Réponse des Sciences 2011/009
Réfection des embarcadères de Tadoussac et Baie Ste-Catherine, Québec – Effets sur les mammifères marins
Contexte
Les navires actuels de la traverse entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine, opérant depuis 1980, ont atteint la fin de leur vie utile. En 2013, la Société des traversiers du Québec (STQ) remplacera donc ces traversiers par deux nouveaux navires d’une capacité supérieure. Bien qu’ayant un gabarit légèrement plus élevé, les nouveaux traversiers seraient en mesure d’opérer avec les infrastructures existantes. Toutefois, ils seraient affectés par des contraintes opérationnelles, dont l’incapacité d’assurer le service en période de haute marée. Par conséquent, afin de permettre une utilisation optimale des nouveaux traversiers, la STQ désire élargir une des deux rampes d’accès à chacun des embarcadères.
Le projet de réfection des embarcadères de Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine n’est pas assujetti à la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (LCÉE) et ne nécessite pas non plus d’autorisation en vertu du paragraphe 35(2) de la Loi sur les pêches (LP). Toutefois, l’augmentation du bruit subaquatique causée par les activités de forage et de sciage pourrait déranger ou blesser les mammifères marins présents à l’embouchure du Saguenay, plus particulièrement le béluga du Saint-Laurent.
Afin de s’assurer que le projet ne causera pas d’impacts importants aux mammifères marins, la Division de la gestion de l’habitat du poisson (DGHP) a sollicité, le 5 août 2011, la collaboration des scientifiques de la Direction régionale des sciences qui détiennent une expertise sur les mammifères marins de l'estuaire du Saint-Laurent, afin d'obtenir leur avis sur les impacts potentiels du projet sur les cétacés, et en particulier le béluga du Saint-Laurent, espèce en péril.
Considérant le cours délai (avis requis le 26 août 2011 afin de ne pas entraver le début des travaux), un Processus Spécial de Réponse de la Direction des Sciences (PSRS) a été entamé afin de fournir un avis scientifique sur cinq questions spécifiques liées à la réalisation de ce projet et à ses effets potentiels sur les cétacés :
- Est-ce que les estimations des niveaux de bruit générés par les travaux et des distances de propagation fournies par le consultant sont réalistes? Est-ce que les estimations fournies par le consultant concernant les réductions de bruit par la mise en œuvre des mesures d’atténuation (confinement et rideau de bulles) sont valides et réalistes?
- Est-il juste de considérer que les impacts du bruit généré par les travaux seront atténués par le fait que l’embouchure du Saguenay est un milieu bruyant à cause de l’important trafic maritime qu’on y retrouve?
- Est-ce que le projet tel que proposé permettra d’éviter tout dommage physique au béluga? Sinon, quelles mesures d’atténuation additionnelles permettraient d’éviter les risques de dommages physiques? Qu’en est-il si les travaux ne se réalisent pas en milieu confiné?
- Est-ce que le projet tel que proposé est susceptible de causer un dérangement du béluga? Le cas échéant, quelles mesures d’atténuation additionnelles permettraient de rendre ce dérangement acceptable? Qu’en est-il si les travaux ne se réalisent pas en milieu confiné?
- Advenant le cas où le projet risque de causer un dérangement du béluga malgré la mise en place de mesures d’atténuation additionnelles, le dérangement anticipé est-il susceptible de compromettre le rétablissement de l’espèce?
Ce rapport de réponse des Sciences découle de l’analyse réalisée entre le 15 et 18 août 2011 dans le cadre du PSRS sur l’examen des effets potentiels sur les mammifères marins du projet de réfection des embarcadères de Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine. Trois experts de l'acoustique sous-marine et du comportement des mammifères marins et y ont participé. Une description des principaux aspects du projet, des échéanciers et de mesures d'atténuation proposés leur ont été soumis pour examen afin de formuler le présent avis.
Le projet de réfection des embarcadères de Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine aura lieu au cœur de l’habitat du béluga du Saint-Laurent et du Parc Marin du Saguenay-Saint-Laurent. Les bélugas y sont présents 50 % du temps, au moins de mai à septembre, pour s’y alimenter ou transiter vers d’autres zones de fréquentation régulière. Les petits rorquals y sont assidus et d’autres mammifères marins y sont occasionnels. Les bruits de construction associés au projet seront une contribution additionnelle au niveau élevé de bruit provenant des traversiers et de la flottille d’écotourisme d’observation des baleines pendant la durée des travaux, estimée à 20 mois. Aucun bruit fort de nature pulsé (par ex. battage de pieux ou palplanches) n’est prévu au projet, mais des bruits non-pulsés de forage et d’autres opérations seront fréquents. Les niveaux et les fréquences de ces bruits les rendent détectables par les mammifères marins et poissons présents dans la région. Bien que le risque qu’ils engendrent des dommages physiques aux tissus internes des animaux soit faible, ces bruits présentent un risque pour la santé et le rétablissement des bélugas du Saint-Laurent, une espèce menacée selon la Loi sur les espèces en péril (LEP). Les méthodes préconisées pour les travaux, les mesures d'atténuation des effets proposées par le promoteur et celles additionnelles proposées ici devraient permettre de minimiser les effets de ces travaux sur le béluga et les autres mammifères marins fréquentant l'embouchure du Saguenay.
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