Avis scientifique 2021/049
Évaluation de la crevette nordique (Pandalus borealis) dans les zones de pêche de la crevette 4 à 6 et de la crevette ésope (Pandalus montagui) dans la zone de pêche à la crevette 4 en 2020
Summary
- L’état des ressources de crevette nordique dans les ZPC 5 et 6 a été évalué à partir des données de relevés plurispécifiques au chalut de Pêches et Océans Canada (MPO) effectués à l’automne (1996 à 2020). L’état des ressources de crevette nordique et de crevette ésope dans la ZPC 4 a été évalué à partir des données de relevés au chalut effectués l’été par la Northern Shrimp Research Foundation (NSRF) et le MPO (2005 à 2020).
- Les données des relevés au chalut des ZPC 4 à 6 ont fourni des renseignements sur la répartition des crevettes, les fréquences de longueur et la biomasse. Les tendances du rendement des pêches ont été déduites à partir des totaux autorisés des captures (TAC), du nombre de prises commerciales jusqu’à présent, des captures par unité d’effort (CPUE) et des habitudes de pêche.
- On sait que Pandalus borealis est largement répartie dans l’Atlantique Nord-Ouest, y compris dans les ZPC 4 à 6, et que ces zones sont reliées par la dispersion des larves, mais on comprend moins bien les taux d’échange des adultes. Il faut tenir compte de ces liens pour interpréter les dynamiques dans les zones d’évaluation et entre elles.
- Il est reconnu que la population de Pandalus montagui s’étend dans la zone d’évaluation Est (ZEE), la zone d’évaluation Ouest (ZEO) et la ZPC 4. Actuellement, on ne connaît pas les taux d’échange (exportations/importations) entre ces zones. Pour comprendre la dynamique des ressources dans son ensemble, il faut donc intégrer les informations provenant de toutes les zones d’évaluation.
- Les températures au fond et les températures à la surface de la mer jouent un rôle important dans le développement des œufs et des larves de crevette, respectivement. Dans les ZPC 4 à 6, ces variables ont affiché des tendances similaires au cours des 40 dernières années, avec une période froide au milieu des années 1980 et dans les années 1990 et une période chaude à la fin des années 1990 et au début des années 2010, mais leurs tendances divergent depuis 2015. Alors que les eaux de fond plus froides ont prévalu entre 2014 et 2017, les températures au fond plus chaudes ont mené à une étendue supérieure à la moyenne de l’habitat thermique du fond (2 à 4 °C) entre 2018 et 2020. En 2020, les températures de la surface de la mer étaient supérieures à la normale pour la première fois depuis 2013.
- Les concentrations de chlorophylle et la biomasse du zooplancton étaient inférieures à la normale au début et au milieu des années 2010, puis sont passées au-dessus de la moyenne à long terme (1999 à 2020) depuis 2016–2017. De plus, la structure des communautés de zooplancton a changé dans la dernière décennie, avec moins de copépodes de grande taille et plus de petits copépodes, bien que l’abondance des copépodes calanoïdes de grande taille et riches en énergie ait augmenté pour dépasser la normale dans certaines régions depuis 2017. En outre, des changements de la saisonnalité du zooplancton (signaux du zooplancton plus faibles au printemps et plus forts en été et à l’automne) peuvent modifier la qualité des aliments et la période où ils sont disponibles pour les niveaux trophiques supérieurs.
- L’état de l’écosystème sur le plateau continental de Terre-Neuve et le nord du Grand Banc (divisions 2J3KL de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest [OPANO]; ZPC 7, ZPC 6 et partie sud de la ZPC 5) indique encore une productivité globale limitée de la communauté de poissons. Même si les niveaux de la biomasse totale demeurent beaucoup plus bas qu’avant l’effondrement au début des années 1990, ils ont affiché un certain rétablissement jusqu’au début des années 2010, où on a observé quelques déclins. La biomasse totale actuelle demeure en deçà de son niveau du début des années 2010, mais avec quelques signaux positifs en 2020. Depuis le milieu des années 2000, cette communauté de poissons est revenue à une structure dominée par les poissons à nageoires, mais on note une légère augmentation de la dominance des mollusques et crustacés depuis 2018.
- L’information disponible pour le plateau du Labrador (division 2H de l’OPANO, partie nord de la ZPC 5) dénote un déclin de la biomasse totale de la communauté de poissons par rapport aux niveaux observés au début des années 2010, mais le relevé de 2020 indique un possible renversement de cette tendance. La structure de la communauté de poissons est également en train de changer, avec une réduction de la prédominance des mollusques et crustacés. Ces observations donnent à penser que cet écosystème pourrait se transformer en une communauté dominée par les poissons à nageoires, comme cela s’est produit dans les divisions 2J3KL de l’OPANO (ZPC 6 et 7 et partie sud de la ZPC 5).
