Avis scientifique 2021/050
Évaluation du potentiel de rétablissement du requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus)
Sommaire
- L’unité désignable (UD) de l’Atlantique Nord du requin-taupe bleu est définie comme la population qui se trouve dans tout l’hémisphère Nord de l’océan Atlantique. Elle a été évaluée pour la première fois comme étant en voie de disparition par le COSEPAC en 2019.
- La présente évaluation du potentiel de rétablissement contient de l’information pour soutenir la prise de décisions, pour élaborer une stratégie de rétablissement ou pour quantifier l’impact d’une décision d’inscription à la Loi sur les espèces en péril (LEP).
- Le requin-taupe bleu a une vaste aire de répartition dans l’ensemble des eaux canadiennes, englobant des zones allant de la baie de Fundy au golfe du Saint-Laurent, en passant par les Grands Bancs, le bonnet Flamand et la côte Est de Terre-Neuve. Les requins marqués passaient la majeure partie de leur temps dans des eaux de 10 à 25 °C, demeurant principalement dans les 600 m supérieurs de la colonne d’eau.
- Le requin-taupe bleu est vulnérable aux pressions des pêches, en raison de l’âge tardif de sa maturité et de son taux de reproduction relativement faible.
- La mise à jour de 2019 de l’évaluation de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) prévoyait un repli d’environ 54 % de l’abondance relative des années 1950 jusqu’en 2018, la majorité du repli étant observé à partir des années 1980 (environ 39 ans; moins de deux générations).
- La mortalité attribuable à diverses pêches dirigées et aux prises accessoires était la seule menace pesant sur le requin-taupe bleu dans l’ensemble de l’UD de l’Atlantique Nord, selon le COSEPAC. Depuis 1994, le total des prises internationales de requin-taupe bleu se chiffre en moyenne à 3 685 tonnes métriques (tm) dans l’Atlantique Nord, une moyenne de 67 tm provenant du Canada.
- Au Canada, il n’y a jamais eu de pêche dirigée de requin-taupe bleu. De 2014 à 2019, la majorité des débarquements de requin-taupe bleu par les pêches canadiennes (plus de 99 %) provenait de pêches à la palangre benthique et pélagique dans la région des Maritimes.
- Les types d’engins associés aux prises accessoires de requin-taupe bleu comprennent la palangre pélagique ou ligne flottante, la palangre de fond, le chalut à panneaux et, dans une moindre mesure, la senne coulissante, le filet maillant fixe, les palangres ligne dormante et les lignes à traîner. Les probabilités relatives d’interception étaient particulièrement élevées pour la flottille de palangriers, une proportion moyenne de 48 % des mouillages observés ayant pris du requin-taupe bleu.
- Bien que le risque associé aux pêches individuelles au Canada soit faible, la mortalité est cumulative et chaque pêche contribue au déclin de la population pour l’UD de l’Atlantique Nord.
- Une estimation de l’abondance ou une évaluation des pêches dans les eaux canadiennes n’apporte pas d’information utile, puisqu’elle ne tiendrait compte que d’une très petite composante de l’UD au complet.
- Les évaluations de la CICTA s’appuient sur la biomasse au rendement maximum soutenu (Brms) ou une approximation de la Brms (p. ex. la fécondité du stock reproducteur au rms [FSRrms]) pour évaluer l’état de surpêche, qui est proposé comme cible d’abondance pour le requin-taupe bleu.
- Il n’y a pas d’objectif de répartition proposé dans la présente EPR. Les données disponibles ne permettent pas de faire des prédictions quantitatives sur la répartition ou les fluctuations de la répartition du requin-taupe bleu dans l’UD de l’Atlantique Nord.
- Les prélèvements totaux (débarquements + rejets de requins morts + mortalité après la remise à l’eau) de 500 tm ou moins avaient une probabilité de 52 % de reconstituer le stock de l’Atlantique Nord à une FSRrms d’ici 2070.
- Les interdictions de débarquements devraient être la mesure d’atténuation la plus efficace pour réduire la mortalité par les pêches, et elles ont été mises en place pour les pêches canadiennes dès 2020.
- L’efficacité des autres types de mesures d’atténuation des captures accessoires (modification des engins ou des appâts, fermetures spatiotemporelles, restrictions des efforts et outils dissuasifs anti-requins) n’est pas claire et devrait être évaluée après la mise en œuvre.
- Les pratiques actuelles consistant à utiliser des guideaux à monofilament et des hameçons corrodables et à remettre à l’eau les requins en coupant la ligne le plus près possible de l’hameçon devraient être maintenues.
- La couverture par les observateurs en mer est très faible ou inexistante pour certaines pêches, ce qui entraîne une plus grande incertitude en ce qui concerne les taux de prise, les rejets et la situation du requin-taupe bleu, en particulier lorsque l’on met à l’échelle l’information limitée pour l’ensemble des pêches. Il continue d’y avoir des prises accessoires non déclarées dans bien des pêches, tant en eaux canadiennes qu’internationales.
- Même si les prélèvements des pêches canadiennes tombaient à zéro, le total des prélèvements internationaux demeurerait bien au-dessus de 500 tm compte tenu de la gestion actuelle, ce qui représente une limite persistante au rétablissement.
- Malgré la marge pour les dommages admissibles, des efforts devraient être déployés pour protéger les prélèvements futurs de toutes les menaces survenant au Canada au-dessous d’environ 59 tm jusqu’à ce qu’un seuil canadien pour les dommages admissibles puisse être établi.
Le présent avis scientifique découle de la réunion sur les avis scientifiques zonale du 17 au 19 novembre 2020 sur l’évaluation du potentiel de rétablissement pour le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) – population de l’Atlantique. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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