des monts sous-marins et le substrat, et données pélagiques).
- Les applications futures de la classification pourraient prendre en compte de nouveaux paramètres non liés à la profondeur. Par exemple, des différences relatives à la morphologie des sommets peuvent avoir une incidence sur les courants locaux, qui à leur tour peuvent avoir des effets sur la structure des communautés de coraux et d’éponges d’eau froide.
- Les monts sous-marins assurent des fonctions écosystémiques qui renforcent la productivité, la diversité biologique, la résilience et la connectivité à l’échelle régionale. En général, on pense que les monts sous-marins moins profonds fournissent davantage de fonctions écosystémiques que les monts sous-marins plus profonds.
- Tous les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique devraient connaître des changements, maintenant ou dans un avenir rapproché, en raison des activités humaines et de l’évolution des conditions océaniques. Les monts sous-marins moins profonds, comme les monts sous-marins SK̲-B et Union, devraient en subir davantage.
- La quantité de données de référence existantes permettant de détecter les changements varie selon les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique. En général, on connaît mieux les monts sous-marins peu profonds et ceux qui sont plus près de la côte.
- Les renseignements sur les changements environnementaux prévus et les données écologiques existantes pour les 62 monts sous-marins sont présentés dans un seul résumé du « dossier », illustrant le degré de vraisemblance associé à la détection des changements si le mont sous-marin est surveillé à l’avenir. Des monts sous-marins représentatifs présentant un haut degré de vraisemblance (c.-à-d., des sites de référence) ont été cernés pour chaque classe de monts sous-marins et chaque zone de conservation.
- Pour soutenir l’étape de définition de la portée du Cadre d’évaluation du risque écologique (CERE), on a dressé un inventaire des espèces dont la présence est connue sur les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique et on a indiqué les composantes importantes de l’écosystème possibles. Depuis la dernière évaluation en 2015, le nombre de taxons connus sur les monts sous-marins de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique a quadruplé. L’augmentation de l’échantillonnage et de l’examen des spécimens de référence permettra probablement d’identifier davantage d’espèces.
- Il n’y a aucune preuve d’endémisme (c.-à-d. d’espèces uniques à un seul mont sous-marin).
- L’éloignement, l’étendue et la diversité des milieux de la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique rendent difficile la collecte de données exhaustives ou représentatives. Les analyses présentées ici sont limitées à des renseignements distincts ou statiques (« instantanés »), mais la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique est un système dynamique qui affiche une variabilité spatiale et temporelle à plusieurs échelles.
- On recommande que ces renseignements conviennent à une série d’applications possibles, telles que le Cadre d’évaluation du risque écologique et l’élaboration d’un plan de gestion de la ZPM, d’objectifs de conservation, d’un cadre et d’un plan de surveillance, ainsi que la conception de futurs relevés et le développement de la recherche.
Le présent avis scientifique découle de l’examen par les pairs régional(e) du 25 au 26 novembre 2020 sur la détermination de zones importantes situées sur des monts sous-marins dans la biorégion de la zone extracôtière du Pacifique, au Canada. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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