- Les analyses de la consommation ont indiqué que la prédation est un facteur important pour le stock. En 2020, le taux de mortalité par prédation de la crevette dans les divisions 2J3KL de l’OPANO (ZPC 6 et 7 et partie sud de la ZPC 5), qui avait atteint ses niveaux les plus élevés jamais enregistrés en 2018-2019, est retombé à des niveaux comparables à ceux du milieu des années 2000.
- L’accumulation de crevettes jusqu’au milieu des années 2000 a eu lieu durant une période où les conditions environnementales étaient favorables et où la prédation était moins importante. La production nette de crevettes par tête a diminué depuis le milieu des années 2000, mais la tendance a affiché certains signes d’inversion en 2019-2020. La production nette de crevettes par tête devrait se maintenir autour des valeurs actuelles ou s’améliorer légèrement dans les trois prochaines années.
- La prédation, la pression de la pêche et les conditions climatiques chaudes demeurent en corrélation négative avec la production nette subséquente de crevettes par tête dans les divisions 2J3KL de l’OPANO (ZPC 7, ZPC 6 et partie sud de la ZPC 5). La pêche dans les divisions 2GH de l’OPANO (ZPC 4 et partie nord de la ZPC 5) présente également une corrélation négative avec la production nette de crevettes par tête dans les divisions 2J3KL de l’OPANO, ce qui laisse supposer que la productivité de la crevette peut être influencée par la pêche dans les zones en amont.
- Dans les conditions actuelles de l’écosystème (c.-à-d. faible biomasse des crevettes, mais baisse possible de la pression de la prédation), la pêche au taux d’exploitation actuel ne sera probablement pas un facteur dominant pour la crevette dans les divisions 2J3KL de l’OPANO (ZPC 7, ZPC 6 et partie sud de la ZPC 5). La pression de la pêche pourrait maintenant avoir une plus grande influence sur les trajectoires du stock que lorsque ce dernier était important. Selon des analyses semblables sur les impacts relatifs de la prédation et de la pêche pour le plateau du Labrador (division 2H de l’OPANO, partie nord de la ZPC 5), la pêche pourrait être un facteur plus important que la prédation dans cette zone.
- Le TAC a passé de 8 730 t en 2018-2019 à 8 960 t en 2019-2020, puis a été réduit de 8 % à 8 290 t en 2020-2021.
- Les CPUE commerciales annuelles ont diminué de manière considérable de 2015-2016 à 2017-2018 pour atteindre leurs plus bas niveaux en vingt ans et sont demeurées faibles depuis.
- De 1996 à 2020, l’indice de la biomasse exploitable était en moyenne de 370 000 t. Il était de 118 000 t en 2020, en augmentation par rapport à 2019, mais toujours près des niveaux les plus bas de la série chronologique du relevé.
- De 1996 à 2020, l’indice de la biomasse du stock reproducteur (BSR) femelle a atteint 232 000 t en moyenne. En 2020, il était de 74 800 t, en augmentation par rapport à 2019, mais encore parmi les plus bas niveaux de la série chronologique du relevé.
- L’indice du taux d’exploitation a varié entre 5,5 % et 21,5 % de 1997 à 2020-2021 et s’est établi à 5,6 % en 2020-2021. Si le TAC est atteint en 2020-2021, l’indice du taux d’exploitation sera de 10 %.
- L’indice de la biomasse du stock reproducteur femelle se trouve actuellement dans la zone critique selon le Cadre de l’approche de précaution du Plan de gestion intégrée des pêches (PGIP), avec une probabilité de 35 % de se situer dans la zone de prudence.
- Le plan de rétablissement indique que le taux d’exploitation ne devrait pas dépasser 10 % lorsque l’indice de la BSR femelle se trouve dans la zone critique. Si le TAC de 2020-2021 de 8 290 t est maintenu et pris en 2021-2022, l’indice du taux d’exploitation sera de 7 %.
- Le TAC a passé de 25 630 t en 2018-2019 à 22 100 t en 2019-2020, puis a encore été réduit de 35 % à 14 450 t en 2020-2021.
- Les CPUE normalisées des gros navires ont varié sans afficher de tendance à des niveaux relativement élevés pendant plus d’une dizaine d’années avant de chuter sous la moyenne à long terme à partir de 2017-2018. Les taux de capture commerciale peuvent avoir été influencés en partie par la couverture de glace.
