Réponse des Sciences 2011/006
Délimitation de zones de pêche à la mactre de l’atlantique au large de Grosse-Île (Îles-de-la-Madeleine, Québec) dans le but d’éviter les impacts sur l’habitat du homard
Contexte
L’économie des Îles-de-la-Madeleine repose sur la pêche commerciale et plus particulièrement sur les espèces côtières. Avec la diminution de l’accessibilité à plusieurs stocks hauturiers (poissons pélagiques, poissons de fond, crabe des neiges), le territoire côtier entourant l’archipel est de plus en plus sollicité, augmentant les probabilités de conflits entre les différents usagers. En effet, des conflits particulièrement aigus sont survenus en 2009 dans le secteur de Grosse-Ile entre les pêcheurs de mactre de l’Atlantique et ceux de homard. En 2009, les pêcheurs de mactre de l’Atlantique, qui depuis plusieurs années concentraient leur activité du côté sud-est des Îles, ont commencé à explorer de nouveaux secteurs entre la Pointe-de-l’Est et Grosse-Île. L’arrivée de ces nouveaux pêcheurs utilisant un engin mobile au voisinage de fonds traditionnels de pêche au homard a irrité les pêcheurs de homard qui ont demandé à ce que cesse cette activité. La préoccupation de ces derniers était que le passage répétitif de dragues pouvait endommager les habitats du homard et potentiellement réduire la productivité du homard. La Gestion des pêches est sensible à cette préoccupation et en ce sens, elle voudrait mettre en place des mesures qui encadreraient la pêche à la mactre, et plus généralement la pêche avec des engins mobiles. La Gestion des pêches du bureau de secteur de Pêches et Océans Canada des Îles-de-la-Madeleine (Québec) a donc demandé à la direction des Sciences d’identifier et de localiser précisément les fonds constituant des habitats pour le homard et pour la mactre et de délimiter des zones où la pêche à la mactre atlantique à l’aide d’une drague hydraulique serait acceptable.
Afin de répondre à cette question, les résultats d’un relevé multifaisceaux réalisé à l’été 2010 par le Service Hydrographique du Canada (SHC) dans le secteur de Grosse-Îles où le conflit est apparu entre les deux groupes de pêcheurs ont été utilisés. Il a été décidé de recourir au PSRS parce que la Gestion des pêches désirait obtenir l’avis avant le début de la saison de pêche à la mactre de l’Atlantique en 2011.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- Les deux pêches qui font l’objet du conflit, homard et celle de la mactre de l’Atlantique, ne se font pas aux mêmes endroits. La pêche au homard est pratiquée sur des fonds rocheux alors que la pêche à la mactre se fait essentiellement sur des substrats meubles.
- Bien qu’il y ait un chevauchement dans la distribution bathymétrique des deux espèces, la pêche à la mactre se fait à des profondeurs généralement moins grandes que celle du homard.
- Le conflit qui existe entre les deux groupes de pêcheurs est en grande partie dû à la juxtaposition serrée des habitats des deux espèces. L’exploitation d’un gisement de mactre situé très près d’un récif rocheux pose un problème car il devient possible qu’au cours des opérations de pêche, certains traits de drague empiètent sur les substrats rocheux. Cet empiètement peut causer des dommages à l’habitat, d’autant plus s’il s’agit de grès, une roche friable qui est retrouvée fréquemment dans ces secteurs. Ce type de roche peut facilement se briser au contact d’un engin massif comme une drague.
- La restriction de la pêche à la mactre dans des zones définies permettra de bien circonscrire l’activité et éviter tout chevauchement ou empiètement sur les fonds durs. Le passage des dragues serait ainsi strictement limité aux substrats essentiellement meubles et se ferait à l’écart des habitats rocheux. Avec un tel encadrement, la pêche à la mactre de l’Atlantique ne devrait pas être de nature à causer des conflits.
Ce rapport de réponse des Sciences découle de la réunion du processus spécial de réponse des Sciences (PSRS) du 1 juin 2011 sur la Délimitation de zones de pêches à la mactre de l'atlantique au large de Grosse-Île (Îles-de-la-Madeleine, Québec) dans le but d'éviter les impacts sur l'habitat du homard, du Secrétariat canadien de consultation scientifique de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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