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Réponse des Sciences 2011/004

Populations de saumon sauvage à proximité d’un projet de pisciculture proposé dans l’anse Little Musquash, au Nouveau-Brunswick

Contexte

Le 6 décembre 2010, la Division de la protection de l’habitat et du développement durable (DPHDD) de la région des Maritimes du ministère des Pêches et des Océans (MPO) a demandé au Secteur des sciences de la région des Maritimes de formuler des conseils sur les populations de saumon sauvage à proximité d’un site piscicole proposé dans l’anse Little Musquash, au Nouveau-Brunswick, ainsi que sur la probabilité que le projet proposé ait des répercussions négatives sur les populations de saumon sauvage et leur habitat. La demande de conseils vise à appuyer l’examen de la DPHDD sur une évaluation environnementale menée pour un projet de pisciculture proposé en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. En particulier, la DPHDD du MPO demande à savoir ce qui suit.

  1. Quelles populations de saumon sauvage (et quels stades de leur cycle de vie) vivent à proximité du site piscicole proposé dans l’anse Little Musquash, au Nouveau-Brunswick?
  2. Comment les stades du cycle de vie des populations de saumon sauvage tirent-ils profit de l’habitat à proximité du site piscicole proposé?
  3. Quelle est la probabilité de répercussions sur la capacité de survie et de rétablissement des populations de saumon sauvage qui se trouvent à proximité du site piscicole proposé?
  4. Comment les mesures d’atténuation arrivent-elles à réduire toute répercussion sur les populations de saumon sauvage qui se trouvent à proximité du site piscicole proposé?
  5. Dans quelle mesure les répercussions sur les populations de saumon sauvage qui se trouvent à proximité du site piscicole proposé se comparent-elles aux répercussions d’autres sources anthropiques?

Le processus spécial de réponse des Sciences (PSRS) reposait sur des sources de données existantes de la région de l’anse Little Musquash, dont la résolution et l’échelle sont limitées par rapport à l’emplacement et à la taille du site piscicole proposé. Un PSRS a été utilisé en raison de l’échéance serrée pour la transmission des conseils, fixée au 15 janvier 2011.

Le PSRS a formulé les conclusions suivantes.

  1. Le développement de la salmoniculture au site proposé a la capacité d’induire des répercussions sur les populations de saumon de trois unités désignables (UD) : 1) l’arrière‑baie de Fundy, 2) l’avant-baie de Fundy et 3) les hautes terres du sud. L’UD de l’arrière‑baie de Fundy a été désigné « en voie de disparition » en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En ce qui concerne les UD de l’avant-baie de Fundy et des hautes terres du sud, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a recommandé la désignation « en voie de disparition ». C’est un fait connu que les UD de l’arrière‑baie de Fundy et de l’avant-baie de Fundy sont présentes à proximité du site proposé. Dans le cas des saumons de l’UD des hautes terres du sud, il est probable qu’ils soient parfois présents près du site (certaines populations vivent directement de l’autre côté de la baie de Fundy, en Nouvelle‑Écosse), mais les effets sur ces saumons pourraient survenir par l’intermédiaire des interactions avec les saumons évadés.
  2. La zone générale située autour du site proposé dans l’anse Little Musquash est considérée en tant que corridor de migration et zone d’alimentation de saumons qui intervient en faveur de leur croissance, de leur maturation et de leur reconditionnement après la fraie.
  3. La synthèse des données disponibles indique qu’au début de la phase en milieu marin, les postsmolts de l’arrière-baie de Fundy ont tendance à migrer en longeant le côté néo‑brunswickois de la baie de Fundy, du moins de quatre à six milles marins du site, et peuvent circuler dans l’arrière-baie de Fundy.
  4. Historiquement, les saumons adultes étaient capturés dans la zone tout juste au large du site proposé de l’anse Little Musquash pendant des périodes prolongées à la fin du printemps. Selon les retours d’étiquettes de saumons de la rivière Saint-Jean, les adultes qui remontent la rivière pour se reproduire se trouvent dans la baie de Fundy au moins de mai à novembre. On a aussi décelé leur présence près de la ligne de côte, et on sait qu’ils entrent dans les estuaires et en sortent pendant cette période. On s’attendrait à ce que les saumons qui remontent, à tout le moins ceux de l’arrière‑baie de Fundy et de l’avant‑baie de Fundy, passent près du site piscicole proposé, et peut-être plus d’une fois.
  5. Les activités salmonicoles peuvent avoir des répercussions sur les populations sauvages : par la transmission de parasites, d’agents pathogènes et de maladies qui affligent les saumons d’élevage, par l’augmentation possible du nombre de prédateurs attirés par les cages et par une gamme de voies additionnelles qui découlent des saumons d’élevage qui s’évadent. Les évadés peuvent retourner en eau douce, arriver à maturité et se reproduire avec des congénères sauvages. Les hybrides qui découlent de cette reproduction peuvent réduire la valeur sélective des populations sauvages en augmentant le risque de dépression de consanguinité. Les saumons des trois UD sont moins nombreux maintenant en comparaison aux niveaux antérieurs et sont hautement vulnérables à un stress et à une mortalité accrus.
  6. Quelques mesures d’atténuation ont été cernées pour réduire les répercussions des activités aquacoles sur les populations de saumon sauvage, bien que la probabilité que ces risques soient réduits si ces mesures étaient mises en place soit inconnue.
  7. La gravité relative des répercussions potentielles du site piscicole proposé en comparaison à d’autres sources anthropiques ne peut être déterminée. Cependant, ces impacts ont la capacité de réduire l’efficacité des mesures visant à améliorer la viabilité des populations et à prévenir leur disparition. Toutes les pêches commerciales et récréatives ont été fermées dans l’avant-baie de Fundy, l’arrière-baie de Fundy et les hautes terres du sud. L’établissement de banques de gènes vivants sert actuellement à conserver la diversité génétique du saumon de l’arrière-baie de Fundy. On a entrepris des activités de chaulage dans l’UD des hautes terres du sud. Des améliorations au passage des poissons ont été entreprises dans les trois régions. De plus, les activités qui pourraient compromettre la survie des saumons dans ces régions doivent être évaluées dans le contexte des activités qui ont été mises en branle pour assurer leur capacité de survivre.

Ce rapport de réponse des Sciences découle de la réunion du processus spécial de réponse des Sciences (PSRS) de décembre 2010 sur les Répercussions possibles d'un projet d'implantation d'une installation d'aquaculture de poisson sur les populations de saumon sauvage aux alentours du site visé, dans la baie de Little Musquash, au Nouveau-Brunswick, du Secrétariat canadien de consultation scientifique de Pêches et Océans Canada.

Avis d’accessibilité

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