- Le nombre de stations échantillonnées par les relevés plurispécifiques du MPO en 2020 a été réduit en raison de plusieurs facteurs. Des simulations rétrospectives des séries chronologiques donnent à penser que les estimations de la biomasse pourraient sous-estimer légèrement l’état des stocks dans la ZPC 5 en 2020.
- De 1996 à 2020, l’indice de la biomasse exploitable était en moyenne de 127 000 t. Il était de 80 400 t en 2020, en augmentation par rapport à 2019, mais toujours près des niveaux les plus bas de la série chronologique du relevé.
- De 1996 à 2020, l’indice de la biomasse du stock reproducteur femelle se situait à 63 000 t en moyenne. Il était de 51 300 t en 2020, une augmentation par rapport à 2019, mais toujours parmi les niveaux les plus bas de la série chronologique du relevé.
- De 1997 à 2020-2021, l’indice du taux d’exploitation a fluctué sans afficher de tendance, avec une valeur médiane de 15 %. Il était de 16,4 % en 2020-2021. Si le TAC est atteint en 2020-2021, l’indice du taux d’exploitation sera de 22,4 %.
- L’indice de la biomasse du stock reproducteur femelle se trouve dans la zone saine selon le Cadre de l’approche de précaution du Plan de gestion intégrée des pêches (PGIP), avec une probabilité de 19 % de se situer dans la zone de prudence. Si le TAC de 14 500 t est maintenu et atteint en 2021-2022, l’indice du taux d’exploitation sera de 18 %.
- Le TAC a été réduit de 15 725 t en 2018-2019 à 10 845 t en 2019-2020 et a de nouveau réduit de 20 %, à 8 658 t, en 2020-2021.
- Les CPUE normalisées des gros navires ont fluctué près de la moyenne à long terme sans afficher de tendance (1989 à 2019-2020).
- De 2005 à 2020, l’indice de la biomasse exploitable était en moyenne de 97 200 t. Il était de 58 900 t en 2020, une augmentation de 9 % par rapport à 2019, mais le troisième niveau le plus bas de la série chronologique du relevé.
- De 2005 à 2020, l’indice de la biomasse du stock reproducteur (BSR) femelle était en moyenne de 60 900 t. Il était de 43 100 t en 2020, une augmentation de 9 % par rapport à 2019, mais encore parmi les niveaux les plus bas de la série chronologique du relevé.
- L’indice du taux d’exploitation a varié entre 7 % et 37,3 % de 2005-2006 à 2019-2020 et s’est établi à 12,8 % en 2020-2021. Si le TAC avait été atteint, l’indice du taux d’exploitation aurait été de 14,7 %.
- En 2020, l’indice de la biomasse du stock reproducteur femelle se trouvait dans la zone de prudence selon le Cadre de l’approche de précaution du PGIP, avec une probabilité de 6 % de se situer dans la zone critique et une probabilité de 36 % d’être dans la zone saine.
- La limite des prises accessoires de 4 033 t n’a pas été atteinte au cours des huit dernières années, les prises commerciales se situant entre 1 113 t et 3 035 t.
- De 2005 à 2020, l’indice de la biomasse exploitable était en moyenne de 28 800 t. Il s’établissait à 25 500 t en 2020, une diminution de 35 % par rapport à 2019.
- De 2005 à 2020, l’indice de la biomasse du stock femelle se situait en moyenne à 22 100 t. Il était de 18 700 t en 2020, en baisse de 43 % par rapport à 2019.
- L’indice du taux d’exploitation était de 9,7 % en 2020-2021. Si la limite des prises accessoires avait été atteinte, l’indice du taux d’exploitation aurait été de 15,8 % en 2020-2021.
- Aucun point de référence limite (PRL) n’a été établi pour cette ressource durant la réunion. Il n’existe donc pas de Cadre de l’approche de précaution du plan de gestion intégrée des pêches (PGIP) pour cette ressource.
Points relatifs à l’environnement
Points relatifs à l’écosystème
Crevette nordique (Pandalus borealis) dans la ZPC 6
Crevette nordique (Pandalus borealis) dans la ZPC 5
Crevette nordique (Pandalus borealis) dans la ZPC 4
Crevette ésope (Pandalus montagui) dans la ZPC 4
Le présent avis scientifique découle de la réunion sur les avis scientifiques zonal sur l’évaluation de la crevette nordique dans les ZPC 4 à 6, et dans les zones d’évaluation est et ouest, et de la crevette ésope dans la ZPC 4 et dans les zones d’évaluation est et ouest, qui a eu lieu du 22 au 26 février 2021. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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